Etats-Unis : Ford suspend des travaux de construction d'une usine de batteries

Par latribune.fr  |   |  527  mots
Ford avait promis de consacrer 3,5 milliards de dollars au projet, mis en place en partenariat avec l'un des fleurons chinois des batteries électriques, Contemporary Amperex Technology (CATL). (Crédits : Wolfgang Rattay)
Ford suspend ses travaux de construction d'une usine de batteries dans le Michigan, du fait d'interrogations sur la rentabilité du site une fois opérationnel. Une décision sans lien avec la grève en cours au sein du constructeur.

Ford se pose de nombreuses questions sur la rentabilité de l'usine de batteries qu'elle envisage de construire dans le Michigan, à Marshall. Le constructeur américain préfère temporiser avant de prendre une décision définitive. C'est un revers certain pour l'Etat du Michigan et les autorités locales, qui ont alloué au projet des centaines de millions de dollars de budget pour des travaux d'aménagement et d'accès au site, mais aussi des abattements fiscaux colossaux. Au total, les incitations atteignent plus d'un milliard de dollars.

Lire aussiBatteries électriques : le gouvernement américain prête 9 milliards de dollars à Ford pour financer la construction de trois usines

« Nous suspendons les travaux et limitons les dépenses liées au projet Marshall jusqu'à ce que nous soyons confiants en notre capacité à opérer l'usine de façon compétitive », a ainsi déclaré le groupe de Dearborn (Michigan) dans une déclaration transmise à l'AFP par un porte-parole. « Nous n'avons pas arrêté notre décision finale quant à cet investissement ».

Pas de lien avec la grève en cours

Interrogé par l'AFP, le porte-parole a assuré qu'il n'y avait pas de lien entre cette décision et la grève actuellement en cours au sein du constructeur, faute d'un accord avec le syndicat automobile UAW (United Auto Workers) sur une nouvelle convention collective. Présenté mi-février, le projet, appelé BlueOval Battery Park Michigan doit théoriquement être opérationnel en 2026. Au total, 2.500 personnes devraient y travailler pour fabriquer des batteries à base de lithium, fer et phosphate (LFP), différentes des batteries utilisées actuellement par le groupe à base de nickel, cobalt et manganèse (NCM).

« Les batteries LFP sont exceptionnellement durables et utilisent moins de matériaux à forte demande et à coût élevé », justifiait Ford dans un communiqué publié début février.

Ford avait promis de consacrer 3,5 milliards de dollars au projet, mis en place en partenariat avec l'un des fleurons chinois des batteries électriques, Contemporary Amperex Technology (CATL), dont la technologie va être utilisée sous licence. Plusieurs élus républicains se sont opposés à ce partenariat, refusant de voir Ford s'allier à une société chinoise. Pour les mêmes raisons, le gouverneur républicain de Virginie Glenn Youngkin avait indiqué, en janvier, qu'il ne souhaitait pas que son Etat accueille l'usine.

Un prêt colossal

En juin dernier, le gouvernement a accordé un prêt à Ford qui pourra aller jusqu' 9,2 milliards de dollars pour financer une usine de batteries électriques dans le Tennessee et deux autres dans le Kentucky, gérées par BlueOval SK, une co-entreprise de Ford et du groupe sud-coréen SK On. Ces projets devraient permettre de créer 5.000 emplois au moment de leur construction et 7.500 emplois une fois qu'ils seront en production. Les batteries qui y seront fabriquées doivent alimenter les véhicules électriques des marques Ford et Lincoln.

Le constructeur avait annoncé en mars 2022 vouloir consacrer au total 50 milliards de dollars entre 2022 et 2026 à l'électrification de sa gamme de véhicules. Il ambitionne de produire à un rythme de 600.000 véhicules électriques par an d'ici la fin de l'année, et de 2 millions d'ici fin 2026.

(Avec AFP)