Voiture électrique : Tesla casse les prix et risque de provoquer une guerre tarifaire dans l'automobile

Par latribune.fr  |   |  1122  mots
La Tesla Model 3 (Crédits : Tesla)
Pour doper ses ventes, Tesla a procédé à des baisses de prix allant jusqu'à 20% en Europe et aux Etats-Unis sur ses voitures les plus populaires, Model 3 et Model Y, une initiative fraîchement reçue à Wall Street. En France, la Model 3 a baissé de 8.500 euros à 44.990 euros, ce qui rend le véhicule éligible au bonus écologique de 5.000 euros. Une initiative qui a fait chuter l'action de 5% à Wall Street vendredi mais aussi les cours des grands groupes automobiles européens.

Des baisses de prix allant jusqu'à 20% en Europe et aux Etats-Unis sur les Model 3 et Model Y, les voitures les plus populaires de Tesla. C'est le revirement stratégique décidé par le constructeur automobile américain pour donner un coup de fouet à ses ventes menacées par la dégradation de l'économie, la hausse des taux d'intérêt qui rend plus cher l'achat d'une voiture et l'arrivée de multiples concurrents sur le marché des véhicules électriques. Le groupe a déjà baissé ses prix deux fois en Chine au cours des derniers mois et proposé des promotions inhabituelles en Amérique du Nord fin 2022 aux clients acceptant de prendre possession d'une nouvelle voiture avant fin décembre. Cela n'avait pas suffi pour atteindre ses propres objectifs. En 2022, le groupe a livré 1,31 million de véhicules électriques, ce qui représente un record et un bond de 40% sur un an. Mais l'entreprise d'Elon Musk s'est fixé comme but de faire grimper à long terme ses livraisons de 50% par an en moyenne.

« Cela devrait vraiment stimuler les volumes en 2023 (de Tesla) », a déclaré sur Twitter Gary Black, un investisseur de Tesla qui est resté optimiste sur l'entreprise et ses perspectives malgré la récente et forte baisse du cours de l'action vendredi (-5%). « C'est la bonne décision ».

En France, la Model 3 devient éligible au bonus écologique

Il y a de quoi en effet doper les ventes. En France, la Model 3 a baissé de 8.500 euros à 44.990 euros, ce qui rend le véhicule éligible au bonus écologique de 5.000 euros. Aux Etats-Unis, les baisses vont de 6% à 20% sur la Model 3 et la Model Y, selon les calculs effectués par Reuters sur les prix affichés sur son site internet. Ces nouveaux prix ne tiennent pas compte du crédit fédéral de 7.500 dollars accordé depuis le début du mois pour l'achat d'un grand nombre de véhicules électriques. Selon Dan Ives, analyste chez Wedbush tous ces rabais pourraient doper les livraisons de 12% à 15% en 2023.

Cette baisse des prix qui intervient après les déclarations de son directeur général, Elon Musk, qui a averti que la perspective de récession économique et les hausses des taux d'intérêt pourraient amener à des baisses de prix pour favoriser les volumes au détriment de la rentabilité. Elon Musk avait d'ailleurs reconnu l'an dernier que les prix des modèles Tesla étaient devenus « honteusement élevés » et qu'ils pouvaient freiner la demande.

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Guerre des prix

Néanmoins, l'offensive de Tesla menace de provoquer une guerre des prix dans l'industrie automobile, qui peine à se remettre de la crise des puces et amorce tout juste un virage franc vers l'électrification.

« Il s'agit d'un coup de semonce clair à l'intention des constructeurs automobiles européens et des piliers américains (GM et Ford), qui montre que Tesla ne va pas jouer gentiment dans le bac à sable », estime Dan Ives. En Bourse, l'indice du secteur automobile européen reculait de près de 2% vendredi en fin de séance, de loin la plus forte baisse sectorielle d'un marché haussier.

Stabilisation de certains coûts

Dans un message transmis à l'AFP par un porte-parole en Europe, Tesla impute la baisse des prix dans la zone à la stabilisation des prix et à la croissance du groupe.

« Alors que nous sortons d'une année où la chaîne d'approvisionnement a été particulièrement perturbée, nous avons observé une stabilisation de l'inflation de certains coûts, nous donnant suffisamment de confiance pour pouvoir transférer cela à nos clients », y est-il expliqué.

« La production locale de nos véhicules continuant à s'accroître et générant de nouvelles économies d'échelle au niveau mondial, nous rendons aujourd'hui la Model 3 et le Model Y encore plus accessibles en Europe », ajoute Tesla.

(Avec agences)

Hopium, la berline tricolore à hydrogène pourrait réduire la voilure

La startup française Hopium, qui se voyait en « Tesla de l'hydrogène » avec le développement d'une luxueuse berline à hydrogène pour 2025, pourrait tailler dans ses effectifs, a indiqué le constructeur vendredi. La société "analyse sa structure de financement et de coûts, laquelle pourrait conduire à une réduction de la masse salariale après une période de recrutement importante qui a permis d'intensifier les efforts de R&D", a indiqué Hopium dans un communiqué, confirmant des informations des Echos. « Cette réduction dépendra des contours définitifs du plan stratégique qui est en cours d'élaboration », précise la société qui compte une centaine de salariés. Hopium avait nommé fin décembre deux dirigeants expérimentés comme directeur général et directeur général délégué. Le jeune fondateur de la société, le pilote de course Olivier Lombard, avait été nommé directeur général adjoint en charge d'Hopium Machina.

Ce projet de berline sportive propulsée par une pile à combustible devrait être proposé autour del120.000 euros et promet une autonomie de 1.000 kilomètres pour une puissance de 500 chevaux. Elle serait le premier véhicule non utilitaire à hydrogène produit en France. La société étudie désormais « différents scénarios y compris le séquençage et le calendrier de la commercialisation de l'Hopium Machina, et la possibilité de commercialiser ou de licencier dans un premier temps sa pile à combustible », a indiqué sa direction vendredi.

Hopium confirme par ailleurs qu'elle « estime pouvoir faire face à ses besoins de financement estimés jusqu'au 30 juin 2023 » et « continue d'explorer d'autres sources de financement (...) y compris par voie d'appel au marché, et/ou par le biais de partenariats industriels ». La société avait annoncé fin septembre la construction d'une usine en Normandie, près de Vernon, avant de présenter en grande pompe son prototype au Mondial de l'auto de Paris. Elle y avait signé un protocole d'accord avec la filiale spécialisée en crédit à la consommation du Crédit Agricole pour la livraison de 10.000 berlines à terme. L'ex-ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari a également rejoint la structure comme président de son conseil d'administration.

L'action de la startup, lancée fin 2020 à la Bourse de Paris, avait vu sa valeur multipliée par quatre pendant des mois, avant de revenir vendredi près de sa valeur initiale, à 6,43 euros. L'hydrogène utilisé comme carburant présente pour avantage de n'émettre que de la vapeur d'eau, ce qui en fait une piste importante pour remplacer les hydrocarbures, intégrée dans de nombreux plans de relance à travers le monde. Mais experts et industriels sont divisés sur la place de l'hydrogène dans la décarbonation du secteur automobile.

(AFP)