Décès du patron de Total : des têtes commencent à tomber en Russie

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  523  mots
Le conducteur du chasse-neige impliqué dans la collision avec l'avion de Christophe de Margerie, Vladimir Martynenko, a été conduit au tribunal jeudi, où il doit comparaître devant le juge.
Comparution d'un suspect, nouvelles mises en garde à vue... Les recherches autour de la mort de Christophe de Margerie menée par le Comité d'enquête russe progressent.

Les enquêteurs russes ont placé en garde à vue jeudi 23 octobre quatre employés de l'aéroport Vnoukovo, près de Moscou, où l'avion de Christophe de Margerie était entré en collision avec un chasse-neige dans la nuit de lundi à mardi, avant de s'écraser en provoquant la mort du PDG du pétrolier français, des deux pilotes et d'une hôtesse de l'air.

L'aiguilleuse du ciel était une stagiaire

Il s'agit du chef des nettoyeurs de pistes et du responsable du contrôle des vols, ainsi que de l'aiguilleuse du ciel qui contrôlait le décollage de l'avion et de son supérieur qui la supervisait. Ils "sont détenus en tant que suspects", faute d'avoir respecté les normes de sécurité, a précisé le Comité d'enquête, structure chargée des investigations criminelles en Russie.

La contrôleuse aérienne, qui avait encore le statut de "stagiaire" selon les enquêteurs, avait été embauchée en août selon une source au sein de l'aéroport de Vnoukovo citée par l'AFP. Elle opérait toutefois sous la supervision d'un contrôleur du ciel réputé, Alexandre Krouglov, connu surtout pour avoir empêché le crash d'un avion en 2007 à Vnoukovo.

Le conducteur du chasse-neige devant le tribunal

Parallèlement, le directeur général Andreï Diakov, en poste depuis 2005, et son adjoint Sergueï Solntsev, ont démissionné jeudi. Les enquêteurs avaient dénoncé mardi la "négligence criminelle" de la direction de Vnoukovo.

Le conducteur du chasse-neige impliqué dans la collision avec l'avion de M. de Margerie, Vladimir Martynenko, a pour sa part été conduit le même jour au tribunal, où il doit comparaître devant le juge.

Le conducteur avait 0,6 gramme d'alcool par litre de sang au moment de l'accident, a rapporté jeudi le Comité d'enquête russe. Son avocat a démenti tout état d'ébriété en invoquant ses problèmes cardiaques l'empêchant de boire.

Martynenko dit avoir "perdu (ses) repères"

Dans les premières images de son interrogatoire montrées mercredi par les télévisions publiques russes, Martynenko dit avoir "perdu (ses) repères".

"Je ne me suis pas rendu compte que j'entrais sur la piste de décollage", déclare-t-il.

Son avocat a indiqué mercredi qu'il n'était pas seul à travailler et qu'il faisait partie d'une "colonne de déneigeuses". Vladimir Martynenko a dû, selon lui, sortir de son véhicule pour vérifier s'il avait heurté un obstacle, prenant un retard de "30 à 40 secondes", suffisant pour "perdre de vue la colonne".

"Le convoi a quitté la piste, mais l'aiguilleur du ciel n'a pas remarqué qu'un véhicule restait encore" sur la piste, a affirmé l'avocat.

L'analyse des boîtes noires en cours

Les experts russes, secondés par leurs homologues français du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), continuent l'analyse des données contenues dans les "boîtes noires" de l'avion de Total. Selon le vice-président du Bureau d'enquête pour la sécurité de l'aviation civile russe (MAK), Sergueï Zaïko, l'analyse des données de vol commencée mercredi doit prendre "deux à trois jours".