À Paris, la pollution de l'air est aussi nocive que le tabagisme passif

Par latribune.fr avec AFP  |   |  556  mots
L'étude a montré que pendant une journée standard, les Parisiens inhalent environ 200.000 particules fines par litre d'air.
Le 13 décembre 2013, au plus fort du pic de pollution, les Parisiens ont inhalé jusqu'à 6 millions de particules fines par litre d'air: pour la première fois, une étude a permis de mesurer dans l'atmosphère de la capitale ces particules inférieures à un micron, très nocives pour la santé.

Deux jours avant le lancement jeudi 27 novembre par le ministère de l'Écologie de la Conférence environnementale, l'étude résonne comme un signal d'alarme :

"C'est une situation semblable à celle du tabagisme passif. Un test en laboratoire a montré que la fumée de huit cigarettes dans une pièce d'environ 20 mètres carrés produit autant de particules", révèle cette étude réalisée à l'aide d'un nouvel appareil laser, le Light optical aerosol counter (LOAC) mis au point par le CNRS et embarqué à bord du "Ballon de Paris".

200.000 particules fines inhalées par litre d'air

Les relevés effectués pour cette étude expérimentale, concernaient les particules inférieures à un micron, qui sont aussi les plus dangereuses pour la santé, a précisé lors d'une conférence de presse l'association Airparif, chargée de mesurer la qualité de l'air à Paris.

L'étude a ainsi montré que pendant une journée standard, les Parisiens inhalent environ 200.000 particules fines par litre d'air. Plus préoccupant, elle a également mis en évidence que lors de l'épisode de pollution du 9 au 14 décembre 2013, une moyenne de trois millions de ces particules par litre d'air a été enregistrée tout au long de la journée. Un record a même été atteint le 13 décembre, avec un pic à six millions de particules à 18h.

"La dangerosité de cet épisode a peut-être été sous-estimée", les résultats de l'étude n'étant pas encore connus, a relevé Jean-Baptiste Renard, chercheur au CNRS.

 Danger pour la santé

Le sujet est pris au sérieux par la Mairie de Paris qui s'est inquiétée lundi 24 novembre dans un communiqué des risques que ces particules font peser sur la santé :

"La pollution atmosphérique, et en particulier celle liées aux particules a des effets avérés sur la santé et contribue au développement de pathologies chroniques (infarctus du myocarde, affections respiratoires, affections cardiovasculaires, cancers) qui peuvent conduire à l'hospitalisation, voire au décès".

Les particules sont en effet à l'origine de 42.000 décès chaque année, ont rappelé lundi les auteurs de l'étude, qui ont insisté sur la nécessité d'agir rapidement pour réduire les émissions de ces particules. L'OMS estime quant à elle que plus de 2 millions de personnes dans le monde meurent chaque année du fait de l'inhalation de particules fines présentes dans l'air intérieur et extérieur

Agir "dès 2015"

 "Il y a une faille dans la législation actuelle parce que les particules fines ne sont ni mesurées ni réglementées", a relevé Christophe Najdovski, l'adjoint (EELV) au maire chargé des Transports. L'élu a souligné que la ville de Paris préparait "pour début 2015 un plan pour réduire les émissions de polluants".

"Ce plan aura deux axes, l'un visant à réduire le volume de la circulation automobile en développant les alternatives à la voiture comme le covoiturage ou l'autopartage, l'autre à modifier le parc roulant constitué à 60% de véhicules diesel", a-t-il dit.

L'une des pistes étudiées par la municipalité est la mise en place, à Paris, de zones à bas niveau d'émission dont l'accès serait limité, voire interdit, aux véhicules les plus polluants. Des zones à faible émission existent déjà dans 200 villes en Europe mais aucune en France.