Après l'essence, le prix de l'électricité flambe à son tour en 2019

Par latribune.fr  |   |  1049  mots
Selon le gouvernement, la hausse du prix de l'électricité pourrait être contenue en modifiant le mode de calcul du tarif réglementé. (Crédits : Reuters)
Selon plusieurs associations d'énergéticiens alternatifs, les prix de l’électricité risquent d'augmenter de 8% à 10% l'an prochain, en raison des prix élevés sur les marchés mondiaux. Cette annonce intervient alors que la hausse de la fiscalité sur les carburants, prévue pour le 1er janvier 2019, suscite déjà la contestation à travers le mouvement des « gilets jaunes ».

« Une très mauvaise nouvelle pour les consommateurs d'électricité ». C'est ainsi que le Comité de liaison des entreprises consommatrices d'électricité (CLEE) et d'autres associations d'énergéticiens alternatifs, qualifient ce vendredi l'augmentation significative des prix de l'électricité (de l'ordre de 8% à 10%) prévue pour l'année prochaine. Le CLEE, qui regroupe des entreprises consommatrices d'électricité, évoque le chiffre de « 1,470 milliard d'euros de surcoût pour la seule année 2019, sans doute davantage en 2020 ».

« Tous les consommateurs seront impactés, qu'ils soient particuliers, professionnels, industriels, qu'ils soient au tarif réglementé chez EDF ou fournis par un concurrent », prévient le CLEE. Cette mise en garde fait notamment suite à une annonce, jeudi soir, de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) chargée de garantir le bon fonctionnement des marchés français de l'énergie (gaz, électricité). Elle se charge notamment de calculer le tarif réglementé de l'électricité et de transmettre sa proposition de tarif au gouvernement.

Dans le cadre du mécanisme baptisé Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), la CRE a indiqué avoir reçu un total de demandes équivalent à 132,93 térawattheures (TWh) pour l'année 2019 de la part de concurrents d'EDF.

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Le marché mondial fait flamber les prix

Celui-ci oblige EDF à revendre à ses concurrents une partie de son électricité nucléaire produite en France au prix régulé, actuellement nettement inférieur au marché, de 42 euros le mégawattheure (MWh). Aussi, les opérateurs alternatifs préfèrent se fournir auprès de l'électricien public français plutôt que sur le marché de gros, où les prix avoisinent les 58 euros .

Cependant un plafond limite cette offre à 100 TWh maximum. Or, les opérateurs alternatifs ont demandé plus que ce qu'ils pouvaient obtenir et devront donc se fournir en partie sur le marché et, de facto, répercuter la hausse du tarif.

« Les clients d'EDF ne sont pas davantage à l'abri : l'entreprise a en effet obligation, dans son tarif réglementé comme dans ses offres de marché, de répliquer dans ses prix les obligations de ses concurrents », souligne l'association.

Deux associations de fournisseurs d'énergie alternatifs, l'Afieg (Association Française Indépendante de l'Electricité et du Gaz) et l'Anode (Association Nationale des Opérateurs Détaillants en Énergie), ont aussi mis en garde sur des hausses de prix. Selon elles, l'atteinte du plafond de l'Arenh aura pour « conséquence de renchérir globalement le prix de la fourniture d'électricité de l'ensemble des consommateurs français, au seul bénéfice d'EDF ».

François de Rugy veut amortir le choc

Cette augmentation programmée des prix de l'électricité fait polémique alors que la contestation des « gilets jaunes », déclenchée suite à l'annonce de la hausse de la fiscalité sur les carburants prévue pour le 1er janvier 2019, bat son plein. Mais le gouvernement se veut intransigeant. Ainsi, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a confirmé, ce vendredi, sur BFMTV-RMC , l'inflation du prix de l'électricité après avoir promis, ce jeudi, qu'elle serait « la plus modérée possible ».

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Comment le gouvernement peut-il s'y prendre ? Le prix de l'électricité est fixé selon des critères complexes tenant compte des tarifs régulés et des marché de gros pour les fournisseurs alternatifs. François de Rugy a critiqué ce mode de calcul, en particulier celui du tarif réglementé, et a fait savoir qu'il ne serait pas appliqué de façon mécanique sur le prix final l'année prochaine. « Parce que si c'est une application mécanique, [la facture d'électricité] viendra s'ajouter en effet à d'autres factures à la hausse », a-t-il pointé, rappelant que le prix du mégawattheure (MWh) a été multiplié par 1,5 en un an. D'une manière générale, le ministre veut  « qu'on change ce système de fixation des prix qui n'est pas bon ».

Pour éviter cette application mécanique de la hausse des prix, François de Rugy a évoqué la possibilité de baisser la CSPE. Cette contribution au service public de l'électricité est une taxe reversée aux opérateurs pour financer notamment le développement des énergies renouvelables, les surcoûts de production dans les territoires d'outre-mer ou encore la solidarité avec les plus démunis. « La CSPE n'a pas été augmentée et nous allons même regarder s'il ne faut pas la baisser pour amortir la hausse des prix de l'électricité, ce qui aura un coût », a déclaré François de Rugy sur RMC.

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Vers une évolution des tarifs réglementés ?

Pour leur part, les opérateurs alternatifs estiment que le plafonnement actuel de l'Arenh « les met inutilement en risque sur leur approvisionnement et entrave le développement de la concurrence », EDF détenant encore 80% du marché de l'électricité pour les particuliers en France. Ils proposent ainsi « soit un relèvement très conséquent du plafond (...) dès que possible, soit sa suppression pure et simple - le rationnement qu'il implique étant totalement injustifié et au détriment des consommateurs ».

La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a, elle, indiqué jeudi soir qu'elle proposerait au gouvernement au mois de février 2019 « une évolution des tarifs réglementés de vente de l'électricité en vue d'un ajustement de début d'année ».

Alors que l'exécutif souhaite revoir la régulation des prix de l'électricité, la CRE a souligné que « l'atteinte du plafond (de l'Arenh) en l'absence d'évolution du tarif de 42 euros (constituait) un élément nouveau qui incite fortement à une réflexion sur l'avenir du dispositif ».

 (Avec AFP et Reuters)