Volkswagen-Suzuki : les raisons d'un divorce

Par Nabil Bourassi  |   |  369  mots
Volkswagen avait pris 19,9% du capital de Suzuki dans le cadre d'une alliance industrielle qui n'a jamais fonctionné.
Après quatre ans de procédures, les groupes allemands et japonais actent leur séparation. Volkswagen n'exclut pas de poursuivre Suzuki pour réclamer des dommages et intérêts. Le groupe allemand perd bien plus qu'un partenaire : le constructeur japonais est très bien installé en Inde...

Le mariage a duré moins de deux ans, le divorce près de quatre ans. Suzuki a annoncé qu'il allait procéder au rachat de la participation de 19,9% détenue par Volkswagen dans son capital. Cette opération mettra un terme à quatre longues années de conflit larvé entre la marque japonaise et le géant allemand de l'automobile qui s'étaient alliés en 2009.

Suzuki avait le droit de rompre l'alliance

Suzuki avait eu recours à une chambre internationale de commerce installée à Londres pour en finir avec ce conflit. Celle-ci a ordonné au groupe allemand de se retirer du capital de Suzuki. Ce dernier avait en effet la possibilité de rompre l'alliance s'il le souhaitait.

Dans une communication, Volkswagen confirme cette décision et estime être en droit de demander des dommages et intérêts à Suzuki, ainsi que l'y autoriserait la décision du tribunal arbitral.

Une alliance qui n'a jamais fonctionné

Pour les deux groupes, cette alliance nouée en 2009 (Suzuki avait pris 1,5% du capital du groupe allemand) était, à plus d'un titre, vertueuse. Pour Suzuki, il était question d'accéder à des technologies innovantes comme les moteurs hybrides. De son côté, l'alliance avec Suzuki ouvrait à Volkswagen le très verrouillé marché japonais (90% du marché est détenu par les marques locales). Mais plus encore, Suzuki était la clé pour entrer dans le très prometteur marché indien puisque le groupe est le premier actionnaire (56% du capital) du groupe indien Maruti, un des premiers constructeurs automobiles indiens.

Mais voilà, les deux managements ne se sont jamais entendus. Suzuki estime ne jamais avoir eu accès aux technologies promises. De son côté, Volkswagen n'a pas digéré le partenariat noué par le Japonais avec Fiat auprès de qui il s'est approvisionné en motorisations diesels.

Le précédent Daimler-Chrysler

Au-delà de ces considérations, les deux marques se sont opposées sur deux cultures d'entreprises antagonistes. D'un côté, Suzuki a défendu son indépendance managériale face à un groupe qui a l'habitude d'imposer ses vues à ses marques. C'est un classique de l'histoire automobile récente: l'alliance Daimler-Chrysler conclue en 1999 s'est soldée par un échec retentissant, pour des raisons culturelles et managériales similaires.