Automobile : après les résultats historiques, Renault et Stellantis s'inquiètent pour 2024

Renault et Stellantis ont affiché tour à tour des résultats historiques en 2023. Pour autant, ils se montrent très prudents pour l'année en cours. En cause : la baisse des ventes actuelle de voitures électriques, les élections européennes ainsi que les risques logistiques.
Renault vise une marge opérationnelle supérieure à 7,5%, soit équivalente à celle réalisée cette année. Stellantis table sur quant à lui sur une marge opérationnelle à deux chiffres pour 2024.
Renault vise une marge opérationnelle supérieure à 7,5%, soit équivalente à celle réalisée cette année. Stellantis table sur quant à lui sur une marge opérationnelle à deux chiffres pour 2024. (Crédits : Yves Herman)

« Turbulence », « incertitude », « crainte ». Après les réjouissances des résultats historiques de Renault et Stellantis, portés par des prix de véhicules élevés et des volumes de ventes bien supérieurs à ceux de 2022, les constructeurs se montrent plus prudents pour 2024.

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Pour preuve :  Renault vise une marge opérationnelle supérieure à 7,5%, soit équivalente à celle réalisée cette année. Quant à Stellantis, le groupe évoque un « monde très volatil » et fait état d'« incertitudes macroéconomiques », même s'il table toujours sur « une marge opérationnelle courante minimum à deux chiffres pour 2024, ainsi qu'un free cash-flow industriel positif. »

Le marché de l'électrique en perte de vitesse

Depuis le début de l'année, les constructeurs européens font face au ralentissement des ventes de voitures électriques, un segment de marché au coeur aujourd'hui de leur stratégie en Europe. Les commandes ont en effet commencé à diminuer en 2023 sur le Vieux-Continent et la tendance ne semble pas s'inverser en ce début d'année.

« Seulement 39% des immatriculations totales de voitures électriques ont été effectuées par des acheteurs privés, soit une baisse de neuf points par rapport à 2022 », a relevé le cabinet Jato Dynamics, insistant sur le fait que « les ventes aux particuliers sont généralement les plus rentables pour les constructeurs automobiles, et qu'il est donc impératif qu'ils fassent plus d'efforts pour attirer ce type de clients ».

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L'arrêt des subventions en Allemagne, les incertitudes autour du bonus en France ou encore les aides à la conversion aussi bien pour les voitures thermiques que les électriques en Italie n'ont pas aidé les automobilistes dans leur choix.

Incertitudes en vue des élections

En outre, les futures élections européennes au mois de juin renforcent un peu plus l'attentisme. Pour autant, Carlos Tavares se veut rassurant quant à l'avenir de cette technologie, présente dans la moitié de son plan produit en 2024.

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« La conscience environnementale est très forte dans le monde entier et particulièrement dans le monde occidental. Nous avons notre plan d'investissements et nous serons prêts pour 2030, quel que soit le résultat des élections. »

Renault et Stellantis espèrent effectuer une percée sur le marché de l'électrique grâce à leur lancement de nouveaux véhicules dans le segment des citadines. Ainsi, la C3 électrique et la R5 électrique sont très attendues pour relancer les commandes sur la deuxième partie de l'année, grâce à des prix autour de 25.000 euros sans le bonus écologique.

Une bataille des prix accrue

Car l'année 2024 sera aussi celle de la réduction des prix. Les constructeurs chinois envahissent de plus en plus le marché européen avec des voitures aux prix agressifs, forçant les constructeurs européens à réagir. En France par exemple, la suppression du bonus écologique sur les véhicules construits en Asie n'a pas eu beaucoup d'impact dans la mesure où les constructeurs asiatiques ont décidé de baisser les prix depuis janvier d'un montant équivalant à celui du bonus depuis janvier.

« Les effets prix resteront positifs, mais pas dans la même mesure que 2023 »a ainsi confirmé Thierry Piéton, le directeur financier de Renault. Le groupe a déjà commencé une réduction des prix de certains de ces modèles depuis janvier, comme la Mégane E-tech.

