Voilà qui devrait renforcer les arguments de leurs détracteurs. Conséquence du confinement provoqué par l'épidémie de coronavirus, la facture du soutien public aux énergies renouvelables va être bien plus salée que prévue en 2020 en métropole. Selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), le surcoût devrait se chiffrer à plus de 1,1 milliard d'euros.
Ce soutien prend la forme de deux mécanismes : des contrats d'obligation d'achat et des compléments de rémunération. Dans les deux cas, l'objectif est le même : assurer une rémunération suffisante pour permettre aux producteurs d'être rentables. Et ainsi favoriser l'émergence de l'éolien, du photovoltaïque et des autres énergies vertes, qui n'étaient ou qui ne sont pas encore compétitives face au nucléaire et aux énergies fossiles.
Baisse des prix de marché
Le coût du soutien public est lié au prix du marché. Plus celui-ci est bas, et plus la note grimpe pour l'État. Or, dans le sillage de la demande, qui a chuté en raison de l'arrêt d'une grande partie de l'activité industrielle, ce prix a fortement reculé à partir du mois de mars. De 50 euros le mégawattheure, il est tombé à 20 euros. Et il a même été négatif certains jours. Sur l'ensemble de l'année, la CRE anticipe une baisse moyenne de 18,5 euros par rapport à ses prévisions initiales.
En conséquent, le soutien public aux énergies renouvelables devrait se chiffrer à 5,8 milliards d'euros cette année, au lieu des 4,7 milliards précédemment anticipés. La majorité du surcoût provient de l'éolien terrestre, pour lequel la facture sera plus élevée de 49%. Cela s'explique également par une "météorologie favorable" au premier trimestre 2020, qui s'est traduite par une hausse de la production. Pour le solaire, le surcoût est estimé à 12% par la CRE.
"Bulle photovoltaïque"
Si l'économie française, et donc la consommation d'électricité, devraient rebondir en 2021, l'impact du coronavirus perdurera. La CRE prédit ainsi que le prix de marché ne retrouvera pas son niveau d'avant-crise. La commission anticipe par ailleurs une poursuite de la croissance de la production d'électricité verte, qui pourrait encore augmenter de 10%. Le coût des deux mécanismes de soutien ne devrait ainsi que très légèrement reculer : il est attendu à 5,7 milliards d'euros l'an prochain.
Au-delà des effets conjoncturels, la CRE pointe également la responsabilité de "la bulle photovoltaïque constituée avant le moratoire de décembre 2010". Ces installations, qui représentent un peu moins de 40% du parc installé en France, bénéficient en effet d'un tarif de rachat moyen de 510 euros le mégawattheure. Et elles s'accaparent 73% du soutien accordé au solaire, qui représente lui-même la moitié du solaire public aux énergies renouvelables. Pour éviter de nouveaux dérapages, la CRE appelle l'État à faire des choix.
"La fin - nécessairement progressive pour accompagner la filière - du soutien direct aux installations de moins de 9 kWc (kilowatt-crête, ndlr) devrait ainsi être étudiée dans les plus brefs délais", assure-t-elle.
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