Hinkley Point : la démission du directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, entraîne la chute du titre

Par latribune.fr  |   |  451  mots
Cette opération compromettrait la santé financière du groupe, déjà confrontée à d'importants défis ces prochaines années, estime le directeur financier d'EDF. (Crédits : © Suzanne Plunkett / Reuters)
Le projet controversé d'EDF de construire deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point, en Angleterre, a provoqué une crise au sein de la direction du géant français de l'électricité, dont le directeur financier a démissionné en raison de doutes sur sa faisabilité. A l'ouverture de la Bourse de Paris, le titre perdait plus de 8%.

Article publié à 7h12, mis à jour à 9h14.

Le directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, a démissionné en raison d'un désaccord sur la faisabilité du projet controversé de construction d'une centrale nucléaire à Hinkley Point, en Angleterre, rapporte lundi 7 mars l'AFP, confirmant une information de l'agence Bloomberg.

"Le directeur financier a présenté sa démission la semaine dernière à Jean-Bernard Lévy (le PDG d'EDF, ndlr) en raison d'un désaccord sur Hinkley Point", a indiqué cette source à l'AFP.

Faisabilité et soutenabilité du projet en question

Le désaccord porte "sur la faisabilité à court terme" de ce projet gigantesque de 18 milliards de livres (23,2 milliards d'euros), pour lequel le géant français de l'électricité tarde à prendre une décision finale d'investissement, ultime étape pour sa concrétisation. La même source a indiqué que le directeur financier ne souhaitait pas précipiter ce projet, qui inquiète les syndicats du groupe détenu à 84,5% par l'Etat français.

"Il a estimé qu'à un moment, il fallait prendre ses responsabilités", a-t-elle précisé.

Confirmant lundi matin la démission de Thomas Piquemal, EDF a annoncé la nomination pour le remplacer "à titre provisoire" de Xavier Girre, jusqu'ici directeur financier pour la France de l'électricien. Par ailleurs, le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy a réitéré à l'agence Reuters le souhait de son groupe d'investir dans le projet Hinkley Point.

Le titre du géant de l'électricité plongeait toutefois lundi matin à la Bourse de Paris: à 09h06, la valeur perdait 8,13% à 9,97 euros, alors que l'indice CAC 40 lâchait 0,43%.

Coup dur pour l'EPR

Lors de la publication des résultats annuels d'EDF mi-février, le PDG Jean-Bernard Lévy avait cependant assuré que cette décision finale était "très proche". La France et la Grande-Bretagne avaient d'ailleurs réaffirmé jeudi leur attachement au projet, qualifié de "pilier" de leur relation bilatérale. Dans un document diffusé à l'issue d'un sommet franco-britannique à Amiens, les deux pays avaient écrit:

"Ce projet stratégique majeur constituera un élément-clé de la politique énergétique britannique, en offrant à l'horizon 2025 la garantie d'une électricité sûre, compétitive et sobre en carbone".

Deux jours auparavant, le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, était déjà monté au front pour défendre la construction des deux EPR, la qualifiant de "très bon investissement" pour l'électricien français.

De leur côté, les syndicats craignent que le coût de la construction de deux réacteurs EPR, dans le sud-ouest de l'Angleterre, ne menace l'existence d'EDF et demandent le report du projet, après la signature en octobre 2015 d'un accord commercial avec l'entreprise publique chinoise CGN, qui doit supporter un tiers du financement.

(Avec AFP, Reuters et Bloomberg)