Doliprane, Novanuit… Chute douloureuse en Bourse pour Sanofi qui se sépare de sa division Santé Grand Public

Après des résultats trimestriels en demi-teinte, Sanofi annonce se séparer de sa division Santé Grand Public (Doliprane, Mucosolvan...) en la cotant séparément en Bourse. Une annonce qui n'a pas laissé les marchés indifférents.
Autre annonce qui remue les marchés : le groupe va se séparer de sa division Santé Grand Public (Doliprane, Mucosolvan...) en la cotant séparément en Bourse en 2024.
Autre annonce qui remue les marchés : le groupe va se séparer de sa division Santé Grand Public (Doliprane, Mucosolvan...) en la cotant séparément en Bourse en 2024. (Crédits : BENOIT TESSIER)

L'action de Sanofi a chuté de près de 19% à la Bourse de Paris, ce vendredi 27 octobre. Son plus gros plongeon en séance depuis des décennies. L'action a plongé de 18,93% à 91,43 euros. Sa valorisation, la cinquième plus importante de la place financière parisienne, a fondu de près de 25 milliards d'euros, entraînant en baisse tout le CAC 40 (-1,36%).

Ses résultats déçoivent les analystes : son chiffre d'affaires a reculé de 4,1% pour s'établir à 11,964 milliards d'euros, au troisième trimestre. Pourtant, à taux de change constants, les ventes s'affichent en hausse de 3,2%. De son côté, la rentabilité ne fléchit pas avec un bénéfice net de 2,525 milliards d'euros (+21,6%).

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Dans les faits, une autre annonce remue les marchés ce vendredi. En effet, le groupe va se séparer de sa division Santé Grand Public (Doliprane, Mucosolvan...), en la cotant séparément en Bourse en 2024. Objectif, se concentrer sur de nouveaux relais de croissance dans les médicaments innovants qu'elle veut financer grâce à un plan d'économies. Le géant pharmaceutique vise dès lors des économies pouvant aller jusqu'à 2 milliards d'euros entre 2024 et fin 2025 et assure que « la majeure partie sera réallouée au financement de l'innovation et des moteurs de croissance ».

Bientôt dans une nouvelle entité commerciale autonome

En pratique, Sanofi a décidé de faire de la Santé Grand Public « une entité commerciale mondiale autonome au sein du groupe », à travers « la création d'une entité cotée en bourse dont le siège sera en France », a-t-il annoncé, à l'occasion de la présentation de ses résultats trimestriels. Une séparation qui pourrait être réalisée au quatrième trimestre 2024, sous réserve des conditions du marché et après consultation des partenaires sociaux.

L'activité Santé Grand Public couvre les compléments alimentaires et divers produits vendus sans ordonnance. On peut citer Mucosolvan contre la toux, Allegra contre la rhinite, la marque Novanuit pour le sommeil, mais aussi le très populaire paracétamol commercialisé sous la marque Doliprane, pour soulager la douleur. Au troisième trimestre, cette entité présente dans 150 pays avec plus de 11.000 employés, s'affiche en effet en hausse de 4,6%, soutenu par les produits liés à la digestion et aux allergies, représentant 1,245 milliard d'euros, soit un plus de 10% de son chiffre d'affaires.

Parmi les annonces, « certaines plaisent au marché, comme la séparation de l'unité SGP (...). D'autres ne sont pas aussi bien accueillies, notamment l'avertissement sur les bénéfices pour 2024 et l'abandon de l'objectif d'une marge de 32% pour 2025 », résument les analystes de Stifel.

Les partenaires sociaux, eux, ne voient pas tous ces projets d'un bon œil. « C'est le tarif ! Tous les deux ans, depuis 2008, on a des plans d'économies entre 1 et 2 milliards d'euros » et « depuis 2008, ce sont 16 usines et centres de recherche qui ont disparu de l'Hexagone, tout ça c'est le résultat des plans d'économies », enrage Jean-Louis Pérenne de la CGT Sanofi. Avant de renchérir : « Mais nos gouvernants continuent de faire des ponts d'or à Sanofi », notamment en crédit d'impôt, car « nos dirigeants n'aiment que les actionnaires ».

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Devenir un « pure player » biopharmaceutique

Objectif pour Sanofi ? Renforcer les investissements en R&D et devenir un « pure player » biopharmaceutique. Et ce, en optimisant la structure de coût. Des intentions déjà amorcés avec l'arrivée du Britannique Paul Hudson aux manettes et l'augmentation de ses dépenses en recherche de plus d'un milliard par an depuis 2019.

Pour Matthieu Sainton, responsable santé au sein du cabinet de conseil Eurogroup Consulting, le choix d'une scission paraît « logique » dans ce secteur « très concurrencé en termes de marge » qui fonctionne sur « une stratégie de volume ». Sanofi applique, selon lui, « ce que d'autres ont déjà fait ». Le britannique GSK a scindé il y a un an son activité de soins de grande consommation, qui a fait ses débuts en juillet 2022 à la Bourse de Londres sous le nom de Haleon.

Pour rappel, le groupe a également arrêté la recherche sur le secteur très concurrentiel du diabète et du cardiovasculaire pour aller de plus en plus vers les produits de spécialité. Il compte accélérer dans l'innovation et se concentrer sur les maladies rares, l'immunoinflammation, l'hématologie, les vaccins et certains domaines de l'oncologie.

Du côté de la biopharmacie, les ventes ont progressé de 3,1% (à 10.719 millions d'euros), soutenues par la forte performance du blockbuster Dupixent (immunologie, médecine de spécialités), dont le champ de commercialisation ne cesse de s'élargir alors que les ventes de médecine générale et des vaccins ont, elles, enregistré une baisse respectivement de 6,6% et de 0,6%. Le succès du lancement de Beyfortus (nirsevimab) un nouveau traitement préventif contre la bronchiolite des bébés, est venu compenser la baisse des vaccins contre la grippe.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 29/10/2023 à 17:38
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En 2007, Sanofi Aventis était le numéro 3 mondial du secteur pharmaceutique. 2023, Sanofi est numéro 9 mondial du secteur loin derrière Novartis Roche dans le top 5 mondial depuis des années. Effectivement, 2 blockbusters tirent la rentabilité de San...

à écrit le 28/10/2023 à 9:00
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Pas de souci l'argent public va compenser.

à écrit le 27/10/2023 à 17:36
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Pendant ce temps : Antibiotiques, antidiabétiques, antirejet. Ces dernières années, les pénuries et les ruptures de stock de médicaments ont bondi : 3 700 références manquaient l’an dernier, elles seraient passées à 4 000 cet automne. « Énormément...

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