Électricité : l'Allemagne risque de dépendre « de plus en plus » du nucléaire français

Par latribune.fr  |   |  600  mots
Selon l'Allemagne, le pays est redevenu importateur d'électricité plutôt qu'exportateur en raison de la baisse actuelle des prix de l'énergie, dans le cadre du marché européen où l'électricité se vend et s'achète. (Crédits : Reuters)
L'Allemagne dépendra « de plus en plus » du nucléaire français pour répondre à ses besoins en électricité d’après la ministre française de la Transition énergétique. Un tiers de l’électricité actuellement importée par Berlin provient d’ailleurs des centrales, particulièrement françaises, alors que le pays fait partie des opposants à cette source d’énergie. Une « incohérence » que ne manque pas de relever Agnès Pannier-Runacher.

L'Allemagne est redevenue importatrice net d'électricité, inversant la tendance des mois précédents quand elle exportait son électricité, notamment vers la France. Et actuellement, un tiers de cette électricité importée par la première puissance européenne provient du nucléaire, en grande partie français, selon le think tank spécialisé dans l'énergie Agora Energiewende.

« L'Allemagne risque de dépendre de plus en plus de l'électricité nucléaire de ses voisins », a d'ailleurs affirmé dans une interview au quotidien économique allemand Handelsblatt la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, ce jeudi 6 juillet.

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Côté allemand, on estime que ce retournement est lié à la baisse actuelle des prix de l'énergie, dans le cadre du marché européen où l'électricité se vend et s'achète. Ainsi en avril, les importations d'électricité en Allemagne avaient chuté de -38% sur un an. Une forte baisse qui s'expliquait principalement par un « effet de base lié au niveau élevé des prix l'année précédente », selon l'Office Destati.

« Cela arrive qu'importer soit moins cher que produire », a récemment expliqué dans la presse le chef de l'Agence fédérale des réseaux Klaus Müller.

Le manque de « cohérence » de l'Allemagne sur le nucléaire

Ce que relève surtout Agnès Pannier-Runacher c'est « l'incohérence » allemande.

« Il y a quelque chose d'incohérent d'importer massivement de l'électricité nucléaire française et en même temps de s'opposer à tout texte et toute législation dans l'Union européenne qui reconnaît la valeur ajoutée de cette forme électricité décarbonée », a-t-elle déclaré.

Depuis des mois en effet, la France et l'Allemagne sont divisées sur le rôle du nucléaire dans le marché de l'électricité européen, dont les contours de la réforme sont discutés par les 27. La France plaide pour le classement de l'atome comme énergie renouvelable, ce à quoi l'Allemagne est opposée. La ministre a d'ailleurs dit trouver « regrettable que l'Allemagne tergiverse » dans ces négociations.

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Agnès Pannier-Runacher a également pointé du doigt les projets de Berlin de construction de nouvelles centrales à gaz pour compenser l'intermittence des renouvelables. « Le gaz est une énergie fossile », qui « pose un problème de crédibilité dans la lutte contre le changement climatique », a-t-elle ajouté, appelant Berlin à trouver des « solutions décarbonnées pour équilibrer ses propres besoins électriques ».

La fermeture des dernières centrales en cause ?

Difficile en tout cas de dire, selon les spécialistes, quelle place tient l'arrêt des trois dernières centrales nucléaires allemandes dans le fait que le pays est redevenu importateur d'électricité. L'Allemagne a en effet fermé définitivement ses derniers réacteurs nucléaires en avril dernier, dix ans après la décision d'Angela Merkel d'accélérer la sortie de l'atome après la catastrophe de Fukushima.

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Reste que ces centrales représentaient seulement 6% de l'électricité produite dans le pays. Et, dans le passé, l'Allemagne a déjà été importatrice net d'électricité à d'autres périodes.

La coalition au pouvoir en Allemagne, menée par le social-démocrate Olaf Scholz, s'est en tout cas fixée l'objectif de 80% d'électricité renouvelable dans son bouquet énergétique d'ici 2030. Cette part s'élevait à 48,3% en 2022.

(Avec AFP)