Chute des prix du pétrole : comment les pays du Golfe résistent

Par latribune.fr  |   |  476  mots
Pour financer son déficit en 2015, Riyad a puisé plus de 80 milliards dans ses réserves en devises qui grimpent à 732 milliards de dollars à la fin de l'année 2014.
Diversification des économies, augmentation des prix du pétrole pour les consommateurs... Les pays du Golfe ont multiplié les annonces pour compenser les déficits annoncés de leur budget 2016, plombé par la chute des cours du pétrole.

La chute des cours du pétrole s'accélère. A 16h31, vendredi 15 janvier, le baril de Brent perdait 4,19% à 29,70 euros. Ce qui n'arrange pas les affaires des pays du Golfe. Très dépendant de l'or noir, ces derniers ont annoncé des budgets 2016 dans le rouge. Ainsi, le Qatar a adopté un budget 2016 déficitaire de 12,77 milliards de dollars. L'Arabie saoudite espère réduire son déficit à 79 milliards d'euros cette année, contre 98 milliards en 2015. Oman estime que son budget devrait rester déficitaire jusqu'en 2020. Revue de détail des mesures mises en place par les pays du Golfe pour endiguer les pertes.

Réduction drastique des subventions et augmentation des prix de l'essence

Au Qatar, les prix de l'essence sont majorés d'au moins 30% à partir de vendredi 15 janvier et passent ainsi de 0,25 à 0,33 euros. Plus tôt dans la semaine, mardi, Bahreïn a augmenté les prix de l'essence de plus de 50% (18 à 30 centimes d'euros). L'Arabie saoudite est allée plus loin, à la fin de l'année 2015, réduisant les subventions sur les produits pétroliers jusqu'à 80%. Pour rappel, en 2015, les subventions dans le secteur de l'énergie ont coûté 61 milliards de dollars au royaume.

Diversification des économies

Autre piste pour les pays du Golfe : moins dépendre de l'or noir. Du côté de l'Arabie saoudite, 90% de ses revenus sont issus du pétrole. Le royaume prévoit d'investir 140 milliards de dollars dans la santé et les transports d'ici à 2020. Par ailleurs, il mise sur le nucléaire, avec un plan de 100 milliards de dollars pour construire 16 réacteurs d'ici 2030, et sur l'énergie solaire avec 100 autres milliards pour construire 41 Gigawatts de panneaux photovoltaïques en plein désert, soit l'équivalent en énergie de 25 réacteurs nucléaires.

Oman est allé plus loin. Le sultanat a lancé un plan sur cinq ans pour diviser par deux le poids du pétrole dans son économie. A travers 500 programmes, le pays prévoit de développer l'industrie manufacturière, les mines, les transports ou encore le tourisme. Aujourd'hui, le secteur pétrolier représente 44% de son PIB. En 2020, il est censé n'en représenter plus que 22%. Les investissements seront toutefois lourds puisqu'ils représentent autour de 28% du PIB d'Oman.

Riyad pioche dans ses réserves

Pour financer son déficit en 2015, Riyad a puisé plus de 80 milliards dans ses réserves en devises qui grimpaient à 732 milliards de dollars à la fin de l'année 2014. Le pays s'appuie sur ses réserves financières accumulées lorsque les prix du brut étaient élevés (le Brent était coté entre 90 et 127 dollars entre janvier 2011 et novembre 2014).

Émission obligataire

L'été dernier, l'Arabie saoudite a émis des emprunts sur le marché national pour financer son budget déficitaire, pour la première fois. Selon la banque d'investissements, Saudi Fransi Capital, les nouvelles émissions du pays grimperaient à 325 milliards de dollars en 2016.