EDF risque la faillite selon Greenpeace

Par latribune.fr  |   |  547  mots
Le cabinet s'est appuyé sur plusieurs rapports de la Cour des Comptes pour estimer les dépenses futures, en retenant également l'hypothèse de la fermeture de 17 réacteurs pour respecter l'un des objectifs de la loi sur la transition énergétique.
L'association s'alarme de l'avenir financier de l'énergéticien français, accusé de sous-estimer ses coûts futurs.

"Si EDF provisionnait les coûts réels des dépenses liées au démantèlement [des centrales] et à la gestion des déchets, sa faillite serait déjà déclarée". Florence de Bonnafos, chargée de campagne énergie et finances à Greenpeace, résume de manière abrupte l'étude d'AlphaValue, un cabinet d'analyse financière, commandée par l'organisation.

Celle-ci dépeint une entreprise "asphyxiée par le nucléaire". EDF sous-estimerait le coût de démantèlement des réacteurs et des déchets produits à cette occasion. Pour AlphaValue, le groupe devrait provisionner "entre 57,3 et 63,4 milliards d'euros en 2025". Une somme qui représente...le double des fonds propres d'EDF, estimés à 25 milliards d'euros.

EDF se défend

Le cabinet s'est appuyé sur plusieurs rapports de la Cour des Comptes pour estimer les dépenses futures, en retenant également l'hypothèse de la fermeture de 17 réacteurs pour respecter l'un des objectifs de la loi sur la transition énergétique. AlphaValue a également comparé les calculs d'EDF avec ceux d'autres exploitants nucléaires, notamment allemands.

L'électricien français s'est défendu, expliquant que les comparaisons internationales "doivent être analysées avec prudence" en évoquant un effet de périmètre et le fait que le parc de 58 réacteurs permette une standardisation (et donc des coûts potentiellement réduits). Concernant les sommes provisionnées, elles "ont été confirmées par l'audit de la DGEC (instance du ministère de l'Energie) en 2014 et 2015" affirme EDF.

Faut-il déprécier les actifs ?

Par ailleurs, AlphaValue estime qu'EDF devrait "envisager (...) une dépréciation de (ses) actifs nucléaires et thermiques" dans ses comptes, autrement dit revoir à la baisse la valeur de son parc de centrales nucléaires et de ses centrales conventionnelles fonctionnant au charbon, au gaz ou au fioul.

Le cabinet le justifie par le bouleversement des marchés de l'énergie en France et en Europe, avec le développement des énergies renouvelables et une demande de courant qui devrait légèrement baisser dans les prochaines années, ainsi que par la loi sur la transition énergétique qui prévoit la réduction de la part de l'atome en France.

Côté EDF on répond que pour le parc français "les tests ont été mis en oeuvre conformément aux normes comptables en vigueur et n'ont pas fait apparaître de risques de dépréciation". Par ailleurs, l'électricien rappelle que "pour évaluer la valeur d'un actif de long terme, il faut construire des scénarios de prix (de l'électricité) de long terme sur toute la durée de vie de l'actif".

Enfin, l'étude se penche sur les investissements à venir d'EDF (projet Hinkley Point, grande maintenance du parc nucléaire français, énergies renouvelables, rachat de la branche réacteurs d'Areva, etc) et conclut qu'ils s'élèvent à plus de 160 milliards d'euros d'ici 2025, soit plus de 15 milliards d'euros par an.

EDF a évalué ces besoins d'investissements entre 12,5 et 13,5 milliards d'euros par an au cours des trois prochaines années. Seul élément positif, selon AlphaValue, la réduction de capacités nucléaires entraînera une hausse des prix de l'électricité qui "aura un effet positif à l'horizon 2025" sur les revenus d'EDF.

(Avec AFP)