Avec son échec dans l'éolien, GDF Suez réduit encore ses ambitions en France

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  582  mots
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Après avoir du renoncer à ses espoirs de devenir un acteur du nucléaire en France, le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet,a perdu aujourd'hui ses chances de faire tourner des éoliennes au large des côtes françaises. Le groupe affirme ne pas vouloir déroger à sa "discipline financière".

Semaine noire pour GDF Suez. Lundi, les avances du groupe pour racheter les 30 % qu'il ne détient pas de sa filiale britannique International Power sont retoquées. Les 7 milliards d'euros proposés par GDF Suez sont jugés insuffisants. Vendredi, le groupe dirigé par Gérard Mestrallet est le grand perdant du méga appel d'offres pour construire cinq parcs d'éoliennes aux larges des côtes françaises.

Non seulement, son grand concurrent EDF lui a été préféré dans les trois sites où les deux électriciens s'affrontaient mais GDF Suez n'a même pas été retenu au Tréport .... où il était le seul candidat. Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a souligné que le groupe avait fixé un prix nettement trop cher, qui aurait entraîné une "augmentation inconsidérée des factures d'électricité", via une hausse de 500 millions d'euros de la taxe CSPE.

Critères très stricts de rentabilité

Pour le groupe, il faut voir la même logique derrière ces deux échecs : l'orthodoxie financière ! "Sur ces deux projets, nous respectons nos critères d'investissement, nos critères très stricts de rentabilité", martèle le groupe. "Nous analysons chaque année 20 milliards d'euros de projets pour en réaliser finalement 11 milliards", aime à répéter Gérard Mestrallet. Une manière de dire que cette "stricte discipline financière" n'entravera pas la croissance du groupe.

Une chose est sûre : convaincre les marchés et les investisseurs qu'il ne transigera pas avec la rentabilité est un impératif absolu pour Gérard Mestrallet. Son titre a perdu 12 % en Bourse depuis le début de l'année, quand le CAC 40 a gagné 5 %. Sur six mois, GDF Suez a dégringolé de près de 21 %, le CAC 40 affiche un gain de près de 8 %. Et sur une longue période, ce n'est pas mieux. Le géant de l'énergie plonge de 25 % sur trois ans alors que le CAC 40 est en hausse de 13 %.

Si cette désaffection boursière n'est pas nouvelle, elle s'accentue avec les craintes récentes sur l'endettement du groupe après son acquisition d'International Power. La timidité des objectifs financiers énoncés par le groupe lors de la publication de ses résultats annuels début février lui avait fait perdre 8 % en deux jours.

Part étroite dans la production d'électricité en France

Rigueur ou pas rigueur, son élimination du futur marché de l'éolien offshore réduit encore la part, déjà étroite, de GDF Suez dans la production d'électricité en France. Sans centrale nucléaire dans l'Hexagone, le deuxième électricien mondial détient une portion congrue du parc français, à 75 % nucléaire. Après avoir bataillé de longues années, Gérard Mestrallet a renoncé à ses espoirs de devenir exploitant nucléaire en France en septembre 2010 en sortant du tour de table de "l'éventuel futur" EPR de Penly. Il avait pourtant failli se voir attribuer un EPR au moment où le gouvernement a accordé Flamanville à EDF en 2008.

Il était d'ailleurs reparti à l'attaque en proposant au printemps 2010 de construire le petit frère de l'EPR, un Atmea, sur les bords du Rhône. Il n'a pas reçu de réponse à ce jour. La pilule est d'autant plus amère pour GDF Suez que la Belgique, dont GDF Suez exploite les sept réacteurs, est une pionnière du nucléaire . Elle a construit en 1962 le premier réacteur à eau pressurisé en dehors des États-Unis.