Voitures électriques : les ventes ont-elles atteint un plafond aux Etats-Unis ?

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  868  mots
Le Cybertruck, le pick-up électrique de tesla est prévu pour la fin de l'année (Crédits : DADO RUVIC)
Aux Etats-Unis, deuxième marché automobile mondial, les ventes de voitures électriques patinent. Pour essayer de convaincre, les constructeurs tentent de réduire les coûts de production et le nombre de pièces dans la voiture. En France aussi, les demandes ralentissent.

Malgré de grands plans d'électrification poussés par l'Inflation réduction act (IRA) de Joe Biden, il semblerait que les voitures électriques séduisent moins que prévu. En cause : le nombre d'infrastructure de recharge insuffisant ainsi qu'une autonomie limitée des véhicules dans un pays où les distances sont très élevées et le transport public est insuffisant. L'inflation et les taux d'emprunts élevés ont également repoussé les Américains de l'électrique, plus cher que leur équivalent thermique. Plusieurs constructeurs américains recalibrent leurs véhicules, revoient leurs objectifs, retardent des projets pour vendre leurs stocks.

« Le ralentissement des ventes de véhicules électriques est plus marqué que pour les autres catégories de véhicules et le contexte économique n'est pas la seule explication », commente pour l'AFP Neil Saunders, directeur chez Globaldata.

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La bataille des constructeurs européens sur le marché

Selon une étude du CTA, organisateur du salon de l'électronique (CES) de Las Vegas, 76 % des conducteurs envisageant d'acheter un véhicule électrique le considèrent comme une forme fiable de transport. Mais le coût d'achat reste l'un des points les plus problématiques avec le manque de point de recharge. En effet, la différence entre les véhicules électriques et thermiques aux Etats-Unis est plus élevée qu'en Europe, puisque le litre de pétrole est deux fois moins cher que sur le Vieux Continent.

Pourtant, certains constructeurs ont beaucoup misé sur les Etats-Unis. C'est le cas de Stellantis, où le pays représente le premier marché des ventes. Le constructeur mise sur 50 % de ses ventes en électrique à horizon 2030 dans le deuxième marché automobile du monde, derrière la Chine. Volkswagen a également annoncé un investissement de 2 milliards d'euros en Caroline du Sud pour produire des SUV et pick-up électriques.

Mais dans le pays, le roi de l'électrique reste Elon Musk. Le dirigeant de Tesla a par ailleurs indiqué qu'il « s'inquiète de l'environnement des taux d'intérêts élevés dans lequel nous sommes » en insistant sur la nécessité de réduire le prix des véhicules pour que les mensualités des ménages restent stables. Le groupe, qui a opéré plusieurs baisses ces derniers mois, a vendu plus de 490.000 des quelques 873.000 véhicules électriques neufs écoulés sur les dix premiers mois de l'année, selon le spécialiste Kelley Blue Book. D'ici fin 2023, Elon Musk va lancer son Cybertruck, son nouveau pick-up électrique futuriste, conçu en essayant de réduire au maximum ses coûts de production.

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Diminuer les coûts en simplifiant les véhicules

Pour John Lawler, le directeur financier de Ford, il faut revenir au niveau pré-Covid et pré-inflation de 13 % du budget mensuel des ménages consacrés à l'automobile. Les constructeurs cherchent à réduire le nombre de pièces du véhicule afin de baisser les coûts.

« Nous faisons tout notre possible pour simplifier le véhicule », a confié Elon Musk.

Le géant Américain général Motors a également repoussé d'un an, à fin 2025, la conversion de son usine d'assemblage d'Orion (Michigan). « Nous avons identifié des améliorations techniques que nous allons mettre en oeuvre pour accroître la rentabilité de nos produits », a-t-il précisé.

Dernièrement, Reuters a même évoqué l'idée d'une seule et même pièce pour le châssis d'une future Tesla à 25.000 euros. Pour Emmanuel Rosner, analyste de Deutsche Bank, « les attentes étaient tellement élevées que nous constatons un effondrement. Tout est question de prix et les constructeurs n'ont pas encore trouvé l'équation économique pour faire moins cher », a-t-il dit sur CNBC.

En France aussi, l'électrique à la peine

Le ralentissement de l'électrique s'est aussi observé en France. Ces derniers temps, la demande s'essouffle même si les ventes continuent de progresser, liées aux livraisons tardives des véhicules achetés il y a plusieurs mois.

« Les questions de capacité énergétique, du maillage territorial des bornes de recharge, de l'évolution du coût de l'énergie sont autant d'incertitudes qui freinent l'adoption du véhicule électrique », estime Julien Pillot, enseignant-chercheur et économiste à l'INSEEC.

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En Europe, la France est l'un des pays qui doute le plus sur la technologie électrique dans l'automobile. Selon un récent sondage de l'Observatoire Cetelem, près de 60 % ne pensent pas que la voiture électrique incarnera le progrès technologique qui pourra améliorer le bilan environnemental de l'automobile. Seul l'Autriche est au même niveau de doute, alors que la moyenne européenne est à 40 %.

« Il appartient à nombre de constructeurs de clarifier leur politique industrielle et commerciale, ainsi que leur communication, afin de ne pas subir définitivement une concurrence qui a souvent un temps d'avance sur la question électrique. De même qu'il revient aux pouvoirs publics d'adopter une ligne claire et stable, sans atermoiement, pour faciliter la transition énergétique du monde automobile », conclut l'Observatoire Cetelem.