Au Danemark, Energinet, l'entreprise publique qui gère le réseau de transport d'énergie (gaz et électricité), a revu à la baisse une deuxième fois son niveau de vigilance depuis le 27 septembre dernier, quand elle l'avait élevé à « orange »à cause du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 transportant du gaz depuis le territoire russe vers l'Allemagne.
Pour rappel, le 27 septembre, des sismographes avaient enregistré d'importantes explosions sous-marines suspectes. Les avions dépêchés sur zone repéraient quatre énormes fuites de gaz (photo ©Reuters ci-dessous) au large de l'île danoise de Bornholm et près des côtes sud de la Suède.
Les fuites de gaz étaient toutes dans les eaux internationales, mais deux se trouvaient dans la zone économique exclusive (ZEE) danoise et deux dans la ZEE suédoise (voir cartes ci-dessous)
Tensions géopolitiques et chantage énergétique
Les gazoducs Nord Stream 1 et 2 reliant la Russie à l'Allemagne ont été au centre de tensions géopolitiques pendant des mois, les Occidentaux accusant Moscou de se servir de l'arme énergétique en rétorsion aux sanctions adoptées par l'UE et ses alliés après l'invasion de l'Ukraine. En effet, l'opérateur russe Gazprom avait à plusieurs reprises réduit le débit en juin, puis encore en juillet, en prétextant des problèmes techniques dans un jeu de stop and go jusqu'au 2 septembre il coupait complètement le robinet. Mais, moins d'un mois plus tard, le 27 septembre, avait lieu le stupéfiant sabotage sous-marin des deux gazoducs, victimes de quatre attaques provoquant d'énormes bouillonnements visibles à la surface de la mer Baltique allant de 200 jusqu'à 1.000 mètres de diamètre.
Les enquêtes des autorités du Danemark et de Suède ont confirmé un sabotage et les experts s'accordent à dire que seul un État a les moyens de mener une telle opération.
Mais l'enquête toujours en cours n'a pas déterminé qui était responsable de l'attentat, et les versions qui circulent divergent, pointant tantôt la Russie tantôt le camp occidental.
Moscou a ainsi accusé Londres début novembre d'avoir « été dirigée et coordonnée par des spécialistes militaires britanniques », une accusation visant à « détourner » les suspicions contre la Russie, selon Downing Street. Le chef de la diplomatie russe Sergei Lavrov a accusé mercredi les Européens de ne pas mener d'enquêtes dignes de ce nom sur les explosions.
Le niveau d'alerte presque redescendu au plus bas
Dans le détail, l'opérateur du réseau électrique et gazier danois a ramené jeudi son niveau de vigilance à « vert », son deuxième niveau le plus faible, après avoir déjà été baissé d'un cran à « jaune », fin octobre, alors qu'il était précédemment à « orange », a annoncé Energinet dans un communiqué.
Le niveau d'alerte le plus bas est le blanc, qui s'applique dans une situation normale. À l'autre extrémité de l'échelle se trouve le niveau rouge.
C'est l'Autorité danoise de l'énergie (Energistyrelsen) qui lui a demandé de diminuer la vigilance d'un cran après une « analyse du niveau de menace », explique l'entreprise publique de transport d'énergie.
Pour des raisons de sécurité, les mesures concrètes de surveillance, de prévention et de sécurisation physique des bâtiments et installations vitaux face à de tels risques d'attentat ou de sabotage restent confidentielles.
Réflexion à l'OTAN pour mieux protéger les infrastructures maritimes
Hors service au moment des faits, les deux gazoducs - symboles de la dépendance allemande au gaz russe - contenaient toutefois d'importantes quantités de méthane, qui se sont échappées pendant plusieurs semaines provoquant des bouillonnements impressionnants.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et son homologue norvégien Jonas Gahr Store ont annoncé fin novembre avoir lancé au sein de l'Otan une initiative afin de mieux protéger les infrastructures maritimes.
(avec AFP)