L'Allemagne peine à interdire le chauffage au gaz et au fioul

Par latribune.fr  |   |  717  mots
La proposition d'imposer dès janvier prochain à toute nouvelle chaudière de fonctionner avec au moins 65% d'énergie renouvelable a provoqué une grave crise gouvernementale, arbitrée par par le chancelier Olaf Scholz. (Crédits : LEONHARD SIMON)
Un projet de loi destiné à diminuer le recours aux chauffages les plus polluants en Allemagne sera soumis aux députés cette semaine, mais dans une version édulcorée. Un compromis a été trouvé entre les formations gouvernementales. La population s'inquiète du coût de la transition.

En Allemagne, le gouvernement d'Olaf Scholz débat depuis des semaines de mesures visant à réduire drastiquement les émissions de CO2 dans le secteur du bâtiment, en interdisant l'installation de nouveaux chauffages au gaz et au fioul pour privilégier les sources d'énergie renouvelable.

Lire aussiGrâce à la crise du gaz, l'Europe a réduit ses émissions de CO2 liées à l'énergie

Un projet de loi pour diminuer le recours aux chauffages les plus polluants en Allemagne, autour duquel se déchire la coalition gouvernementale, sera finalement soumis aux députés cette semaine. Il figurera toutefois dans une version édulcorée, ont indiqué mardi 13 juin des sources parlementaires.

Un compromis déniché

La proposition initiale consistait à imposer dès janvier prochain à toute nouvelle chaudière de fonctionner avec au moins 65% d'énergie renouvelable. Elle a provoqué une grave crise gouvernementale entre le parti social-démocrate d'Olaf Scholz, celui des Verts, à l'origine de la mesure, et le parti libéral qui critiquait le calendrier et le financement.

Lire aussiFin des chaudières à gaz : tout comprendre sur cette bombe sociale

Les responsables parlementaires des trois formations ont finalement indiqué mardi qu'un compromis avait été trouvé après une ultime séance de négociations, sous l'égide du chancelier. Le projet de loi devrait ainsi être présenté au parlement cette semaine, avant la pause estivale comme le gouvernement s'y était engagé.

Mais le texte devrait subir un assouplissement majeur, le patron des députés libéraux Christian Dürr, indiquant que les règles s'imposant aux nouvelles installations de chauffage n'entreront en vigueur qu'en 2028. Malgré l'engagement des pouvoirs publics à prendre en charge une part importante du coût des systèmes moins polluants, les plans du gouvernement ont suscité beaucoup d'inquiétudes dans la population, au regard des sommes élevées à engager.

La popularité du parti d'extrême droite grimpe en flèche

La nouvelle loi vise à favoriser l'usage des pompes à chaleur, installations hybrides incluant par exemple le solaire, chaudières capables de fonctionner à l'hydrogène, raccordement aux systèmes de chauffage urbain. Depuis l'adoption du projet de loi en conseil des ministres en avril, le mécontentement avait enflé, contribuant à une chute de popularité inédite du gouvernement d'Olaf Scholz, au pouvoir depuis fin 2021.

Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui s'est emparé du combat contre les mesures de protection du climat, voit sa popularité grimper en flèche, atteignant des niveaux d'intention de vote jamais vus depuis son entrée au parlement en 2017.

En France, un objectif ambitieux

La transition ne se fait pas non plus sans heurts outre-Rhin. Le gouvernement d'Elisabeth Borne, la cheffe du gouvernement, a lancé le 5 juin une concertation jusqu'au 28 juillet, avec des élus et des professionnels. Au menu, l'accélération de la décarbonation des moyens de chauffage dans le bâtiment, l'idée étant entre autres d'interdire l'installation de chaudières au gaz neuves et de supprimer le quart des chaudières au gaz d'ici 2030.

Cette démarche s'inscrit dans le cadre de la planification écologique lancée par la Première ministre et doit permettre de « sécuriser l'atteinte des engagements climatiques du pays d'ici 2030 », en cherchant notamment à savoir comment accélérer la dynamique de dépose des chaudières fossiles (fuel et gaz) dans les bâtiments, dans le parc tertiaire et dans le parc résidentiel, pour les remplacer notamment par des pompes à chaleur, des poêles à pellets de bois, des solutions géothermiques ou un raccordement au chauffage urbain s'il existe.

Lire aussiTransition énergétique : Ma Prime Rénov' va bénéficier d'une nouvelle enveloppe de 300 millions d'euros

D'après des statistiques du Centre d'études et de recherches économiques sur l'énergie (Ceren), 11,2 millions de résidences principales recouraient au gaz naturel et gaz de pétrole liquéfié pour se chauffer en France en 2021 (collectif ou individuel), et quelque 2,7 millions de résidences principales étaient chauffées au fioul domestique. Le dispositif Ma Prime Renov', mis en place pour aider au financement des travaux de rénovation énergétique, surtout des ménages les plus modestes, a déjà acté la fin des aides pour l'installation de chaudières à gaz, y compris les plus modernes qui recyclent leurs gaz d'échappement.

(Avec AFP)