Castex annonce un plan massif en faveur du solaire et de l'éolien dont un projet au large de Barfleur

Par latribune.fr  |   |  947  mots
(Crédits : Reuters)
Le Premier ministre a lancé samedi depuis Saint-Nazaire le lancement de sept nouveaux appels d'offres pour un développement massif de nouvelles énergies renouvelables. Objectif : investir 25 milliards d'euros pour construire une capacité électrique de plus de 25 gigawatts à partir principalement du solaire, mais aussi de l'éolien terrestre et en mer dont un nouveau projet au large de Barfleur en Normandie.

Un plan d'investissement massif représentant 25 milliards d'euros d'investissements sur les cinq prochaines années, pour doter la France de 25 gigawatts de nouvelles capacités de production d'électricité renouvelable. Depuis le chantier de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), au large duquel le tout premier parc éolien français en mer sera mis en service fin 2022, le Premier ministre Jean Castex a réaffirmé la volonté du gouvernement d'être "à la hauteur du défi climatique ». Il faut "accélérer la transition écologique" et avancer dans le "développement massif des énergies renouvelables", a déclaré le Premier ministre

7 appels d'offres lancés en octobre

"Le gouvernement lance sept nouveaux appels d'offres pour amplifier ce développement. Les premières périodes de candidature ouvriront dès octobre prochain". Un plan massif puisque « au cours des cinq prochaines années, plus de 25 milliards d'euros d'investissements vont être ainsi réalisés dans les énergies renouvelables, permettant de soutenir plus de 25 gigawatts de nouvelles capacités de production solaire, éolienne terrestre et hydroélectrique », a-t-il poursuivi.

Ce plan s'inscrit dans un contexte d'accélération de la part des énergies renouvelable dans le mix énergétique mondiale : selon une étude publiée par le think tank allemand Ember, le solaire et l'éolien ont représenté ensemble plus d'un dixième du mix électrique mondial au cours du premier semestre de l'année 2021. De très peu, ils dépassent la production nucléaire.

"25 gigawatts, cela représente près de 10% de notre consommation d'électricité », a précisé samedi Jean Castex qui a invité l'ensemble des filières d'énergies renouvelables « à se mobiliser pour échanger avec les acteurs locaux et nous proposer des projets de qualité ». Le chef du gouvernement a précisé que "deux-tiers" des investissements concernés « seront réalisés sur l'énergie solaire, qui constitue l'axe prioritaire de notre stratégie en matière d'énergie renouvelable électrique ».

Contestation croissante de l'éolien

Conscient de la difficulté croissante surtout en cette année électorale de développer de nouveaux projets éoliens, Jean Castex a néanmoins souhaité que ces appels d'offres permettent aussi « de réaliser des projets d'éolien terrestre, dans les endroits où nous pouvons les réaliser ». Mais, « plus que l'éolien terrestre, c'est le développement des parcs éoliens en mer qui doit constituer, après le solaire, le deuxième axe prioritaire de notre stratégie en matière en matière d'énergie renouvelable », a souhaité le Premier ministre. Il a annoncé un nouveau projet de parc éolien en Normandie, à côté du projet existant situé au large de Barfleur.

Ce projet, doté de 50 millions d'euros, "inclura un nouvel observatoire national de l'éolien en mer, qui permettra notamment de mettre à disposition de tous la synthèse des connaissances scientifiques disponibles sur les effets des parcs éoliens en mer sur la biodiversité", a-t-il détaillé. Le gouvernement va s'appuyer notamment sur l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), "va lancer très vite un nouveau programme d'étude consacré aux environnements marins", a expliqué le chef du gouvernement.

Tensions en baie de Saint-Brieuc

La prudence du gouvernement sur ce dernier projet d'éolien en mer s'explique par la tension avec les pêcheurs . Le comité des pêches des Côtes-d'Armor a déposé plainte contre le projet de construction du parc éolien en baie de Saint-Brieuc, dont le chantier confié à la société Ailes Marines a démarré en mai, pour pollution et atteintes à l'environnement. La plainte pénale, "la première à porter sur l'intégralité du projet" selon un communiqué des avocats, porte sur les chefs de "rejet de substance polluante, d'atteinte à la conservation des espèces animales non domestiques et des habitats naturels et de rejet en mer de substances ou organismes nuisibles pour la conservation des espèces maritimes".

Dans leur argumentaire, les avocats dénoncent l'absence de concertation préalable des associations de protection de l'environnement, l'inachèvement des études d'impact ainsi qu'un manque de suivi des éventuelles nuisances depuis le démarrage du chantier, notamment sur les oiseaux marins, reprochant à Ailes Marines de "détruire, altérer et dégrader la biodiversité". "La baie de Saint-Brieuc doit être préservée (...) car la partie sud de la baie est une réserve naturelle nationale classée depuis 1998, et car elle est adjacente au parc Natura 2000 du Cap d'Erquy-Cap Fréhel", plaident-ils.
Le comité des pêches "met en exergue une logique de minimisation des conséquences sur la faune et la flore marine de nature à fragiliser leur préservation mais aussi les activités attachées", ajoutent les avocats, déplorant "que des considérations économiques aient prévalu sur des enjeux tenant au respect de l'environnement".

Dans un courrier adressé au préfet maritime de l'Atlantique, ils réclament par ailleurs l'immobilisation de l'Aeolus, navire de forage responsable de deux pollutions de fluides hydrauliques les 14 juin et 28 juillet et qui a été autorisé selon eux le 18 août à reprendre le forage des pieux. A la suite de la première fuite, le navire avait regagné son port d'attache aux Pays-Bas pour des travaux. Une enquête a été ouverte par le parquet de Brest. Le parc éolien de la baie de Saint-Brieuc, qui soulève une vive opposition des pêcheurs côtiers, doit être érigé à 16,3 kilomètres de la côte. D'une capacité totale de 496 MW, avec 62 éoliennes, il est censé produire 1.820 GWh par an, l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 835.000 habitants, selon Ailes Marines, filiale du groupe espagnol Iberdrola. Sa mise en service est prévue fin 2023 mais le chantier a pris du retard.