Le coût de l'électricité nucléaire a bondi de 21% depuis 2010

Par Tiphaine Honoré  |   |  536  mots
Selon le rapport de la Cour des comptes publié mardi, le coût de production de l'électricité nucléaire a augmenté de 10,5 € par mégawatt/heure entre 2010 et 2013. (Photo : Reuters)
Le rapport de la Cour des comptes est sans appel : le coût de l'électricité nucléaire, qui permet de produire 75% de l'électricité du pays, s'est envolé de 21% depuis 2010. Il devrait continuer son augmentation, notamment en raison des investissements en hausse pour entretenir les centrales vieillissantes.
  • Les faits : un coût en hausse de 21% 

Selon le rapport de la Cour des comptes publié mardi, le coût de production de l'électricité nucléaire a augmenté de 10,5 € par mégawatt/heure entre 2010 et 2013. Il est ainsi passé de 49,5€/MHh en 2010 à 60€ par mégawatt/heure en 2013, une hausse qui dépasse les 21% en trois ans. 

La cour des comptes s'est focalisée sur le coût de la production de cette électricité nucléaire qui représente près de 40% du prix payé par le consommateur. Elle n'a ainsi pas pris en compte les dépenses nucléaires militaires et les coûts de transport et de distribution de l'énergie. 

  • La cause : les investissements de maintenance et les taxes en hausse

Comme l'explique la Cour, la production d'électricité par le nucléaire "est une activité très capitalistique dont les coûts s'étalent sur une très longue période". D'importants investissements à long terme sont donc nécessaires. La progression s'explique ainsi notamment par la "forte croissance" des dépenses d'exploitation de l'opérateur des centrales EDF, se traduisant par l'achat de combustible nucléaire, le personnel, les taxes en augmentation...

 L'institution de la rue Cambon précise dans son rapport : 

"Compte tenu du poids de ces dépenses dans le coût de production de l'électricité nucléaire (41%, soit 24,8 euro/MWh en 2013), cette évolution, qui s'explique notamment par le déploiement du projet industriel d'EDF pour permettre le prolongement de la durée d'exploitation des réacteurs existants, a des conséquences lourdes sur le coût du MWh."

  •  Les perspectives : une hausse qui devrait s'inscrire dans la durée

En plus de l'augmentation des taxes et des dépenses d'exploitations, ce chiffrage intègre aussi les dépenses de maintenance, qui devraient partir en flèche pour atteindre 3,7 milliards d'euros par an en moyenne entre 2011 et 2025, contre 1,7 milliard en 2010.

Ces "investissements de maintenance, en particulier de sûreté, n'ont pas encore atteint leur maximum; ils devraient encore sensiblement progresser jusqu'en 2017, avant de commencer à diminuer", souligne la Cour des comptes.

Le programme dit de "grand carénage" (révision périodique) d'EDF prévoit en effet de mener pour 55 milliards d'euros de travaux de maintenance et de modernisation des 58 réacteurs nucléaires français qu'il exploite, à l'horizon 2025, pour pouvoir prolonger leur durée de vie au-delà de la limite de 40 ans initialement fixée lors de leur conception.

  • Les recommandations : clarifier les choix politiques

L'institution dirigée par Didier Migaud précise bien dans son rapport qu'elle "ne prend pas position sur la bonne ou mauvaise gestion des crédits publics concernés". Elle ajoute également avoir travaillé dans des délais très restreints, à la demande de la commission d'enquête de l'Assemblée Nationale, qui lui a commandé ce rapport. 

Alors que le président de la République François Hollande s'est engagé a ramener de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité en France en 2025, la Cour invite l'Etat à se prononcer rapidement sur un éventuel prolongement du parc existant au-delà de 40 ans "afin de permettre aux acteurs, notamment à EDF, de planifier les actions et les investissements qui en résulteront".