Areva étudie un projet de cession de sa filiale "réacteurs" à EDF

Par latribune.fr avec AFP  |   |  634  mots
L'Etat, actionnaire majoritaire d'Areva et EDF, a demandé à plusieurs reprises aux deux groupes de travailler à un rapprochement, en particulier dans l'activité "réacteurs", afin de favoriser le redressement d'Areva.
Le groupe nucléaire Areva, en grande difficulté financière, a présenté jeudi en comité de groupe France deux scénarios concernant sa filiale Areva NP (réacteurs et ingénierie), dont une cession totale à EDF, a-t-on appris de sources concordantes.

Publié le 03/04/2015 à 07:40. Mis à jour le 03/04/2015 à 12:59.

Comme annoncé fin mars dans la presse, l'une des filiales d'Areva, la division Areva NP (réacteurs et ingénierie), pourrait bien être cédée à EDF. C'est l'une des deux options présentées jeudi 2 avril au soir lors d'un comité du groupe nucléaire français, selon la CFDT et une source proche des discussions.

Plus précisément, Areva NP pourrait faire l'objet d'un projet de cession totale ou d'un projet de regroupement des équipes d'ingénierie d'Areva NP et d'EDF, dans une structure contrôlée par l'électricien.

L'avenir d'Areva NP scellé fin avril

La direction du groupe a confirmé que l'ordre du jour avait été modifié pour se concentrer sur la question du rapprochement entre Areva et EDF. Le directeur général Philippe Knoche "a présenté les différents scénarios à l'étude et répondu aux questions sur ce sujet", a déclaré un porte-parole à l'AFP, sans donner davantage de détails.

"L'objectif est qu'un scénario privilégié soit retenu d'ici fin avril", a de son côté réagi le ministère de l'Economie auprès de l'AFP.

L'Etat, actionnaire majoritaire d'Areva et EDF, a demandé à plusieurs reprises aux deux groupes de travailler à un rapprochement, en particulier dans l'activité "réacteurs", afin de favoriser le redressement d'Areva.

"Scénario extrêmement nocif"

"C'est la première information officielle" sur les projets stratégiques du groupe, a précisé Jean-Pierre Bachmann, coordinateur CFDT, en qualifiant de "scénario extrêmement nocif" le projet de cession totale. Une telle cession mettrait fin au modèle de groupe intégré, de l'extraction du minerai d'uranium jusqu'au traitement des déchets, cher à l'ancienne Pdg Anne Lauvergeon.

Pour la CFDT, elle amputerait "ses compétences, son périmètre et son coeur de métier nucléaire" sans répondre "aux besoins de financement" d'Areva, alors que "d'autres solutions sont envisageables pour le redressement" du groupe. La CFDT demande donc à l'Etat "de surseoir à sa décision de vendre Areva NP à EDF".

Difficultés financières

Le 4 mars, le groupe contrôlé à 87% par des capitaux publics avait dévoilé une perte nette de près de 5 milliards d'euros et dit travailler à une restructuration, qui passerait par un recentrage de ses activités sur "le cœur des procédés nucléaires" et la cession de certains de ses actifs.

Areva NP, ex-Framatome, regroupe notamment toutes les activités concernant l'ingénierie des réacteurs nucléaires, leur construction et la fabrication de leurs composants. En termes d'effectifs, Areva NP et ses filiales comptent environ 20.000 salariés dans le monde, soit près de la moitié des effectifs totaux d'Areva.

Les syndicats opposés à une cession des réacteurs à EDF

 La cession totale ou partielle à EDF des activités d'Areva dans les réacteurs nucléaires représenterait un démantèlement du groupe et ne répondrait pas à ses besoins financiers, ont estimé vendredi les syndicats du spécialiste public du nucléaire.

"Les membres du comité de groupe France sont opposés au démantèlement du groupe par cession totale ou partielle d'Areva NP vers EDF. Ce scénario n'a rien d'industriel et nous rappelle les erreurs du passé (...)", ont indiqué vendredi la CFDT, la CGT, le CFE-CGC, FO et l'UNSA dans un communiqué commun.

"Les incidences catastrophiques n'ont visiblement pas été étudiées. Le scénario ne résiste pas à une analyse fine des impacts commerciaux, sociaux et réglementaires et ne répond nullement aux besoins financiers à moyen terme du groupe", ont ajouté les syndicats.

Les représentants du personnel d'Areva demandent en conséquence des solutions alternatives permettant "de maintenir et consolider tous les outils industriels indispensables aux besoins de la filière en évitant toute casse sociale".