EDF : Jean-Bernard Lévy insiste pour une réforme rapide du groupe

Par latribune.fr  |   |  554  mots
De plus, "le nucléaire fait partie des réponses à l'urgence climatique", estime le PDG.
Alors que les négociations pour réformer le groupe sont au point mort, l'électricien français craint de se faire doubler par la concurrence qui investit notamment dans les énergies renouvelables. Jean-Bernard Lévy, le PDG, plaide pour une accélération des investissements du groupe détenu majoritairement par l'Etat. EDF doit dans le même temps continuer à investir dans le nucléaire pour maintenir son parc vieillissant.

Alors que la réforme "Grand EDF"  - que devait lancer le gouvernement - a été reportée à après le quinquennat d'Emmanuel Macron en 2022, le PDG du groupe plaide à nouveau pour un investissement dans les renouvelables et le nucléaire. Jean-Bernard Lévy estime "indispensable" la réforme de l'organisation du groupe, dans une interview au Journal du Dimanche (JDD).

"Depuis 2015, nous avons construit avec l'État une stratégie pour EDF qui repose à la fois sur le nucléaire et sur les énergies renouvelables. Nous souhaitons l'accélération de certaines décisions", a-t-il déclaré.

La réforme qui devait être lancée était en effet censée donner à l'entreprise détenue à 83% par l'Etat les moyens d'investir dans ces énergies, tout en rénovant son parc nucléaire. Ses investissements permettraient une diversification du bouquet énergétique français tandis que le nucléaire produit actuellement plus de 70% de l'électricité de l'Hexagone, et que le gouvernement souhaite le ramener à 50% d'ici 2035. Le groupe devait être réorganisé en trois entités : EDF Bleu avec les activités nucléaires et le réseau de transport RTE, EDF Vert avec les activités commerciales, de distribution et les renouvelables et EDF Azur, avec les concessions hydrauliques. Mais, en plus d'une opposition interne, le groupe n'a pas réussi à se mettre d'accord avec la Commission européenne. L'institution se positionne pour une mise en concurrence libre et absolue entre l'hydroélectrique, le nucléaire et les énergies renouvelables.

Objectif : 100 gigawatts d'énergies renouvelables en  2030

Or, cette réforme permettrait au groupe d'éviter un décrochage face à la concurrence, selon le PDG. De plus, "le nucléaire fait partie des réponses à l'urgence climatique", estime-t-il. Sur ce pan, l'électricien s'apprêterait, selon les informations révélées le 27 août par La Tribune, à racheter les activités nucléaires de General Electric, regroupées dans la filiale GE Steam Power sur plusieurs sites industriels à Belfort. Cette opération lancée par EDF serait "imminente", selon une source proche du dossier.

D'autre part, "une nouvelle vague de construction de réacteurs est indispensable en France (...). Au printemps, nous avons formulé nos propositions détaillées au gouvernement : lancer au plus tôt la construction de six EPR pour les mettre en service à partir de 2035", rappelle le PDG.

Concernant les énergies renouvelables, Jean-Bernard Lévy dit vouloir doubler le rythme actuel de construction d'installations. "Partant de 34  gigawatts, notre objectif serait d'atteindre 100  gigawatts en 2030. Mais il faudrait que nous disposions des moyens nécessaires à ce changement de rythme pour pouvoir réaliser les investissements correspondants", plaide-t-il.

Le PDG d'EDF ne s'est pas exprimé sur une éventuelle reprise des discussions avec la Commission européenne sur la réforme, qui se heurtent à de tels désaccords qu'une source gouvernementale a déclaré fin juillet qu'un projet de loi en France sur la réorganisation n'était pas "envisageable" actuellement en raison de ces blocages.

Dans son entretien au JDD, Jean-Bernard Lévy estime de son côté que "les parts de marché d'EDF irritent à Bruxelles, alors que le choix nucléaire français engagé dès l'après-guerre nous fait bénéficier d'un système électrique autonome, exportateur, décarboné à plus de 90%, et moins cher que ceux de nos voisins européens".

(Avec Reuters)