Nucléaire : Sarkozy et Hollande se rapprochent doucement

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  572  mots
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Le gouvernement s'appuie sur la publication du rapport « Energies 2050 » lundi pour réitérer sa ferme position pro-nucléaire. Plus discrètement, les scénarios énergétiques des deux candidats à la présidentielle se rapprochent.

Nicolas Sarkozy est fermement décidé à faire du nucléaire un point « clivant » de son programme. Ainsi, il n'a pas hésité « à demander à tous les opérateurs de se mettre en situation de pouvoir prolonger la durée de vie de nos réacteurs au-delà de quarante ans », a confié dimanche soir sur Europe 1 le ministre de l'industrie, Eric Besson. Une « demande » qui ne va pas prendre EDF au dépourvu. En 2008, l'électricien présentait aux investisseurs les gains à escompter du rallongement à 60 ans de la durée de vie de ses 58 réacteurs. Début 2009, EDF a remis à l'Autorité de sûreté nucléaire un épais dossier (« référentiel de sûreté ») présentant les travaux qu'il envisageait pour mener son parc à 60 ans. Il espérait à l'époque un feu vert de principe pour 2011... La seule nouveauté réside dans le coût de ces travaux de jouvence. Estimés début 2009 à 400 millions d'euros par réacteur, ils sont désormais chiffrés à 860 millions d'euros par EDF (y compris les aménagements post-Fukushima).

Renforcer les "actions d'efficacité énergétique"

La publication lundi du rapport « Energies 2050 » commandé par Eric Besson vient fournir au gouvernement une défense et illustration de sa politique nucléaire en faisant ressortir l'atome comme la moins chère des façons de produire de l'électricité, maintenant et en 2030. Là encore, ce n'est pas une révélation. La vraie nouveauté réside dans les positions qui commencent à converger entre les deux camps politiques. La première recommandation du rapport Energies 2050 porte en effet sur la nécessité de renforcer « les actions d'efficacité énergétique ». C'est également le premier point du programme énergétique du candidat François Hollande, tel que le résument Pierre Moscovici et François Brottes dans Les Echos du 10 février.

Réequilibrer le mix électrique

Les auteurs du rapport Energies 2050, présentés comme des experts indépendants, insistent ensuite sur l'importance de « laisser ouverte la question de la part du nucléaire en 2050 et même en 2030 ». Ils expliquent que celle-ci dépendra de plusieurs facteurs non connus aujourd'hui : la réussite des politiques de maîtrise de la demande, la baisse des coûts des énergies renouvelables, les avances technologiques, le retour d'expérience des EPR actuellement en construction...Etonnamment, l'équipe du candidat François Hollande dit pratiquement la même chose. « Il serait absurde de fixer aujourd'hui un échéancier pour la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% d'ici 2025. Ce qui importe c'est l'objectif et l'effectivité des actes engagés pour tenir la trajectoire dans le rééquilibrage du mix électrique. Le calendrier dépendra d'une vingtaine de curseurs, en commençant par les économies d'énergies réalisées, et l'accélération du développement des énergies renouvelables.», explique à La Tribune François Brottes, conseiller Energie de François Hollande.

Divergences sur Fessenheim


« Après un grand débat national, un bilan sera effectué à partir de 2020-2023 afin de prendre des décisions sur l'avenir des différentes centrales », écrivent les porte-paroles de François Hollande. On est loin de la « fermeture progressive de 24 réacteurs » d'ici 2025 annoncée dans l'accord PS-Verts. Sauf la fermeture de Fessenheim, promise par François Hollande pour le prochain quinquennat, les deux candidats promettent la même chose concernant le nucléaire dans les cinq ans à venir : le statu quo.