Le soutien aux énergies renouvelables critiqué par le Commissariat général

Par latribune.fr  |   |  452  mots
Inaugurée en avril 2013, la Halle Pajol compte 3.500 m2 de panneaux solaires sur son toit. (Reuters/Charles Platiau)
Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, rattaché à Matignon, remet en cause les dispositifs de soutien aux énergies renouvelables matures, estimant qu'ils contribuaient à la crise du système électrique européen.

Le soutien à l'énergie renouvelable, vecteur de crise ? C'est la position du Commissariat général à la stratégie et à la prospective, qui estime mardi dans un rapport officiel que "les dispositifs de soutien aux ENR doivent évoluer de façon urgente".

"Le développement des énergies renouvelables qui ont atteint une certaine maturité technologique devrait reposer uniquement sur les mécanismes de marché", plutôt que sur des tarifs d'achat garantis quelle que soit la demande, ajoute l'organisme crée en avril dernier, et dirigé par Jean Pisani-Ferry.

Menace sur la sécurité d'approvisionnement

Selon le rapport, ces tarifs d'achat subventionnés ont contribué à la crise du système électrique européen, qui menace "sérieusement" la sécurité d'approvisionnement, le pouvoir d'achat des ménages, la compétitivité des entreprises ainsi que la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.

La surproduction d'électricité en Europe, due à la baisse de la demande et la montée en puissance des énergies renouvelables, a entraîné un repli des prix de gros et l'arrêt de centrales thermiques devenues non rentables, notamment celles au gaz qui servent à couvrir la demande en période de pointe.

"Les dix plus grandes compagnies d'électricité européennes ont annoncé l'arrêt de 38 gigawatts de capacité thermique d'ici 2015. A long terme, environ 40% de la capacité thermique actuelle risque d'être fermée pour des raisons économiques", pointe le Commissariat à la stratégie.

Croissance du charbon

Dans le même temps, la production de courant à partir de charbon croît avec l'effondrement du prix du CO2 sur le marché européen du carbone et le recul des cours mondiaux de cette ressource fossile fortement émettrice de CO2.

Les dispositifs de soutien aux énergies renouvelables auraient coûté plus de 30 milliards d'euros en Europe en 2012 aux ménages et entreprises, qui les financent, estime le rapport qui considère qu'ils ont "entraîné une augmentation du nombre de personnes en situation de précarité énergétique en Europe", et "creusé le fossé de compétitivité entre les industries européennes et leurs concurrents situés dans d'autres pays du monde, particulièrement aux Etats-Unis".

Augmenter la valeur du CO2

Le Commissariat propose donc d'augmenter le nombre d'interconnexions électriques entre les pays et d'étendre les Bourses de l'électricité à davantage de pays permettrait "d'optimiser l'adéquation de l'offre à la demande sur une zone géographique plus étendue".

Pour réduire les émissions de CO2, le rapport estime que la valeur de la tonne de CO2 doit atteindre de 40 à 50 euros sur le marché européen du carbone, contre 3 à 5 euros aujourd'hui. La mise en place de prix plancher et plafond donnerait en outre plus de visibilité aux investissements.