Éolien en mer : la course au gigantisme s'intensifie

Par Jérôme Marin  |   |  452  mots
(Crédits : Phil Noble)
Mi-septembre, deux gigantesques parcs éoliens offshore ont été attribués aux États-Unis et au Royaume-Uni. Cette course à la taille, qui doit permettre de réaliser des économies d'échelle, reste encore limitée en France.

Avec 630 éoliennes hautes de 200 mètres, le projet est d'une ampleur inédite. En mer du nord, à 130 kilomètres de ses côtes, le Royaume-Uni ambitionne de construire la plus grande ferme d'éoliennes offshore au monde. Une fois terminée, pas avant 2023, celle-ci pourra produire 5% de l'électricité consommée outre-Manche. Et alimenter 4,5 millions de foyers.

Baptisé Dogger Bank, le projet ne témoigne pas seulement de l'avance britannique dans l'éolien en mer. Il illustre aussi la course au gigantisme du secteur. Ces parcs plus vastes permettent en effet de réaliser des économies d'échelle, en particulier sur le raccordement électrique et sur la maintenance, souligne Matthieu Monnier, de France Énergie Éolienne. Parallèlement, les fabricants conçoivent des turbines plus puissantes pour abaisser encore davantage les coûts d'exploitation.

Au cours de l'appel d'offres, remporté mi-septembre par l'entreprise britannique SEE et la société norvégienne Equinor, le prix de rachat du MWh a ainsi touché "un niveau historiquement bas", se félicite Kwasi Kwarteng, le ministre de l'Énergie et de la croissance propre. À environ 45 euros le MWh, ce prix est ainsi inférieur aux tarifs pratiqués au Royaume-Uni sur le marché de gros, souligne The Guardian.

La France en retard

La construction de la ferme de Dogger Bank doit débuter début 2020. Les premières éoliennes entreront en service en 2023. A terme, le parc aura une capacité totale de 3,6 GW. C'est, par exemple, cinq fois plus que celui d'East Anglia One, qui est en cours de construction un peu plus au sud. Le coût du projet est à la hauteur de ses ambitions: 9 milliards de livres, soit 10,2 milliards d'euros.

Cette course au gigantisme gagne aussi les Etats-Unis, pourtant très en retard dans le domaine - à ce jour, seulement 5 éoliennes ont été installées dans ses eaux territoriales. En Virginie, sur la cote est du pays, Dominition Energy prévoit de construire une ferme d'une capacité de 2,6 GW. Sa mise en service est espérée à partir de 2024, pour un coût estimé à 7,8 milliards de dollars, soit 7,1 milliards d'euros. Un autre projet important, pouvant atteindre jusqu'à 1,8 GW, suit son cours au large de New York.

En France, où l'éolien offshore affiche également du retard, cette tendance est moins marquée. Le premier parc en mer, qui ne sera pas inaugurée avant 2022 au large de Saint Nazaire, affiche une puissance de 480MW. Celui de Dunkerque, remporté en juin par EDF, montera à 600MW. Et le prochain d'offres, en Normandie, portera sur un parc d'une capacité de 1GW. "Mais il sera difficile d'aller au-delà de 1GW à 1,5GW, prédit Matthieu Monnier. Car les conditions de surface ne sont pas réunies pour de tels projets".