Les chiffres mensuels de l'Association des constructeurs européens (ACEA) sont tombés ce mercredi matin. Avec un douzième mois de croissance, et des ventes dépassant les 851.000 immatriculations sur le mois de juillet en Europe, tous les voyants sont au vert pour l'industrie automobile. Malgré une hausse fulgurante de 60,6% à 115.971 unités en juillet, les ventes de voitures électriques représentent seulement 13,6% du marché, derrière l'essence (35,8%) et, surtout, derrière le diesel (14,1%).
Les ventes de l'électrique avaient pourtant dépassé celles du diesel en juin, pour la première fois. Ce revirement de situation est-il juste un effet temporaire ou va-t-il durer ?
Le marché de l'électrique, le plus dynamique
En cumulé, les ventes de voitures électriques en Europe ont augmenté de 54,7% entre janvier et juin, à plus de 819.000 unités vendues par rapport à la même période l'année dernière. C'est la meilleure dynamique sur le marché automobile actuellement puisque. L'essence affiche un regain de 14% à 2,3 millions de voitures vendues dans l'UE et le diesel stagne quant à lui à -3% avec 910.000 unités.
Plusieurs raisons expliquent la dynamique actuelle de l'électrique. D'abord, les subventions des Etats européens, prolongées pour la plupart, permettent en partie de combler l'écart de prix entre le thermique et l'électrique. Cette différence se réduit également à mesure de l'augmentation de la production de voitures électriques. Le développement des stations de recharge dans une grande partie des pays d'Europe a également permis l'essor de la motorisation en ce début d'année.
Cependant, ces chiffres sont à mettre en regard des différents marchés que compose l'Union européenne. En effet, si tous les pays européens ont vu leur part d'électrique significativement augmenter allant jusqu'à +235% sur le mois de juillet pour la Belgique par rapport à la même période en 2022, certains pays comme la Slovaquie ou la Roumanie ont, dans le même temps, des augmentations respectivement de 36,1% et 19,8% des ventes de diesel. En effet, le marché de l'électrique en Europe est intrinsèquement lié aux revenus moyens des ménages, selon l'ACEA. Pour rappel, une voiture électrique coûte au moins 10.000 euros plus cher qu'une thermique à l'achat.
Tesla en chef de file
Dans le détail, c'est le constructeur américain Tesla qui sort du lot avec une augmentation de ses ventes de 650%, à près de 14.000 unités vendues, dopé par les baisses significatives des prix de ses voitures. Ces chiffres appuient la belle dynamique de l'électrique. Il convient toutefois de les nuancer, puisque les chiffres sont à comparer au mois de juillet 2022. Or, l'année dernière, les voitures Tesla en Europe provenaient de Chine ou des Etats-Unis et les livraisons étaient trimestrielles. En conséquence, les résultats des ventes étaient importants en mars, juin, septembre et décembre. Les chiffres des ventes en juillet, eux, étaient très faibles, d'où une explosion cette année en comparaison.
Les autres constructeurs européens ont également des chiffres en hausse, à l'exception de Stellantis qui baisse de 6% à cause de sa marque Citroën. Le constructeur italo-franco-américain compte sur le lancement de sa nouvelle Citroën C3 électrique annoncée à moins de 25.000 euros et présentée cet automne pour relancer cette marque.
Le diesel et l'essence toujours
Si les chiffres semblent dire que l'électrique devrait continuer dans cette belle dynamique et, sûrement, repasser devant la part de diesel, certains analystes anticipent toutefois un ralentissement des ventes de voitures électriques dans les prochains mois.
« Les questions de capacité énergétique, du maillage territorial des bornes de recharge, de l'évolution du coût de l'énergie sont autant d'incertitudes qui freinent l'adoption du véhicule électrique », estime Julien Pillot, enseignant-chercheur et économiste à l'INSEEC.
Aussi, le diesel et l'essence n'ont pas dit leur dernier mot. Ils représentent à eux deux la moitié des motorisations vendues en Europe. Les va-et-vient du gouvernement concernant les Zones à faibles émissions (ZFE) perturbent les acheteurs. En outre, l'inflation booste le marché de l'occasion et le prix de revente des voitures diesels et essence.
Le prix des véhicules reste ainsi le levier le plus important pour éviter que le soufflé des ventes électriques retombe. De nombreux constructeurs ont annoncé des voitures électriques sous la barre des 25.000 euros pour 2024. Reste à voir s'ils réussiront le pari.
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