Pénurie de médicaments : l'usine de GSK en Mayenne accélère la production et recrute

Par latribune.fr  |   |  595  mots
GSK compte doubler sa production sur deux ans et passer de 45 millions de boîtes produites en 2021 à un objectif de 87 millions de boîtes en 2023. (Crédits : Loriene Perera)
Pour faire face aux pénuries touchant certains antibiotiques majeurs, le laboratoire britannique GSK met les bouchées doubles dans son usine de l'ouest de la France. Il entend y doubler sa production afin d'atteindre 87 millions de boîtes d'amoxicilline en 2023. Pour cela, il lui faut recruter davantage dans un contexte de manque de main d'œuvre.

C'est une usine qui tourne à plein régime. Après un recul pendant la pandémie, l'usine française du laboratoire britannique GSK a retrouvé sa cadence. Sur le site de la commune de Mayenne, dans le département du même nom, historiquement spécialisé dans les antibiotiques, on fabrique de l'amoxicilline. Ce traitement est largement utilisé, particulièrement chez les enfants où il représente 70% des prescriptions d'antibiotiques, par exemple pour les otites.

Les 370 salariés se relaient jour et nuit, cinq jours sur sept. Car la demande a bondi depuis que la pandémie de Covid-19 a reculé. Selon les données du Gers (groupement pour l'élaboration et la réalisation de statistiques de l'industrie pharmaceutique), 45 millions de boîtes d'amoxicilline ont été vendues en 2020 en France, contre 63 millions dispensées de janvier à novembre 2022. En raison notamment du retour des affections hivernales, qui avaient fortement diminué avec les confinements, avec une ampleur qui n'avait pas été prévue par les laboratoires.

Conséquence, malgré ce rythme effréné, les boîtes d'amoxicilline manquent. La France, l'Espagne, l'Australie, les États-Unis ont tiré la sonnette d'alarme depuis quelques semaines déjà, en particulier pour les formes pédiatriques. Et les tensions pourraient durer, a averti le ministre de la Santé François Braun la semaine dernière. Selon lui, il faudra encore « deux mois pour être vraiment tranquille et avoir nos stocks reconstitués ».

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Objectif : produire plus et surtout recruter

Concrètement, pour GSK, cela signifie doubler la production sur deux ans, et passer de 45 millions de boîtes produites en 2021 à un objectif de 87 millions de boîtes en 2023. Sur les lignes de production entièrement automatisées de l'usine de Mayenne, la poudre blanche remplit des flacons de verre à un rythme pouvant atteindre 120 flacons par minute. Le médicament, qui est aussi produit sous d'autres formes - comprimés, gélules ou sachets - est ensuite conditionné et transféré vers 110 pays à travers le monde, tandis que 28% de la production reste en France.

« Nous sommes passés de 1,1 million de boîtes fabriquées par semaine à deux millions chaque semaine, depuis septembre », témoigne Christophe Wadoux, le directeur de l'usine de Mayenne. Pour cela, il a fallu embaucher près de quarante personnes l'an dernier, et les recrutements ne sont pas terminés. « On devrait atteindre 440 employés en tout sur le site à fin 2023 », dit-il.

« Le recrutement est notre priorité numéro un, sachant que nous sommes dans un bassin de plein emploi », ajoute le directeur du site de Mayenne. Ce manque de main d'œuvre est la raison pour laquelle l'usine n'est pas passée à une production le week-end. Car il faut de quatre à six mois pour former un responsable d'une ligne de production, précise Christophe Wadoux, qui prévoit que la fabrication d'amoxicilline va rester durablement supérieure à l'avant pandémie.

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Tout le monde sur le pont pour augmenter la production de médicaments

Pour augmenter la production d'antibiotique, l'Agence nationale de sécurité du médicament française a autorisé il y a quelques jours la fabrication d'amoxicilline directement par certains pharmaciens.

En parallèle, des laboratoires investissent pour produire davantage. Sandoz, la division médicaments génériques du suisse Novartis, a ainsi mis en œuvre des actions ponctuelles sur son site de Kundl en Autriche, notamment l'embauche de personnel supplémentaire, en sus d'investissements additionnels.

(Avec AFP)