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Les constructeurs européens pourront compter en revanche sur une diminution du coût des matières premières cette année. Les taux d'intérêt devraient également diminuer, permettant la conservation des marges.

Carlos Tavares a également dit « regretter » l'arrêt du leasing social en France, qui permettait aux classes moyennes d'accéder à une voiture électrique à un prix abordable. Le groupe, qui a enregistré près de 30.000 commandes, soit 70% des 50.000 prévues par l'Etat, se dit « prêt à se remettre dans le dispositif » à tout moment.

Faire attention aux frais de logistique

Autre incertitude pour cette année : les conflits géopolitiques et leurs impacts sur la logistique. Depuis le début de l'année, les attaques des rebelles Houthis se multiplient en Mer Rouge, forçant les constructeurs à utiliser les navires passant par le Cap de Bonne-Espérance en Afrique du sud, rallongeant ainsi les délais et les coûts de logistique.

« L'incertitude sur la date de livraison des véhicules est l'une des critiques remontées par les clients », a confirmé ce jeudi Carlos Tavares. Le groupe Stellantis a ainsi annoncé en décembre être entré en négociations exclusives avec 2L Logistics en vue d'une prise de participation majoritaire au capital du spécialiste de la logistique automobile. Une façon d'« être en contrôle physique de nos produits », a déclaré Carlos Tavares.

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La plateforme automobile (Pfa), qui réunit constructeurs et équipementiers automobiles français, espère que les pouvoirs publics prendront conscience de la fragilité du secteur et demande des zones franches, une diminution des réglementations pour assurer la transition vers la voiture électrique et l'accélération du déploiement des bornes électriques... Plusieurs pistes sont à creuser pour continuer sur la reprise du secteur. Selon la Pfa, « les années 2024 et 2025 seront charnières » pour la transition vers le zéro émission. Pour rappel, selon une récente étude du cabinet Deloitte, « nous sommes désormais sur le scénario le plus bas dans la transition vers l'électrification du parc automobile ».

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Commentaires 6
à écrit le 16/02/2024 à 10:05
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Faut-il rappeler à ces énergumènes des boîtes financiarisées à outrance le principe même de l'entreprise et le risque entrepreneurial? Non mais ça devient de plus en plus hallucinant de voir cette version moderne de l'économie planifiée tomber en Occ...

à écrit le 16/02/2024 à 8:31
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Déjà que les gens se plaignent du kilo de pomme de terre alors 20 balles le kilo de bagnole électrique, 15 celui de la thermique aussi hein, ça passe pas forcément.

à écrit le 16/02/2024 à 7:21
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Vive les subventions sur l'électrique pour gonfler les bénéfices des constructeurs. C'est un principe bien connu, une subvention sur un produit finie toujours dans la poche du vendeur (voir les appart loi Pinel etc..). Mais Macron? Lemaire? ils ne co...

à écrit le 15/02/2024 à 22:57
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Sur que les benef ont augmenté puisque le prix de vente a gonflé et les marges aussi preuve que c est sur le dos du consommateur . Une voiture a 25k€ pour la classe moyenne comme si ça allait de soi…moi c est 15K€ sinon j acheté rien trop cher même ...

à écrit le 15/02/2024 à 22:56
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Sur que les benef ont augmenté puisque le prix de vente a gonflé et les marges aussi preuve que c est sur le dos du consommateur . Une voiture a 25k€ pour la classe moyenne comme si ça allait de soi…moi c est 15K€ sinon j acheté rien trop cher même ...

à écrit le 15/02/2024 à 20:40
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des superpertes!!!!!!!! je vote un impot juste et de perequation dans la redistribution bienveillante sur les agents de la sncf qui prennent les gens en otage car ils sont pour la solidarite! qu'on confisque leurs primes et qu'on les distribue aux ge...

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