La vente des véhicules neufs à moteur thermique sera bien interdite en Europe dès 2035

Par latribune.fr  |   |  610  mots
La mise en place d'un réseau suffisant de bornes de recharge pour véhicules électriques est une des demandes de l'industrie automobile pour s'adapter à la fin programmée des ventes des véhicules à moteur thermique. (Crédits : Reuters)
Eurodéputés et Etats membres ont trouvé jeudi soir un accord pour enterrer la vente des véhicules neufs à moteur thermique en 2035. L'industrie automobile européenne s'est dite « prête à relever le défi » après cette « décision sans précédent ».

C'est officiel : on ne pourra plus acheter un véhicule neuf à moteur thermique dans un pays membre de l'Union européenne (UE) dès 2035. Le texte approuvé par les  eurodéputés et les Etats membres de l'UE, qui se base sur une proposition de l'exécutif européen en juillet 2021, prévoit de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves en Europe à partir de 2035. Ce qui revient à l'arrêt de facto des ventes de voitures et véhicules utilitaires légers neufs à essence et diesel dans l'UE à cette date, ainsi que des hybrides (essence-électrique), au profit de véhicules 100% électriques. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est réjouie d'une « étape clé » pour les ambitions climatiques de l'UE, qui va « stimuler l'innovation et notre leadership industriel et technologique ».

Décarboner dès 2023 les flotte des grandes entreprises

Il s'agit du premier accord sur un texte du paquet climat européen (« Fit for 55 ») destiné à réduire d'au moins 55% d'ici 2030 par rapport à 1990 les émissions de gaz à effet de serre de l'UE. Il entérine l'objectif de réduction des émissions de CO2 pour 2030 de -55% pour les nouvelles voitures et -50% pour les nouvelles camionnettes, par rapport à 2021. Une dérogation est accordée aux constructeurs « de niche » ou ceux produisant moins de 10.000 véhicules par an, leur permettant d'être équipés d'un moteur thermique jusqu'à fin 2035. Cette clause, dite parfois « amendement Ferrari », profitera notamment aux marques de luxe. Ces constructeurs n'auront pas à se conformer à l'objectif intermédiaire de 2030 qui prévoit de réduire les émissions de CO2 de 55 % par rapport à 1990. Une proposition de la Commission est aussi attendue en 2023 pour permettre d'accélérer la décarbonation des flottes des grandes entreprises.

L'industrie automobile réclame des « conditions » pour réussir cette transition

L'industrie automobile européenne s'est dite « prête à relever le défi » après cette « décision sans précédent » tout en réclamant à l'UE la mise en place des « conditions » nécessaires pour remplir cet objectif, notamment le développement d'un réseau suffisant de bornes de recharge pour véhicules électriques. Oliver Zipse, PDG de BMW, recense les besoins : « Une abondance d'énergies renouvelables, un réseau continu d'infrastructures de recharge privées et publiques, et l'accès aux matières premières ». Les constructeurs s'inquiètent notamment de voir « le prix des batteries augmenter pour la première fois en plus d'une décennie » Carlos Tavares, directeur général du groupe Stellantis, s'inquiète du coût de ces véhicules électriques : « Je ne vois pas aujourd'hui la classe moyenne capable d'acheter des voitures électriques à 30.000 euros. »

Les négociateurs se sont mis d'accord pour « lancer un processus vers une proposition législative en 2025 pour créer un Fonds de transition juste » pour la filière automobile, a indiqué l'eurodéputé français Pascal Canfin (Renew Europe), président de la commission Environnement du Parlement européen. La création d'un tel fonds était réclamée par le Parlement, pour « permettre d'assurer l'accompagnement social et la formation des équipementiers qui seront le plus fortement touchés par la transition vers la mobilité zéro-émissions ». Par ailleurs, sous la pression de plusieurs pays dont l'Allemagne, le texte aborde l'éventualité d'un feu vert à l'avenir pour des technologies alternatives comme les carburants synthétiques (e-carburants) ou motorisations hybrides rechargeables si celles-ci permettent d'atteindre l'objectif de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules.

Le Parlement européen et le Conseil (représentant les Etats membres) doivent encore formellement approuver l'accord pour qu'il entre en vigueur.

(Avec AFP)