Fukushima aussi grave que Tchernobyl

Par Erwann Kerrand  |   |  439  mots
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Le Japon a réévalué la gravité de l'accident nucléaire de Fukushima, au même niveau que celui de Tchernobyl. Cela contraste avec le discours rassurant du gouvernement nippon alors que le pays traverse une grave crise économique.

L'Agence de sûreté nucléaire japonaise a annoncé mardi qu'elle relevait de 5 à 7, le niveau de gravité de l'accident de la centrale de Fukushima sur l'échelle des événements nucléaires et radiologiques (INES). Le niveau 7 caractérise  "un rejet majeur de matières radioactives" entraînant "des effets considérables sur la santé et l'environnement". L'accident japonais est désormais classé au plus haut de l'échelle, rang auquel seule la catastrophe de Tchernobyl de 1986 figurait jusqu'à présent. Néanmoins, les autorités nippones se sont empressées de préciser que les émissions radioactives de la centrale endommagée représentaient seulement 10% du niveau d'émissions de la centrale ukrainienne. Ce relèvement annoncé par l'agence japonaise devra toutefois être validé par un comité international d'experts.

Interprétée par certains spécialistes comme un excès de zèle visant à rendre crédibles les autorités japonaises, cette réévaluation contraste quelque peu avec l'optimisme, certes prudent, du gouvernement nippon. Le même jour, le Premier ministre a incité ses compatriotes à reprendre une vie normale après avoir fait part d'une baisse du niveau des fuites radioactives à Fukushima et d'une stabilisation "pas à pas" des réacteurs de la centrale.

Le maintien des restrictions sur l'importation des denrées japonaises.

Toutefois, le volontarisme du chef du gouvernement ne suffit pas. Cette réévaluation renforce en effet les craintes à l'étranger d'autant plus que le pays est depuis quelques jours à nouveau secoué par d'importantes répliques. La Chine, premier partenaire commercial de l'archipel, a ainsi réitéré sa demande auprès du Japon pour obtenir  "des informations, précises et complètes" à propos de la situation à Fukushima. Malgré les efforts japonais pour accroître la transparence sur le niveau dl'irradiation de leurs produits, Pékin avait étendu son embargo le 8 avril sur les denrées alimentaires en provenance du Japon, par peur de contamination.

Une crise économique plus sévère que prévue

De son côté, le ministre de l'Economie japonais a déclaré ce mardi à la sortie du conseil des ministres que les conséquences économiques des catastrophes du 11 mars seraient plus importantes que prévu. Outre les pénuries d'électricité qui perturbent la production industrielle, le ministre s'attend à une baisse importante de la consommation des ménages. Le gouverneur de la Banque du Japon a lui aussi estimé que l'économie était dans un "état grave". En raison du recul de la consommation, le produit intérieur brut (PIB) japonais ne devrait croître que de 1% cette année, alors que les prévisions anticipaient 2% avant le tremblement de terre.