Total dit oui au gaz de schiste, non au cannabis

Par Olivier Hensgen  |   |  503  mots
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Son PDG, Christophe de Margerie, ne perd pas espoir de parvenir, un jour, à convaincre les Français qu'on peut faire de la fracturation hydraulique "propre".

Total cherche sans relâche les énergies de demain "pour relever le défi energétique du XXIème siècle" mais exclut en tout cas de se diversifier dans le chanvre. Interpellé en assemblée générale par un actionnaire sur la possibilité pour Total de s'intéresser à une "ressource naturelle et renouvelable" et d'investir massivement dans la transformation de la biomasse issue "du chanvre, du cannabis, de la marijuana", le PDG du groupe, Christophe de Margerie, a sans surprise écarté la possibilité pour la "major" de se lancer dans sa culture, de toute façon interdite par la loi française, au moins pour ses espèces psychotropes.

En revanche, le texte voté cette semaine par l'Assemblée nationale pour interdire la fracturation hydraulique, la technique de production des gaz de schiste - les "gaz de shit", comme appelés par François Fillon dans un superbe lapsus - ne désespère pas Total de parvenir un jour à les exploiter en France.

Assez en verve sur le sujet, Christophe de Margerie a déploré le vote de cette proposition de loi, qui doit encore passer au Sénat. "Interdire pour interdire sans savoir, ce n'est peut-être pas le siècle des Lumières", a-t-il déploré. Le PDG de Total a estimé nécessaire de "trouver une solution dans les années à venir pour pouvoir faire en France ce que même la Suède, même le Danemark, qui sont quand même des pays connus pour leur sensibilité environnementale, ont accepté". "On va garder nos droits et puis faire en sorte qu'un jour les gens comprennent qu'on puisse faire de la fracturation hydraulique de manière propre", a poursuivi le patron de Total. "On reviendra sur la scène pour expliquer", a-t-il ajouté.

L'assemblée générale de Total, qui a annoncé vendredi avoir pris des parts dans des concessions d'exploration de gaz de schiste en Pologne, s'est distinguée par un nombre important de questions portant sur le thème de l'environnement. Une femme amérindienne qui interpellait Christophe de Margerie sur l'impact écologique de son projet canadien de sable bitumineux baptisé Joslyn, sur lequel le groupe avait diffusé un film en début d'AG, a été sèchement éconduite. "Le projet de Total est l'un parmi des centaines d'autres dans la région, contribuant à la destruction de notre terre, dec notre eau et de notre air", a-t-elle déclaré en anglais.

"Sachez que pour obtenir les autorisations pour pouvoir développer le champ de Joslyn, on a déposé un rapport qui fait 4.000 pages", lui a rétorqué Christophe de Margerie. (…) Nous, nous respectons les lois de votre pays, ce sont des pays démocratiques. Si vous pensez qu'il faut changer les lois de ces pays, faites-les changer pour votre camp et ne venez pas chez Total nous faire un cours sur ce que visiblement vous n'arrivez pas à faire accepter à vos propres autorités", a-t-il conclu, salué par les applaudissements de ses actionnaires.