Voitures électriques chinoises : la déferlante s’accentue en Europe, après BYD en Hongrie, Chery va ouvrir une usine en Espagne

Par latribune.fr  |   |  832  mots
Le chinois Chery va s'implanter en Espagne. (photo d'illustration) (Crédits : Tatiana Meel)
Le constructeur automobile chinois Chery va implanter sa première usine européenne en Espagne, sur l'ancien site Nissan de Barcelone, dans le cadre d'une coentreprise avec le groupe espagnol Ebro-EV Motors.

Après BYD en Hongrie, un autre groupe automobile chinois va ouvrir une usine en Europe. Il s'agit de Chery, un groupe créé en 1997, qui a choisi de créer sa première usine européenne en Espagne, sur l'ancien site Nissan de Barcelone. Ceci dans le cadre d'une coentreprise avec le groupe espagnol Ebro-EV Motors, ont annoncé mardi les autorités et les deux entreprises.

« EV-Motors, entreprise automobile spécialisée dans le design, la fabrication et la commercialisation de véhicules et de production en Espagne, a conclu un accord avec le fabricant chinois, leader exportateur d'automobiles Chery pour la fabrication de véhicules grâce à une coentreprise, détenue majoritairement par Ebro », indique un communiqué conjoint des deux groupes.

L'accord permettra la « réindustrialisation de l'usine dans la zone franche de Barcelone, propriété d'EV-Motors, avec la fabrication du premier modèle de la marque Ebro au cours du quatrième trimestre de cette année », promet le groupe dans un communiqué.

Des mois de négociations

Les autorités espagnoles avaient fait état ces derniers jours d'un accord imminent après avoir multiplié les contacts avec Chery. Mais le doute persistait sur la décision du groupe chinois, des médias spécialisés ayant évoqué une possible implantation en Italie.

« Après des mois de négociations, nous mettons un point d'orgue à la réindustrialisation » de l'ancien site de Nissan « avec l'accord entre Ebro et Chery pour la fabrication de milliers de véhicules », s'est réjoui sur le réseau social X Roger Torrent, responsable des entreprises au sein du gouvernement catalan.

L'ancien site Nissan, où travaillaient 3.000 personnes, a fermé en décembre 2021. Une partie de ce vaste complexe industriel a été cédée au fabricant de motos Silence et EV Motors, mais les autorités locales - en lien avec EV Motors - cherchaient depuis un autre investisseur pour relancer pleinement le site.

Pour autant, cela fait près de 15 ans que Chery réfléchit à s'installer en Europe. En 2009, des discussions avaient débuté avec la région de Catalogne pour commencer la construction d'une usine en 2012 et commencer la production en 2015.

Fondée en 1997, Chery est une entreprise publique. La marque, qui dit avoir vendu 1,88 million de véhicules passagers en 2023, était très populaire il y a une quinzaine d'années en Chine, notamment avec une petite citadine essence destinée au marché local. La décision de Chery survient dans un contexte de tensions entre Pékin et Bruxelles, qui a ouvert une enquête début avril sur les subventions publiques accordées par les autorités chinoises aux automobiles électriques, accusées de fausser la concurrence.

BYD va construire une usine en Hongrie

Chery est le deuxième constructeur chinois à annoncer une implantation en Europe, après le champion de la voiture électrique BYD, qui a annoncé en décembre dernier la construction de sa première usine européenne en Hongrie. Cette dernière doit être opérationnelle d'ici trois ans.

« BYD s'apprête à construire sa première usine de voitures particulières à Szeged, en Hongrie, marquant une étape significative vers la mobilité verte en Europe », a déclaré en décembre BYD Europe sur son compte du réseau social X (ex-Twitter).

Avec la nouvelle usine automobile, le groupe « espère accélérer l'entrée des véhicules de tourisme à énergie nouvelle sur le marché européen, approfondir davantage sa présence mondiale et promouvoir activement la transformation verte des infrastructures énergétiques mondiales », a-t-il indiqué. L'usine sera construite par étapes et devrait créer des milliers d'emplois sur place, a déclaré BYD.

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Elle « sera l'un des investissements les plus importants de l'histoire de l'économie hongroise », s'est félicité le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto dans un communiqué, sans donner de chiffre précis.

Le géant automobile chinois a indiqué en février avoir aussi été contacté par le gouvernement de Giorgia Meloni, qui cherche à faire venir en Italie un second constructeur pour augmenter la production de voitures et mettre ainsi fin au monopole de Stellantis.

L'Italie veut attirer des groupes automobiles chinois

L'Italie compte étudier « attentivement » une éventuelle entrée de groupes chinois dans son industrie automobile en tenant compte du risque d'une « concurrence déloyale », a déclaré jeudi 29 février le vice-Premier ministre Antonio Tajani. « Les collaborations doivent être attentivement évaluées, puis nous devons faire attention à la concurrence déloyale », a-t-il expliqué en marge d'une conférence à Rome.

« Nous devons faire attention à ce qu'il y ait toujours une réciprocité dans les relations », a-t-il fait valoir, ajoutant que la décision concernant une éventuelle arrivée d'un groupe chinois en Italie reviendrait au Conseil des ministres. Le ministre des Entreprises Adolfo Urso a par ailleurs annoncé avoir entamé des pourparlers avec trois groupes automobiles chinois, sans donner de noms.