Total annonce des hausses de prix à la pompe

Par latribune.fr  |   |  613  mots
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Le groupe pétrolier a fait savoir qu'il allait répercuter à la pompe la récente hausse des prix du pétrole. Comme un geste de bonne volonté pour faire face aux critiques, Total a par ailleurs fait savoir qu'il réfléchissait à l'utilisation du bénéfice mondial consolidé, un régime fiscal très décrié.

Voilà qui ne va pas arranger l'image de Total auprès des Français, surtout en pleine période de vacances. Le groupe pétrolier a annoncé samedi par la voix de son PDG Christophe de Margerie qu'il allait répercuter à la pompe les récentes hausses des prix du pétrole.

Une décision à contre-courant des souhaits du gouvernement. Le 23 juin, ce dernier avait demandé à Total de répercuter les baisses du prix du pétrole après la décision de l'Agence internationale de l'Energie (AIE) de puiser dans ses stocks stratégiques pour soulager le marché.

"On l'a fait", a assuré Christophe de Margerie à la presse, en marge des "Rencontres économiques" à Aix-en-Provence. Et de faire valoir désormais la hausse des cours de l'or noir cette semaine qui a effacé les baisses intervenues après la décision de l'AIE.

"Le problème, c'est que la baisse des prix de l'AIE a été très courte et derrière, les prix sont repartis à la hausse", remontant de 114 dollars le baril de Brent à 118 dollars au cours des derniers jours, a expliqué le PDG du groupe pétrolier auprès de l'AFP. "Je me suis engagé vis-à-vis de Bercy à répercuter les prix du pétrole à la pompe. Sans provocation, le problème c'est qu'on va continuer à le faire et donc ça ne va pas faire plaisir".

Pour Christophe de Margerie, "c'était sa responsabilité d'entrepreneur de dire des choses qui ne font pas forcément plaisir mais qui sont la vérité". "On attend que les prix soient (intégrés) dans nos coûts pour les répercuter", a-t-il encore précisé. Seule petite consolation, le dirigeant a précisé que la hausse des prix de Total à la pompe ne serait "pas énorme", sans donner de chiffres précis. 

Total réfléchit au bénéfice mondial consolidé

Pour contrecarrer l'ire que devrait provoquer sa décision auprès du gouvernement, Total a fait un geste sur le bénéfice mondial consolidé, un régime fiscal très décrié. Le groupe a indiqué qu'il réfléchissait à l'intérêt d'utiliser ou pas le bénéfice mondial consolidé.

"Vous allez avoir des surprises sur le régime dérogatoire", a soufflé Christophe de Margerie à des journalistes lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). "Très certainement, il va falloir qu'on réfléchisse sur l'intérêt ou pas qu'il y a à garder ce régime", a-t-il ajouté.

Seules quelques multinationales françaises utilisent ce régime, qui leur permet d'inclure dans le résultat imposable en France les résultats (et donc les éventuels déficits) des filiales étrangères qu'elles contrôlent. Cette " niche " fiscale est régulièrement mise en cause au motif qu'elle leur permettrait de payer moins d'impôts.

Total est souvent critiqué pour ne pas payer d'impôt sur les sociétés en France malgré un bénéfice annuel supérieur à 10 milliards d'euros, ce à quoi sa direction répond que le groupe est déficitaire sur ses activités en France. Total paye néanmoins 800 millions d'euros d'impôts en France chaque année, dont 500 millions sur les dividendes versés à l'étranger, a précisé Christophe de Margerie.

Le résultat avant impôts sur les sociétés de Total est de 20 milliards d'euros, a précisé le PDG, ce qui signifie que le groupe en paye 10 milliards d'euros dans les 130 pays où il est présent. Selon le dirigeant, le taux d'impôt sur les sociétés acquité par le groupe est de 56% au total contre un taux théorique français de 33%.