Visé par une enquête du Parquet national financier, Sanofi « n'est pas au courant »

Par latribune.fr  |   |  701  mots
L'enquête sur le géant pharmaceutique porte sur la diffusion de fausses informations relatives au médicament Dupixent. (Crédits : BENOIT TESSIER)
Le Parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête visant le groupe Sanofi depuis le mois de mars, selon des informations du média La Lettre, confirmées par une source judiciaire ce mardi. Dans les faits, l'entreprise est soupçonnée d'avoir diffusé de fausses informations et de manipulation de cours.

[Article publié le mardi 07 novembre 2023 à 13h04 et mis à jour à 13h27] Le Parquet national financier a ouvert en mars une enquête visant le géant pharmaceutique français Sanofi, a indiqué ce mardi 7 novembre une source judiciaire, confirmant ainsi des informations de La Lettre. Dans le détail, cette enquête préliminaire est ouverte pour « diffusion d'information fausse ou trompeuse et manipulation de cours, confiée à la brigade financière » et porte « sur la communication financière du groupe Sanofi », a confirmé cette source. Sollicitée par l'AFP, cette dernière n'a pas précisé si des perquisitions ou gardes à vue avaient eu lieu à ce jour dans le cadre de cette enquête. Quant au PNF, il n'a pu être joint dans l'immédiat.

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« Sanofi n'est pas au courant d'une quelconque enquête préliminaire du Parquet National Financier sur ses comptes 2017 ou autre », a rétorqué le groupe Sanofi auprès de La Tribune.

Le groupe pharmaceutique assure que ses informations financières sont « exactes, précises et sincères ». Sanofi enfonce le clou, arguant qu'elles sont « dûment auditées par deux cabinets de commissariats aux comptes ». « Sanofi se réserve le droit d'agir en justice contre toute allégation mensongère ou diffamatoire », prévient-on. A la mi-journée, le cours de bourse de l'action Sanofi perdait 1,20% à 83,74 euros, dans un marché parisien en recul de 0,51%.

Plus concrètement, l'enquête sur le géant pharmaceutique porte sur un « problème d'estimation des ventes du Dupixent », a-t-on spécifié de source proche du dossier. Le Dupixent - de son nom scientifique dupilumab - est un anticorps monoclonal approuvé pour traiter diverses maladie. Utilisé notamment pour traiter l'asthme et l'eczéma, ce médicament lancé en 2018 rapporte plus d'un milliard d'euros par an au laboratoire.

Des ventes qui s'envolent

Outre ces deux pathologies, Dupixent est approuvé dans différents pays dans le traitement de la polypose nasosinusienne (pathologie des sinus), ou encore de l'œsophagite à éosinophiles (maladie chronique de l'œsophage). Plus de 750.000 patients dans le monde sont traités par ce médicament, approuvé dans une ou plusieurs de ces indications dans plus de 60 pays, selon Sanofi.

Dès son arrivée au poste de directeur général du groupe en 2019, le Britannique Paul Hudson a misé sur le potentiel du Dupixent, avec l'objectif d'élargir les ventes et d'obtenir de nouvelles autorisations thérapeutiques.

Un pari réussi. Les ventes grimpent à 2 milliards d'euros fin 2019, contre 380 millions d'euros au troisième trimestre 2019. En outre, le médicament est désormais commercialisé dans 34 pays, contre 18 pays à l'arrivée de Paul Hudson. Entre 2020 et 2021, elles passent de 3,5 à 5 milliards d'euros. Il est ainsi venu compenser le déclin des ventes du précédent blockbuster du groupe, le Lantus, dans le traitement du diabète, attaqué par la concurrence des génériques depuis l'expiration du brevet en 2015 et par la pression sur les prix.

Au troisième trimestre, Dupixent « s'approche des 11 milliards d'euros de ventes en rythme annuel », a indiqué fin octobre le directeur général Paul Hudson à l'occasion de la présentation des résultats trimestriels. Les investisseurs s'interrogent toutefois sur la dépendance du groupe à ce médicament phare dont le brevet tombera en 2031.

Une stratégie axée sur la R&D

Fin octobre, Sanofi a cherché à les rassurer. Il a ainsi annoncer renforcer ses investissements dans la recherche et développement pour mettre au point des médicaments innovants susceptibles de devenir des nouveaux moteurs de croissance. Ces investissements devraient toutefois peser sur la rentabilité. Le groupe a été contraint d'abandonner son objectif de marge pour 2025, ce qui a fortement déplu au marché. Pour soutenir ces dépenses en R&D, le groupe a annoncé un plan d'économies d'un montant total pouvant aller jusqu'à 2 milliards d'euros entre 2024 et fin 2025.

Il a donné rendez-vous aux investisseurs le 7 décembre prochain à New York avec le nouveau patron de la R&D monde, Houman Ashrafian, pour leur apporter des précisions sur la répartition des investissements dédiés à la recherche.

(Avec agences)