Carburants : la grève est reconduite dans les cinq sites de TotalEnergies jusqu'à au moins mardi

Par latribune.fr  |   |  701  mots
(Crédits : Reuters)
La CGT a confirmé ce samedi que la grève dans les cinq raffineries françaises de TotalEnergies se poursuivra jusqu'à au moins mardi, faute d'accord avec la direction sur les hausses de salaires réclamées par le syndicat. Pour Esso-ExxonMobil, dont les deux raffineries ont mis fin à leur grève vendredi, le retour à la normale prendra au moins deux semaines.

Après les raffineries de Normandie et de Donges, qui avaient annoncé vendredi la poursuite de la grève jusqu'à respectivement mardi et mercredi prochain, les trois autres établissements de TotalEnergies suivent le mouvement. Samedi matin, Eric Sellini, le coordinateur CGT pour le groupe, a confirmé que les trois autres établissements, à la Mède (Bouches-du-Rhône), Feyzin (Rhône) et à Flandres (Nord), poursuivaient eux aussi la grève, sans donner davantage de précisions.

« Les faisceaux d'informations que je reçois à droite à gauche, il n'y a pas de soucis, ça tient jusqu'à mardi », explique à l'AFP Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe. « Ici, à Flandres, ce sont les réquisitions qui touchent le moral des grévistes. S'il n'y a pas de réquisitions ce week-end, ça devrait nous aider à passer le week-end », ajoute-t-il. Ces sites comptent ainsi poursuivre le mouvement jusqu'à faire la jonction avec la journée de « mobilisation et de grève" interprofessionnelle de mardi, à laquelle ont appelé la CGT, FO, Solidaires et la FSU.

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Rejet de l'accord signé entre TotalEnergies et les autres syndicats

Pourtant, TotalEnergies avait réussi à un peu déminer la situation. La direction a signé vendredi un « accord majoritaire » avec les autres syndicats, la CFE-CGC et la CFDT, qui prévoit une hausse des salaires de 7% sur 2023, rétroactive au 1er novembre 2022Insuffisant pour la CGT, qui estime que cette revalorisation des salaires ne fait que corriger l'inflation, et exige 3% supplémentaires. Il s'agissait des premières négociations depuis le début de la grève le 27 septembre.

En revanche, la grève a été levée successivement jeudi et vendredi dans les deux seules raffineries du groupe Esso-ExxonMobil en France, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) puis à Gravenchon, en Normandie, après la conclusion d'un accord salarial mardi.

De son côté, le gouvernement est resté sur la ligne évoquée cette semaine par le président de la République, avec un « retour à la normale pour les automobilistes attendu dans la semaine qui vient », selon Matignon vendredi soir.

En attendant, les pénuries de carburants constituent un casse-tête pour nombre de professions, dont les agriculteurs. « Tous les tracteurs sont à vide. J'ai siphonné le réservoir de ma moissonneuse-batteuse, il restait 3 à 400 litres. Ca va me permettre de nourrir mes vaches », explique à l'AFP Luc Smessaert, exploitant près de Beauvais.

Le retour à la normale sera long

Le tribunal administratif de Lille a rejeté vendredi le recours en référé-liberté déposée par la CGT, qui contestait la légalité de la réquisition par la préfecture de personnels grévistes du dépôt TotalEnergies de Mardyck, près de Dunkerque (Nord). Le tribunal a jugé qu'« en mettant en place un service visant à assurer, par un nombre restreint mais suffisant de salariés, la seule expédition de carburants, le préfet du Nord n'a pas porté au droit de grève une atteinte grave et manifestement illégale », rapporte l'AFP qui a eu accès à la décision. « On est face à une décision extrêmement politique », a réagi l'avocate de la CGT du dépôt des Flandres de Mardyck, Elsa Marcel.

Cette décision à Lille constitue une deuxième défaite pour la CGT, quelques heures après une décision similaire à Rouen.

Vendredi, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a affirmé que près d'un tiers des stations-services ("28,5%) « font face à une situation de rupture sur au moins un produit »C'était un peu moins que jeudi, où 29,1% des stations-services du pays étaient touchées en fin de journée.

Dans un communiqué, le groupe Esso-ExxonMobil, dont les deux raffineries ont levé la grève vendredi, a estimé que le retour à « une situation de marche normale » prendra « deux à trois semaines », « Les unités des deux raffineries d'Esso Raffinage seront progressivement redémarrées selon les protocoles de sécurité nécessaires et de façon à minimiser les nuisances », indique Esso. Au cours des deux à trois prochaines semaines, « les productions des deux sites n'auront pas retrouvé leur niveau optimal », ajoute le groupe.