Avec Industreet, Total va former les décrocheurs scolaires

Par Jérôme Marin  |   |  486  mots
Une image de synthèse du futur centre de formation qui sera implanté à Stains (Crédits : DR)
À Stains, Total va lancer un centre de formation gratuit aux métiers de l'industrie destiné aux jeunes sans diplôme.

« Une entreprise comme Total doit faire plus que de payer ses impôts », lance Patrick Pouyanné, le PDG de Total. À Stains, en Seine-Saint-Denis, le groupe pétrolier français a lancé fin novembre la construction de son « Industreet », un centre de formation gratuit qui doit ouvrir ses portes l'an prochain. Objectif: former chaque année environ 400 jeunes en situation de décrochage scolaire aux métiers de l'industrie.

« Plus de 100.000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans qualification, souligne Patrick Pouyanné. C'est une forme de gâchis collectif. » À Stains, le taux de chômage des 18-25 ans dépasse ainsi les 30 %. Face aux limites du système scolaire, le dirigeant estime que les entreprises doivent jouer un rôle dans l'éducation, un sujet longtemps polémique. « Les mentalités évoluent, se félicite-t-il. De plus en plus d'entreprises sont sensibles à cette problématique. »

« Une émulation est en train de naître », confirme Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Elle cite notamment les dizaines de clubs départementaux rassemblant « 7.000 entreprises prêtes à se mobiliser ». Pour l'ancienne directrice des ressources humaines de Danone, « il ne faut pas opposer le public et le privé », estimant que l'offre d'apprentissage n'est pas assez développée en France. « Tout le monde doit s'y mettre, poursuit la ministre. On ne peut pas réussir sur l'emploi des jeunes sans la mobilisation des entreprises. »

Pour créer son centre de formation, qu'il financera à travers sa fondation à hauteur de 10 millions d'euros par an, Total s'est inspiré de 42, l'école gratuite d'ingénieurs en informatique lancée en 2013 par Xavier Niel, le fondateur d'Iliad, la maison mère de Free. En début d'année, LVMH lui avait emboîté le pas, en finançant l'Institut des vocations pour l'emploi à Clichy-sous-Bois, également en Seine-Saint-Denis. Une formation destinée aux 25-30 ans sans diplôme.

Cursus adapté

À partir de la rentrée prochaine, l'Industreet dispensera ses enseignements dans cinq filières parmi « les plus innovantes » de l'industrie. Et « qui recrutent » . Par exemple, les lignes de production automatisées, la numérisation des installations industrielles et l'entretien des robots-assistés. « Les modalités d'apprentissage seront différentes du système traditionnel qui n'a pas marché », explique Olivier Riboud, le directeur de l'école.

La formation sera ainsi adaptée à chacun. Elle sera en partie centrée autour de l'apprentissage par les pairs, et visera aussi à l'acquisition des compétences comportementales, essentielles en entreprises.

La durée de l'enseignement ne sera pas fixe : elle sera de 12 à 18 mois, selon la capacité à apprendre des élèves. À la fin du cursus, un certificat professionnel, reconnu par l'État, sera délivré. L'inscription à l'Industreet s'effectuera en ligne. « Aucun diplôme n'est requis, seule la motivation compte », souligne Olivier Riboud. Total espère attirer autant de filles que de garçons. Et proposera à ceux et celles qui habitent le plus loin d'être hébergés sur place.