Vente de médicaments à l'unité : c'est parti

Par latribune.fr  |   |  511  mots
"Un médicament sur deux n'est pas consommé", a déclaré Marisol Touraine
Les députés ont donné leur feu vert à des expérimentations de vente à l'unité de certains antibiotiques, afin d'éviter leur gaspillage ou une automédication dangereuse. Ils ont par ailleurs autorisé la promotion des médicaments d'origine biologique.

"Un médicament sur deux n'est pas consommé", a déclaré Marisol Touraine ce vendredi. La ministre de la santé considère que cela provoque de la pollution lorsqu'ils sont jetés, des gaspillages et de l'automédication lorsqu'ils restent dans les placards. Et ce, alors que le déficit de la sécurité sociale dépasse les 13 milliards d'euros.

L'une des solutions avancées par le gouvernement face à cette situation: vendre les médicaments à l'unité. Dévoilée dès la présentation en septembre du Projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2014, la mesure vient d'être approuvée par les députés, ce vendredi matin. l'Assemblée national a donné son accord pour que des expérimentations de vente à l'unité de certains antibiotiques soient menées.

Trois ans de tests

"Nous pensons que 200 pharmacies seront volontaires", a assuré Catherine Lemorton, présidente (PS) de la Commission des affaires sociales et elle-même pharmacienne, bien que s'interrogeant elle aussi sur les modalités pratiques.

L'expérimentation doit durer trois ans, contre quatre initialement prévu dans le projet de loi, afin de décider d'une éventuelle extension de la mesure. Les écologistes, très favorables à l'expérimentation, ont pour leur part souhaité "qu'elle prenne de l'ampleur plus rapidement" en cas de retour positif. Marisol Touraine a tenu à souligner que l'expérimentation serait encadrée par "des règles extrêmement strictes", en réponse à l'opposition qui s'inquiétait du conditionnement des médicaments, du sort des notices ou encore des problèmes d'observance par les patients.

L'objectif de cette vente à l'unité est double: lutter contre l'automédication dangereuse, contre le gaspillage, mais également éviter des dépenses inutiles à notre système de santé. Toutefois, les économies pour la Sécu restent à démontrer.

Engager la responsabilité des laboratoires lors des expérimentations

 D'autres mesures ont été adoptées: la consultation des professionnels pour fixer les modalités de l'expérimentation ainsi qu'une information de l'assuré par le pharmacien. Un amendement de l'UDI a aussi été retenu, qui prévoit de définir l'"engagement de la responsabilité" des acteurs de la filière pharmaceutique dans le cadre de l'expérimentation, face aux risques judiciaires en cas d'incidents.

Les députés ont voté vendredi un article visant à promouvoir la diffusion des médicaments biologiques (produits à partir d'une cellule ou d'un organisme vivant, tels l'EPO ou les hormones de croissance) similaires dits "biosimilaires".

De vifs échanges et interruptions de séance ont ponctué la séance de ce vendredi matin notamment au sujet d'un amendement défendu par Jean-Louis Roumegas (EELV) visant à dérembourser des médicaments sans utilité thérapeutique plusieurs députés participant au débat étant médecins ou pharmaciens de profession. L'examen du Projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale pour 2014 par les députés devrait s'achever dans la nuit de vendredi à samedi. L'Assemblée se prononcera mardi par un vote solennel avant que le Sénat n'engage à son tour son examen à partir du 12 novembre.