Monsanto : Bayer met 62 milliards de dollars sur la table

Par latribune.fr  |   |  501  mots
Monsanto avait révélé la semaine dernière avoir reçu une approche non sollicitée du groupe allemand, dont l'initiative a été vivement critiquée par certains de ses propres actionnaires.
L'offre du chimiste allemand valorise Monsanto à 15,8 fois son excédent brut d'exploitation (Ebitda) à la date du 29 février.

Le groupe chimique et pharmaceutique allemand Bayer a annoncé lundi avoir présenté à l'américain Monsanto, le numéro un mondial des semences, une offre d'achat de 122 dollars par action, soit 62 milliards de dollars (55 milliards d'euros) au total, pour créer un leader mondial de l'agrochimie.

Dans un communiqué, Bayer indique qu'il financera la transaction avec de la dette et des actions, y compris une augmentation de capital. Il évalue les synergies à environ 1,5 milliard de dollars à partir de la troisième année, plus des bénéfices additionnels provenant d'offres intégrées. Déjà très lourdement endetté, le chimiste allemand se dit pourtant "hautement confiant" dans sa capacité à financer un tel rachat

"Ensemble, nous allons puiser dans l'expertise collective des deux groupes pour construire un leader de l'agriculture avec des capacités d'innovation exceptionnelles pour le bénéfice des agriculteurs, des consommateurs, de nos employés et des communautés dans lesquelles nous opérons", affirme le patron de Bayer, Werner Baumann. Celui-ci se lance un défi de taille, vu qu'il n'est aux commandes de Bayer que depuis le 1er mai.

Un tiers de plus que le cours en Bourse

Bayer précise que ce montant représente une prime de 37% par rapport au cours de clôture de Monsanto le 9 mai, avant les premières rumeurs sur une OPA. L'offre de Bayer valorise Monsanto à 15,8 fois son excédent brut d'exploitation (Ebitda) à la date du 29 février.

Monsanto avait révélé la semaine dernière avoir reçu une approche non sollicitée du groupe allemand, dont l'initiative a été vivement critiquée par certains de ses propres actionnaires.

Monsanto, un géant décrié

Connu notamment pour son herbicide Roundup, dont la substance glyphosate est actuellement controversée en Europe, le groupe de Saint-Louis, dans le centre des Etats-Unis, souffre de la chute des ventes des semences transgéniques. Conséquence d'abord de la baisse des revenus des agriculteurs depuis quelques années, qui affecte la demande pour les outils agricoles, les engrais, les pesticides et les semences, mais aussi de l'appréciation du dollar qui rend les produits Monsanto chers pour les agriculteurs d'Amérique latine.

Samedi 21 mai, des manifestations contre le géant des biotechnologies ont eu lieu dans une quarantaine de villes à travers la France et le monde, afin de réclamer l'interdiction des pesticides et des OGM. Ces "marches citoyennes" ont notamment dénoncé la logique court-termiste et prédatrice de Monsanto ainsi que le caractère néfaste de ses produits sur l'environnement et la santé humaine.

La division d'agrochimie de Bayer, dont les pesticides dits "tueurs d'abeilles" sont aussi décriés, a également souffert ces derniers mois. Dans ce contexte, Peter Spengler, analyste chez DZ Bank, se dit "sceptique" face à ce projet de rapprochement, qui obligerait selon lui Bayer, dont la dette dépasse encore 16 milliards d'euros, à vendre d'autres activités comme sa division de santé animale pour boucler un hypothétique financement.

(avec Reuters et AFP)