Areva confirme de lourdes pertes et n'exclut pas des suppressions d'emplois

Par latribune.fr avec AFP et Reuters  |   |  887  mots
D'ici la publication de ses comptes semestriels, Areva présentera un plan de financement pour la période 2015-2017 qui comportera un programme de cessions d'actifs supérieur à 450 millions d'euros.
Le spécialiste public du nucléaire, dont l'État français contrôle directement ou indirectement près de 87% du capital, a annoncé dans un communiqué un milliard d'euros d'économies à l'horizon 2017.

| Article publié le 4 mars à 7h59, mis à jour à 9h23.

Areva a officialisé mercredi 4 mars de lourdes pertes au titre de 2014, en raison d'importantes dépréciations d'actifs et de provisions, et annoncé son intention de mettre en œuvre un plan d'économies d'un milliard d'euros à l'horizon 2017.

Des suppressions d'emplois mais pas de licenciements

Le directeur général d'Areva Philippe Knoche a affirmé lors d'une conférence de presse à l'occasion de la présentation des résultats que le groupe n'excluait pas des suppressions d'emplois dans le cadre de son plan de redressement.

"Nous ferons tout pour que, s'il doit y avoir des départs, ils se fassent sur la base du volontariat."

De son côté, le ministre du Travail François Rebsamen a déclaré sur France Inter ne pas avoir connaissance à ce stade d'un plan de suppression de postes. "S'il y avait des suppressions de postes, cela se ferait bien sûr sans licenciements", a-t-il ajouté.

La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a elle aussi déclaré mercredi qu'il n'y avait "a priori pas de licenciements prévus" mais des "départs volontaires ou anticipés en partenariat et en discussion avec les organisations de salariés"".

"La courbe démographique des salariés de ces entreprises permet des départs volontaires. C'est ce qui est en train d'être regardé", a-t-elle affirmé à la sortie du Conseil des ministres, tout en soulignant qu'"il faut respecter les gouvernances de ces entreprises, leur laisser la définition fine des stratégies, ne pas perturber leur responsabilité, être en partenariat avec elles".

"Je suis convaincue que les choses seront bien faites", a-t-elle ajouté.

Plan de financement à détailler

Le spécialiste public du nucléaire, dont l'État français contrôle directement ou indirectement près de 87% du capital, a aussi fait savoir dans un communiqué qu'il présenterait d'ici la publication de ses comptes semestriels un plan de financement pour la période 2015-2017 qui comportera un programme de cessions d'actifs supérieur à 450 millions d'euros.

Ce plan inclura "des partenariats comportant un volet financier" et un "renforcement de ses fonds propres". Il passera par un recentrage sur "le cœur des procédés nucléaires", une refonte du partenariat avec EDF et un renforcement d'Areva en Chine.

Un rapprochement capitalistique avec EDF?

Notons à cet égard que le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a déclaré mercredi dans le Figaro que la "refonte" du partenariat entre EDF et Areva pourrait aller "jusqu'à un rapprochement, y compris capitalistique". "Les modalités ne sont pas encore arrêtées", a-t-il ajouté. "Ce peut être une plus grande coopération industrielle, ou aller jusqu'à un rapprochement, y compris capitalistique. Je pense en particulier à toute l'activité réacteurs, de l'ingénierie à la maintenance".

Philippe Knoche a néanmoins affirmé que les discussions éventuelles sur ce sujet ne se dérouleront que "dans un second temps", a déclaré, le directeur général du spécialiste français du nucléaire: "Aujourd'hui, les discussions avec EDF portent sur des points opérationnels", affirme-t-il.

Un double défi

"L'ampleur de la perte nette de l'exercice 2014 illustre le double défi auquel Areva est confronté : stagnation durable des activités nucléaires, manque de compétitivité et difficile gestion des risques inhérents aux grands projets. Le groupe a pris la mesure de la gravité de la situation", a déclaré le directeur général, Philippe Knoche, cité dans le communiqué.

"Areva va se recentrer sur son cœur de métier, la maîtrise des procédés nucléaires clés pour le fonctionnement du parc mondial. Ce recentrage stratégique conduira à la révision de certaines ambitions, que ce soit dans la conduite des projets de nouveaux réacteurs ou dans les énergies renouvelables", a-t-il ajouté.

Sortir de la crise

"L'urgence pour le groupe est de sortir de la crise qu'il traverse et d'assurer son avenir avec le lancement immédiat d'un plan de compétitivité ambitieux, fondé sur la simplification des organisations, la qualité des opérations, et une toute nouvelle approche de la gestion des risques pour les grands projets."

Confronté à une demande atone de la part de ses clients électriciens, en particulier dans les services et les nouveaux projets, le groupe vise un cash-flow net positif en 2018, alors que cet indicateur de sa capacité à autofinancer ou non son développement s'est établi à -1,3 milliard d'euros l'an passé.

Perte record de près de 5 milliards d'euros

Pour 2015, le cash-flow net, hors plan de compétitivité et coûts de mise en oeuvre associés, devrait s'établir entre -1,7 et -1,3 milliard d'euros.

Areva a enregistré au titre de 2014 une perte opérationnelle de 2.645 millions d'euros (contre 34 millions en 2013), un excédent brut d'exploitation (retraité) de 735 millions (contre 991 millions) et un chiffre d'affaires, déjà publié, de 8,33 milliards (-8,0%).

Sa perte nette part du groupe atteint 4,8 milliards d'euros, un chiffre proche des 4,9 milliards annoncés le 23 février.

Cette perte d'Areva, la quatrième consécutive, inclus notamment une nouvelle provision de 720 millions d'euros au titre de l'EPR finlandais OL3, qui connaît d'importants retards et surcoûts, ainsi que 1.460 millions de provisions pour pertes de valeur d'actifs des activités nucléaires.

Le groupe n'envisage pas de dividende au titre de 2014.