"Ignorer le gaz de schiste est un luxe que la France ne peut se permettre" (PDG de Solvay)

Par latribune.fr  |   |  544  mots
Très développée aux États-Unis, la méthode d'extraction par fracturation hydraulique a presque permis à la première économie mondiale d'être autosuffisante en hydrocarbures. Mais elle a aussi causé de nombreux dégâts environnementaux. (Photo : Reuters)
La France doit opérer un virage vers le gaz et du pétrole de schiste, selon un rapport de l'institut Montaigne et de BCG favorable à cette énergie non-conventionnelle. La méthode d'extraction reste très controversée.

"Ignorer totalement le gaz de schiste est un luxe que la France ne peut plus se permettre", analyse Jean-Pierre Clamadieu, PDG du groupe de chimie Solvay et président du groupe de travail qui a rédigé le rapport "Gaz de schistes: comment avancer".

Ce rapport, réalisé en partenariat avec le cabinet Boston Consulting Group (BCG) et l'institut Montaigne, il est estimé que le gaz de schiste "est déjà une réalité qui a bouleversé les équilibres économiques internationaux".

Ses auteurs plaident notamment pour que la France lance un plan de recensement des ressources sous le contrôle d'une commission ad hoc ainsi que des sites pilotes sur la fracturation hydraulique.

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Compétitivité et transition énergétique

Principal argument des auteurs: les conséquences négatives sur la compétitivité de l'industrie française face aux entreprises américaines qui bénéficient de l'exploitation massive des gaz de schiste dans ce pays.

Mais selon le rapport, le développement des gaz de schiste américains a entraîné également une importation massive de charbon en Europe - devenu moins cher que le gaz européen - qui "menace les progrès de réduction d'émissions" de gaz à effet de serre.

Dans la logique de développement du mix-énergétique, le gaz naturel est donc "une source d'énergie incontournable pour accompagner efficacement la transition énergétique" et ouvrir la porte aux gaz non conventionnels en France ce qui permettrait de "créer des marges de manoeuvre nécessaires pour investir ailleurs et accélérer ainsi le redressement économique et la transition énergétique de notre pays", plaident les auteurs. C'est pourquoi ils proposent de "rendre systématique et contraignante la réalisation d'études d'impact environnemental" afin de maîtriser ces risques.

La France ne pourra pas exporter comme les États-Unis

Pour autant, il y a peu de chance de voir un jour la France exporter son gaz de schiste comme les États-Unis peuvent le faire, avertit une étude du cabinet Carbone 4 présentée ce jeudi. 

"Un développement des gaz de schiste peut certes aider à compenser le déclin de la production conventionnelle, mais on ne voit pas très bien comment ça pourrait nous faire devenir un pays exportateur."

Une méthode d'extraction très controversée

Pour les opposants aux gaz et pétrole de schiste, c'est la méthode d'extraction par fracturation hydraulique qui concentre la majeur partie des craintes. Celle-ci consiste à injecter de l'eau à forte pression et des produits chimiques, afin de briser les roches situées à de très grandes profondeurs, dans lesquelles le gaz et le pétrole de schiste sont prisonniers et ainsi de les faire remonter en surface.

Les associations de défense de l'environnement et des experts dénoncent plus particulièrement les risques liés aux pollutions des nappes phréatiques en cas de fuite, ou encore les émissions de gaz à effet de serre engendrées par cette production. Les images, réalisées pour des documentaires, de particuliers mettant feu à l'eau qui coule de leurs robinets ont fait sensation depuis l'avènement de ces hydrocarbures aux États-Unis ces dernières années.