Feu vert à un nouveau parc éolien au sud de la Bretagne

Par latribune.fr  |   |  1037  mots
(Crédits : Siemens Gamesa)
Le gouvernement a donné son feu vert au projet d'implantation d'un parc éolien flottant au sud de la Bretagne, à l'ouest de Belle-île, selon une décision parue au Journal officiel. La zone retenue est située au sud de l'île de Groix et à l'ouest de Belle-île. Cette décision intervient alors que les projets éoliens dans la baie de Saint-Brieuc et au large de Dunkerque suscitent de fortes tensions.

Le gouvernement a donné son feu vert au projet d'implantation d'un parc éolien flottant au sud de la Bretagne, à l'ouest de Belle-île, selon une décision parue au Journal officiel. L'éolien flottant désigne des turbines fixées sur une structure flottante sur l'eau et reliées au fond marin par différentes technologies d'ancrage pour en limiter les mouvements. Elles se distinguent ainsi des éoliennes directement posées sur le plancher océanique grâce à des fondations.

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"La procédure de mise en concurrence lancée en 2021 pour l'attribution d'un projet éolien en mer flottant d'une puissance d'environ 250 mégawatts, au large du sud de la Bretagne est poursuivie", peut-on lire dans cette décision signée par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et publiée vendredi.

 La zone retenue est située au sud de l'île de Groix et à l'ouest de Belle-île.

"La superficie de cette zone de 130 km2 sera progressivement réduite au cours de la procédure de mise en concurrence en tenant compte des résultats des études techniques et environnementales qui vont y être menées par l'État et RTE (Réseau de transport d'électricité) et de la poursuite de la concertation avec les usagers de la mer, en particulier les professionnels de la pêche (...)", selon le même document.

La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a publié sur son site internet un appel aux candidatures d'entreprises ouvert jusqu'au 1er juillet.

Une seconde procédure de mise en concurrence a vocation à être lancée ultérieurement pour un second projet éolien en mer flottant d'une puissance maximum d'environ 500 mégawatts".

Ce projet fait partie des quatre fermes pilotes sélectionnées (Faraman, Gruissan, Leucate, Groix-Belle-Ile) et qui doivent être installées en 2023 pour un total de 24 mégawatts (MW). A plus long terme, trois projets commerciaux sont également prévus : un en Bretagne Sud et deux en Méditerranée. Pour le premier, la puissance attendue est de 250 MW avec une extension possible pour un second parc de 500 MW. La zone maritime précise retenue doit être dévoilée prochainement. S'en suivra la phase de sélection du producteur, en charge de ce premier parc. Les deux projets en Méditerranée, de respectivement 250 et 500 MW, sont quant à eux moins avancés. Un débat public est prévu au second semestre de l'année.

En France, cette technologie émergente est notamment indispensable pour couvrir les façades atlantiques et méditerranéennes car la profondeur des fonds, qui s'accentue très rapidement, ne permet pas d'installer des éoliennes posées, dont l'équation économique n'est pas tenable au-delà de 50 mètres de profondeur.

A l'horizon 2030, la France vise entre 8 et 10 gigawatt (GW) de puissance installée dans l'éolien en mer. A cet horizon, nous n'aurons pas un besoin spécifique de l'éolien flottant en exploitation. En revanche, pour des objectifs de l'ordre de 50 GW de capacité installée en 2050, là, nous aurons besoin de l'éolien flottant, et de manière majoritaire", a affirmé la semaine dernière Régis Boigegrain, directeur exécutif des affaires maritimes de RTE, le gestionnaire du réseau de transport électrique, à l'occasion d'un point presse ce mardi 11 mai. "L'éolien flottant en France va être nécessaire pour tenir nos objectifs de neutralité carbone. L'objectif est de passer à la vitesse commerciale", avait-il ajouté.

Les pêcheurs veulent l'annulation du projet dans la baie de Saint-Brieuc

Cette décision intervient alors le projet éolien en baie de Saint-Brieuc, suscite de vives tensions entre pêcheurs et l'opérateur Ailes Marines, qui appartient à 100% au groupe espagnol Iberdrola. Les travaux du chantier ont officiellement démarré le 3 mai. Les pêcheurs réclament l'annulation de ce projet, qui doit être mis en service fin 2023, y voyant une menace pour la riche biodiversité marine. Le 14 mai à Erquy, à proximité du chantier off-shore, le ton était monté entre des pêcheurs, des vigiles et un huissier présent. Les gendarmes étaient intervenus faisant usage de lacrymogène, selon la presse locale.. Vendredi, certains pêcheurs ont été condamnés pour violences et menaces de mort, à l'encontre de gendarmes et de vigiles du chantier. Le procureur Bertrand Leclerc a indiqué que sept marins interpellés "ont reconnu, selon leur degré de participation respective", des faits de "violences sur les gendarmes, de menaces de mort sur les gendarmes et les vigiles du site, dégradations volontaires et outrages".

Tensions également à Dunkerque

Les tensions sont également palpables dans le Nord. Des associations, dont la Ligue de protection des oiseaux et le collectif d'habitants "Vent debout" s'opposent au projet d'éoliennes offshore à une dizaine de km du littoral dunkerquois en limite des eaux belges. Six partis politiques du littoral réclament depuis le début de l'année l'organisation d'un référendum sur ce projet qui doit sortir des eaux en 2027, estimant que la "transition énergétique" ne peut se faire "contre" les citoyens. Une demande refusée par Barbara Pompili. Le projet doit  sortir des eaux à l'horizon 2027.

"L'éolien offshore est vital" dans une "logique de décarbonation", une "énergie très compétitive", "incontournable pour atteindre l'objectif de 40% d'énergie renouvelable dans notre mix électrique en 2030", avait déclaré la ministre.

Le parc, d'environ 50 km2 et situé à une dizaine de km des côtes près des eaux territoriales belges, devrait être composé de 46 éoliennes, hautes de 225 à 300 mètres de haut, pour 600 MW de capacité. En juin 2019, le groupement EDF renouvelables, Innogy et Enbridge a remporté l'appel d'offre pour la construction et l'exploitation du parc, prévu en zone Natura 2000. RTE est chargé du raccordement au réseau électrique terrestre.

Le gouvernement belge, préoccupé entre autres par l'impact visuel pour le tourisme et pour les routes maritimes du port d'Ostende, avait proposé de modifier l'implantation des éoliennes pour en faire un parc franco-belge, bien plus loin des côtes.

Barbara Pompili avait défendu le projet dans son emplacement actuel, et proposé de "réfléchir à un nouveau projet en mer du Nord qui serait cette fois-ci conjoint".