Stellantis s'inquiète de la « menace » que ferait peser l'arrivée de constructeurs chinois en Italie

Par latribune.fr  |   |  739  mots
« L'introduction d'un nouveau concurrent en Italie, très agressif sur les prix comme peuvent l'être les Chinois, viserait directement le numéro un du marché, c'est-à-dire nous », a fait valoir Carlos Tavares, le patron de Stellantis. (Crédits : REMO CASILLI)
L'arrivée d'un concurrent chinois dans l'industrie automobile en Italie pourrait amener Stellantis à revoir à la baisse le nombre de ses usines dans la péninsule, a prévenu mercredi son directeur général Carlos Tavares. Des propos qui répondent à ceux du ministre italien des Entreprises qui s'est inquiété que « l'Italie soit le seul pays européen à ne compter qu'un seul constructeur automobile ». Le gouvernement a d'ailleurs déjà entrepris de se rapprocher du constructeur chinois BYD.

Carlos Tavares ne veut pas de la concurrence. « Si quelqu'un veut amener des concurrents chinois en Italie, il sera responsable des décisions impopulaires qui devraient être prises le cas échéant » a ainsi prévenu, mercredi, le directeur général de Stellantis, en marge du lancement de la production de boîtes de vitesse électrifiées à double embrayage sur le site de Mirafiori à Turin.

Le dirigeant faisait ainsi référence à la volonté du pouvoir italien d'attirer de nouveaux constructeurs dans le pays. Fin février, le Chinois BYD a, en effet, indiqué avoir été contacté par le gouvernement de Giorgia Meloni, ce dernier cherchant à augmenter la production de voitures. L'objectif est de mettre ainsi fin au monopole de Stellantis. « Nous avons quelques contacts pour en discuter », avait alors déclaré Michael Shu, patron de BYD Europe, en marge du Salon de l'automobile de Genève.

« L'introduction d'un nouveau concurrent en Italie, très agressif sur les prix comme peuvent l'être les Chinois, viserait directement le numéro un du marché, c'est-à-dire nous », a fait valoir Carlos Tavares. « Nous pourrions par exemple essayer d'augmenter la productivité pour réduire les coûts, mais l'arrivée d'un nouveau concurrent entraînerait un éclatement du marché. Cela pourrait nous faire perdre des ventes, et donc des parts de marché, puis la production pourrait chuter et nous pourrions avoir besoin de moins d'usines. »

L'Italie, seul pays européen avec un seul constructeur

Mais, de son côté, le gouvernement italien s'inquiète de « l'énorme écart » entre le nombre de voitures produites en Italie et la quantité de véhicules immatriculés chaque année. « L'Italie est le seul pays européen à ne compter qu'un seul constructeur automobile, contrairement à d'autres pays qui en ont 4, 5, 6 ou 7, comme l'Allemagne, la Pologne, la Slovaquie et aussi la France », a ainsi déploré mercredi le ministre des Entreprises Adolfo Urso. Et d'ajouter que « cette anomalie italienne doit être réparée ».

« Des négociations importantes sur un plan international sont en cours depuis des mois pour faire venir un second constructeur automobile en Italie », avait-il déjà assuré à la mi-février, sans dévoiler les noms des groupes contactés.

« Si nous invitons davantage de constructeurs automobiles chinois à produire en Europe, pensez-vous que cela va aider ? » lui avait répondu Carlos Tavares.

Car de son côté, Stellantis a convenu avec le gouvernement de porter sa production en Italie à un million d'unités en 2030. Un objectif qui pourrait être atteint « très, très rapidement », selon son dirigeant si le groupe arrive à maintenir le rythme atteint en 2023, année durant laquelle il a augmenté sa production en Italie de 9,6% à près de 752.000 véhicules.

En outre, concernant l'avenir de la Fiat Panda, dont la production dans l'usine de Pomigliano d'Arco, près de Naples, est programmée jusqu'en 2027, Carlos Tavares a indiqué, mercredi, que « si les conditions sont réunies, nous pourrions [la] prolonger jusqu'en 2030 ». Une affirmation qui intervient après la polémique déclenchée en décembre par la décision de Stellantis de produire sa future Fiat Panda électrique, suscitant les vives protestations des syndicats italiens, inquiets pour les emplois dans les usines de la péninsule.

Malgré son retrait des Routes de la soie, l'Italie compte renforcer le commerce avec la Chine

Dans le même temps, l'Italie oeuvre au resserrement de ses liens avec la Chine. Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a, en effet, assuré que Pékin et Rome comptaient « renforcer leurs échanges commerciaux » malgré le retrait de cette dernière de l'accord controversé sur les Nouvelles Routes de la soie. Cet accord avec la Chine « n'a pas produit les fruits économiques escomptés » par l'Italie, mais le retrait de Rome « n'était pas un acte d'hostilité à l'égard de la Chine », a souligné le ministre.

« Nos relations avec la Chine sont positives, même si nous sommes concurrents et que nos positions divergent sur certaines questions », a-t-il encore déclaré devant la presse à Vérone. Le ministre s'exprimait à l'issue d'une réunion de la commission économique mixte Italie-Chine à laquelle a assisté le ministre chinois du Commerce Wang Wentao, qui s'est rendu en Italie accompagné d'une délégation d'entrepreneurs de son pays. Un forum économique doit réunir ce vendredi à Vérone des représentants des organisations patronales des deux pays ainsi que des entreprises italiennes et chinoises.

(Avec AFP)