Nouvelles découvertes d'hydrocarbures pour Statoil et Total

Par Aymeric Auberger  |   |  480  mots
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Le groupe pétrolier norvégien Statoil et le français Total ont annoncé ce lundi la découverte d'importants gisements dans les eaux norvégiennes. De bonnes nouvelles pour la Norvège, important fournisseur d'énergie pour l'Europe dont les réserves commencent à s'épuiser.

Le pétrolier Statoil, détenu à 67% par l'Etat norvégien, a annoncé lundi la découverte d'une colonne de pétrole de 65 mètres en mer du Nord. Ce "réservoir d'excellente qualité", selon la société, présente des conditions favorables à une exploitation rapide. Le groupe estime le volume du gisement entre 200 et 400 millions de barils équivalent pétrole (boe), et espère en trouver davantage au nord et au sud de la découverte. Total, première compagnie internationale dans le pays, a de son côté découvert un gisement de gaz en mer de Barents, une des rares zones presque vierges en Europe. Le volume de gaz récupérable est estimé entre 10 et 50 milliards de mètres cubes.

Ces découvertes apportent une bouffée d'oxygène à la Norvège, dont le poids politique et économique est très lié à ses ressources énergétiques. Le pays scandinave assure en effet 20% des approvisionnements de l'Europe en gaz naturel, et est le sixième exportateur mondial de pétrole, mais sa production d'or noir est en baisse constante depuis 2001, et ses réserves de gaz se tarissent. La mer de Barents fait ainsi figure de nouvel eldorado pour le secteur.

La résolution début juillet d'un conflit frontalier portant sur la mer de Barents avec la Russie a donné le départ à la course aux hydrocarbures dans cette zone de 175.000 kilomètres carrés, située au nord est de la Norvège. Le fort potentiel énergétique et surtout gazier de cette mer, dont la partie sud est libre de glace, commence déjà à être révélé. Statoil a annoncé en avril la découverte de son plus grand champ pétrolier depuis dix ans (jusqu'à 500 millions de barils équivalent pétrole), à Skrugard, excédant largement la précédente découverte de l'italien Eni à Goliat. Par ailleurs, Total, Statoil et Gazprom se sont d'ores et déjà associés pour le projet russe de Shtokman, l'un des plus gros gisements de gaz du monde, situé dans la zone.

Des ressources sur lesquelles la Norvège compte pour continuer d'exister dans le paysage européen. Pour cette raison, il va être difficile pour les ONG protectrices de l'environnement de faire entendre leur voix. En mai, elles étaient parvenues à faire abandonner l'exploitation de gisements découverts au large des îles Lofoten, une région touristique abritant une forte diversité d'oiseaux. Pour la mer de Barents, les organisations écologistes soulignent la sensibilité environnementale de l'Arctique et la difficulté de nettoyer en cas d'accidents, en raison des conditions extrêmes. Mais la contestation reste assez faible sur le gaz, pour lequel une fuite aurait des conséquences moins catastrophiques. Pour une compagnie comme Total, pour lequel la Norvège représente 15% de sa production d'hydrocarbures, c'est donc le moment où jamais de s'engouffrer dans la brèche.