Débat national sur l'énergie : il commence quand ?

Par MCL (avec AFP)  |   |  815  mots
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« Au bout d'un moment, on a quand même envie de parler d'énergie", lançait jeudi l'un des participants à la deuxième réunion du « parlement » du débat national sur la transition énergétique. Le 3ème rendez-vous, le 24 janvier, lancera « les groupes de travail ». Et le débat ?

Le "parlement" du débat national sur la transition énergétique, réuni pour la deuxième fois jeudi à Paris, à huis clos, s'est borné à cadrer l'organisation de cet exercice au long cours. Le débat de fond sur l'avenir énergétique de la France devrait débuter fin janvier, promettent les organisateurs. "On a une charte, on a un programme de travail dont on doit revoir un peu le calendrier, on démarre des groupes de travail qu'on va lancer en janvier", s'est félicitée Laurence Tubiana, facilitatrice du débat lancé fin novembre. Les questions d'organisation ne sont pas encore closes (lire compte rendu), mais des voix se font entendre pour que soit enfin abordé le fond, c'est-à-dire la réduction de la consommation d'énergie, la diminution de la part du nucléaire, le soutien aux énergies renouvelables et le financement de cette transition énergétique.
 

"On a envie de parler d'énergie"

"C'est important ces questions d'organisation, mais au bout d'un moment, on a quand même envie de parler d'énergie", s'impatientait le président de France Nature Environnement (FNE), Bruno Genty à l'issue de cette séance au Conseil économique, social et environnemental (Cese) à Paris. Cela devrait être fait lors de la prochaine plénière du "parlement", composé de 112 membres issus du monde de l'entreprise, des syndicats, des associations, des élus et de l'Etat, prévue le 24 janvier. Le débat en régions doit lui démarrer à partir de février et se poursuivre jusqu'à fin juin en vue d'une loi de programmation attendue pour septembre, et non plus pour juin comme le prévoyait le calendrier initial.

Pas de loi avant fin 2013, craint le président de la comission du développement durable

Ce démarrage poussif fait redouter un nouveau retard au président socialiste de la Commission du développement durable de l'Assemblée nationale, Jean-Paul Chanteguet. "Je crains que le projet de loi portant sur la transition énergétique n'arrive pas avant la fin de l'année 2013", a-t-il déclaré . "On voit bien que les associations et tous ceux qui participent à ce conseil national sont dans l'attente d'un vrai débat", a reconnu le député de l'Indre. "A la fin de l'année 2013, il se sera déjà écoulé presque deux ans du mandat du président de la République, qui est un mandat de cinq ans", a-t-il fait valoir. "Il faut que tout le monde comprenne qu'il faut qu'on passe à des discussions (de fond) et au débat", a ajouté Jean-Paul Chanteguet.

"Les choses remises dans le bon chemin" pour la Fondation Nicolas Hulot

Pour Laurence Tubiana, "Jean-Paul Chanteguet est peut-être un peu pessimiste", Mais, selon elle, il est néanmoins "clair" que les conclusions du débat ne pourront pas être rendues avant septembre. "Ce temps de préparation était vraiment nécessaire", a souligné de son côté Matthieu Orphelin, de la Fondation Nicolas Hulot. "Il y a un mois, c'était mal parti. Les choses se sont remises dans le bon chemin", a-t-il estimé.

Intéresser la société, cela prend du temps, affirme Delphine Batho

Interrogée par l'AFP, la ministre de l'Ecologie et de l'Energie Delphine Batho a défendu son calendrier en arguant du temps nécessaire pour caler cette organisation complexe. "On veut faire un débat qui intéresse les corps intermédiaires, mais qui intéresse aussi la société, donc c'est normal de prendre le temps d'une bonne organisation", a-t-elle estimé, avant de s'envoler pour le Japon pour assister à une réunion internationale sur la sûreté nucléaire.

Yves Cochet pour la fin du huis clos
Le député européen EELV et ex-ministre de l'Environnement Yves Cochet a pour sa part souhaité que les débats, à huis clos lors des deux premières réunions, soient davantage ouverts au "grand public et aux journalistes". Pour Bruno Rebelle, membre du comité de pilotage, les auditions qui pourront être menées par le "parlement" pourraient effectivement être ouvertes. Mais les débats eux-mêmes doivent rester à huis clos, "pour sortir des postures", a-t-il souhaité.

La composition du comité d'experts quasi arrêtée
Côté organisation, un nouveau pas a été fait. Une liste « provisoire » d'une quarantaine de personnalités pressenties pour composer le groupe d'experts chargés de situer les enjeux du débat a été débattue, même s'"il y a encore du travail" sur ce sujet, selon Laurence Tubiana. "Le but de cette équipe d'experts, dont le nombre peut encore évoluer, est d'incarner une série de domaines de compétences très large", allant de la production d'énergie aux transports en passant par la précarité énergétique, l'agriculture ou la géopolitique des matières premières, a indiqué à l'AFP le président de ce groupe d'experts, l'économiste Alain Grandjean.