Les géants de l'électricité et du gaz sous la pression des nouvelles politiques énergétiques

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  626  mots
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Jusqu'ici préservés des effets de la crise, les « utilities » européennes, comme EDF, E.ON, RWE ou GDF Suez, revoient à la baisse leurs perspectives. Les coûts des « virages » ou inflexions énergétiques viennent s'ajouter à la baisse de leurs ventes, souligne une étude de Capgemini parue ce lundi.

Le vent tourne pour les "utilities" européennes. Le cours d?EDF est tombé vendredi 14 novembre à 14 euros, son plus bas niveau historique depuis son introduction en Bourse fin 2005. La veille, l?électricien français avait fait savoir qu?il misait pour 2013 sur une « stabilité » de son excédent brut d?exploitation (Ebitda), contre une croissance comprise entre 4 et 6% en 2012. EDF table sur un retour à la croissance en 2014.

Des objectifs 2013 "hors de portée" pour E.ON
L?allemand E.ON de son côté a annoncé le 13 novembre une perte nette au troisième trimestre 2012, de 179 millions d?euros (contre un bénéfice net de 173 millions un an avant), assorti d?un résultat brut d?exploitation divisé par deux, à 390 millions d?euros. Le géant allemand du gaz et de l?électricien a en même temps émis un avertissement sur ses résultats 2013 en indiquant que ses objectifs étaient désormais « hors de portée ». Il tablait sur un Ebitda 2013 supérieur aux 10,4 à 11 milliards d?euros qu?il compte, encore, enregistrer en 2012. Le groupe allemand invoque pour justifier revirement des "grandes incertitudes" sur la conjoncture et le "changement de contexte" dans le secteur de l'énergie en Allemagne.

GDF Suez avait abaissé ses perspectives dès février dernier

GDF Suez, lui, avait pris la précaution d?afficher des objectifs très prudents dès le début de l?année. « Si les perspectives sont prometteuses sur le long terme, la croissance sera modeste sur 2012 », avait annoncé le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, en février dernier en présentant ses résultats 2011 . Le groupe avait alors jugé l'environnement « très incertain » dans les pays développés et prévoyait « des prix stables, voire en décroissance en Europe ». Ce qui ne l?a pas empêché d?afficher sur les neuf premiers mois un Ebitda de 12,8 milliards d'euros, en hausse organique de 5,8%. L'énergéticien a confirmé ses objectifs financiers annuels en dépit 'd'effets défavorables', en France et en Belgique notamment.

RWE à contre-courant

RWE, l?autre électricien allemand, a lui au contraire légèrement revu à la hausse ses prévisions 2012, mais essentiellement parce qu?il avait particulièrement chargé l?exercice précédent avec des charges exceptionnelles liées à la fermeture de deux des quatre réacteurs qu?il détient en Allemagne. L?électricien prévoit de supprimer près de 10.400 emplois d?ci fin 2014, dont un tiers à travers des cessions. Le groupe refuse

"La réglementation environnementale est un handicap pour l'Europe"

Au-delà de la crise économique qui rattrape ces géants de l?électricien et du gaz en pesant sur les consommations de leurs clients et sur les prix, ils ont surtout confrontés à de fortes contraintes réglementaires, note Cap Gemini dans son dernier Observatoire des marchés de l?énergie. Pêle mêle : les nouvelles taxes sur le nucléaire en Belgique et en Espagne, les coûts de la fermeture des réacteurs en Allemagne, les charges liées aux surcoûts des énergies renouvelables, les frais de connexions électriques, le coût des différentes mesures liées au renforcement de l?efficacité énergétique (avec des objectifs de baisse de vente pour les « utilities »), sans compter l?extension des tarifs sociaux dans certains pays comme la France.
« La réglementation environnementale est un handicap pour l?Europe et en particulier pour les électriciens et les gaziers qui voient leurs coûts s?alourdir », déplore Colette Lewiner, conseillère énergie du PDG de Capgemini. « Surtout, ces groupes pâtissent du manque du stabilité et de visibilité dans la réglementation au moment où ils doivent engager de lourds investissements sur le long terme », ajoute-t-elle.