L'automobile française creuse un peu plus le déficit commercial

Par Nabil Bourassi  |   |  563  mots
La France est passée du 4eme rang mondial au septième en matières d'exportations d'équipements automobiles, au dixième rang sur les exportations de voitures.
L'industrie automobile française affiche sur les premiers mois de l'année une balance commerciale déficitaire malgré le rebond de la production de l'Hexagone. Pour la première fois, le secteur des équipementiers automobiles bascule dans le rouge, pour l'essentiel à cause du marché du pneu.

Le déficit commercial du secteur automobile français se creuse sur les cinq premiers mois de l'année. D'après les chiffres publiés par Les Echos, et délivrés par les douanes françaises, ce déficit s'est élevé à 4 milliards d'euros. Un an auparavant, il n'était que de 2,5 milliards d'euros.

Si la tendance se confirme sur l'année, le secteur pourrait enregistrer sa dixième année d'exercice déficitaire. En 2015, le déficit avait atteint 7,7 milliards d'euros, loin des 3,8 milliards d'excédent enregistrés en 2006.

Des nouvelles voitures "made in France"

Pourtant, la production automobile française s'est récemment accrue, notamment avec la réaffectation de modèles et le lancement de nouveaux modèles sur les sites français. Les nouveaux Scenic, Espace et Talisman dans l'usine Renault de Douai, l'arrivée de la Micra à Flins, l'arrivée de nouveaux utilitaires dans l'usine SevelNord de PSA près de Valenciennes, idem à Sandouville pour les utilitaires Renault... Au final, la production a augmenté de 5% en 2015 en France, et devrait continuer à augmenter avec la montée en puissance des derniers modèles lancés sur le marché (3008, Scenic...). Ainsi, les exportations ont augmenté de 12,2% à 28 milliards d'euros.

Mais les importations ont atteint, elles, un niveau record à 37,4 milliards d'euros. Pas uniquement à cause des voitures allemandes qui, si elles sont moins nombreuses en volumes, sont beaucoup plus chers en valeur. Il y a aussi toutes les voitures de marques françaises fabriquées à l'étranger. Le rebond des ventes de Dacia a contribué au creusement du déficit. La Sandero s'est même hissée parmi les voitures les plus vendues en France.

Les équipementiers plongent dans le rouge

Ce qui est plus inquiétant encore, c'est que désormais, même les équipementiers automobiles contribuent à la détérioration de la balance commerciale de la France. Ce secteur bascule pour la première fois dans le rouge avec un déficit de 100 millions d'euros sur les cinq premiers mois de l'année. Un an auparavant, ce secteur était excédentaire de 400 millions d'euros. L'érosion de l'excédent commercial des équipementiers automobiles a commencé en 2010, son année record. Il est passé d'un excédent de 3,1 milliards à 700 millions d'euros seulement en 2015.

La note des douanes françaises observe que les équipementiers ont tendance à affecter leur production au plus près de leurs clients. "Les fabricants français privilégient l'implantation de filiales à l'étranger pour être présents sur les marchés dynamiques", peut-on y lire.

La dégradation de la balance commerciale des équipementiers s'explique, "pour l'essentiel", par le marché du pneu qui a enregistré un déficit de 600 millions d'euros en 2015 (600 millions d'excédent en 2005). "Cette progression relève à la fois d'une filialisation croissante des fabricants français et de la concurrence étrangère (Allemagne et Royaume-Uni)", écrivent les douanes françaises.

Des parts de marché en berne

En guise de conclusion, les douanes constatent que la situation de la France s'est également détériorée en matière de parts de marché. Ainsi, l'Hexagone est passé du 4ème rang mondial en 2004 aussi bien dans le domaine des véhicules que des équipements à la 7ème place dans les équipements, voire au 10ème rang concernant les voitures. Elle se fait ainsi largement distancée par l'Allemagne qui a su rester numéro un mondial dans ces deux domaines.