Le Buflomédil promis au même sort que le Mediator

Par latribune.fr  |   |  531  mots
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Alors que ses intérêts thérapeutiques sont contestés et qu'il présente des effets indésirables sur les plans neurologiques et cardiaques pouvant conduire à la mort, le vasodilateur Buflomédil devrait être prochainement interdit à la vente en France à la demande de l'Afssaps. Deux autres médicaments sont épinglés par la revue "Prescrire".

Les autorités sanitaires françaises ont confirmé mardi les informations de la revue Prescrire, qui pointe du doigt le Buflomédil, un vasodilatateur commercialisé depuis une vingtaine d'années par le laboratoire Cephalon, et vendu en France sous plusieurs noms. "On est dans le processus final de réévaluation du bénéfice-risque. Ça veut dire qu'il est dans un processus où l'aboutissement pourrait être un retrait ou une suspension de l'autorisation de mise sur le marché" a annoncé Fabienne Bartoli, directrice générale adjointe de l'Afssaps, sur France Info.

De son côté, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a estimé ce mercredi que lorsque des médicaments posaient problème, des décisions devaient être prises "dans des délais plus rapprochés".

Selon Prescrire, le Buflomédil a "des effets indésirables neurologiques et cardiaques, parfois mortels, en particulier en cas de doses élevées ou inadaptées à l'insuffisance rénale."  De sorte que pour cette revue il "faut le retirer du marché" et ce, d'autant plus qu'il est "sans intérêt thérapeutique démontré".

Pour l'heure, l'Afssaps se contente d'annoncer que la décision d'un éventuel retrait sera prise dans les "premières semaines de l'année". Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, avait critiqué dans la matinée la longueur des procédures.

"La vérité, et ça fait partie des choses dont il faudra tirer toutes les conséquences avec le dossier du Mediator, est-ce que ce n'est pas que ces procédures durent très longtemps, trop longtemps ?", a-t-il déclaré sur RTL.

Deux autres médicaments sont pointés du doigt par la revue Prescrire : un anti-inflammatoire, le Nexen (molécule: nimésulide), fabriqué par Therabel Lucien Pharma, et un anti-cancéreux, vinflunine (Javlor) des laboratoires Pierre Fabre.
 

L'influence de l'industrie pharmaceutique pointée du doigt par les médecins

L'affaire du Mediator, qui fait l'objet d'une enquête pénale après des plaintes de plusieurs victimes ou familles de victimes, relance le débat sur l'influence de l'industrie pharmaceutique française. Un syndicat de médecins rappelle qu'elle finance les revues médicales, au moins par la publicité, la recherche, compte des représentants dans tous les organismes officiels ainsi que des appuis au plus haut niveau de l'Etat.

"Nous en avons assez des immixtions des firmes dans la vie des soignants: presse, syndicats médicaux, congrès de médecine générale, sociétés savantes, formation continue en ville et à l'hôpital, réseaux de santé et même actions des pouvoirs publics", écrit mardi le Syndicat de la médecine générale dans une lettre ouverte à Xavier Bertrand.

"Si rien ne change, il y aura d'autres Mediator car l'interférence d'intérêts étrangers à la santé des usagers se fait sentir à chaque étape de la vie du médicament et des soins en général", ajoute-t-il.

Il propose au gouvernement de développer la recherche publique, de renforcer l'évaluation indépendante des médicaments et de modifier la législation afin que les laboratoires soient contraints de démontrer l'utilité de nouveaux médicaments par rapport aux anciens.