Gaz naturel : l'Allemagne pourra difficilement compter sur les livraisons du Canada

Par latribune.fr  |   |  565  mots
La question de la sécurité énergétique de l'Allemagne, pays très dépendant du gaz russe, se pose de manière accrue. (Crédits : ANNEGRET HILSE)
Le pays, qui fait face à une baisse drastique des livraisons de gaz russe, dont il reste largement dépendant, cherche à diversifier ses approvisionnements, en se tournant notamment vers le Canada, gros producteur d'hydrocarbures. Mais le premier ministre Canadien a jugé qu'il n'était pas « rentable » d'exporter directement du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l'Europe.

Difficile pour l'Allemagne de compter sur le Canada, 6e producteur au monde de gaz naturel liquéfié (GNL) pour réduire sa dépendance au gaz russe. Alors que la question de la sécurité énergétique de ce pays se pose de manière accrue, le chancelier allemand Olaf Scholz, en visite au Canada, a affirmé que l'Allemagne accélérait la construction d'infrastructures portuaires et de gazoducs pour renforcer ses importations de GNL, et se tournait vers des pays comme le Canada.

Or, exporter du gaz canadien vers l'Allemagne ne semble pas chose aisée, compte tenu de l'importante distance entre les gisements de l'ouest du Canada et les ports de la côte atlantique. « Nous étudions les options afin de voir s'il est logique d'exporter du GNL et s'il est rentable de l'exporter directement vers l'Europe », a déclaré le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, minimisant ainsi la probabilité d'une telle livraison de gaz naturel liquéfié (GNL).

Vers un accord concernant l'hydrogène

Le Canada ne dispose pas de terminaux GNL sur sa côte atlantique et il faudrait donc en construire pour exporter vers l'Europe. De plus, un nouveau gazoduc serait nécessaire pour acheminer le gaz depuis l'Alberta, dans l'ouest canadien, jusqu'à la côte est canadienne, ce qui se traduirait par des coûts de transport élevés.

En revanche, les deux dirigeants ont laissé entendre qu'un accord concernant l'hydrogène pourrait être annoncé mardi. « Nous avançons sur une série d'investissements concernant l'hydrogène et nous avons hâte d'en parler davantage », a glissé Justin Trudeau. De son côté, Olaf Scholz a expliqué que l'Allemagne comptait sur l'hydrogène pour réduire sa pollution, et assuré que le Canada « jouerait un rôle extrêmement important dans le développement d'hydrogène vert dans le futur ».

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Du GNL acheminé par navires des quatre coins du monde

Si Berlin se tourne notamment vers le Canada, c'est que le pays ne peut plus compter sur sa principale source d'approvisionnement en gaz : la Russie qui a diminué unilatéralement les flux passant par le gazoduc Nord Stream 1 à 20% seulement de sa capacité. Dans ce contexte, l'Allemagne tente de réduire de 15 à 20% au moins sa consommation. Parallèlement, Berlin compte largement sur ses voisins pour éviter toute rupture d'approvisionnement. Au nom de la solidarité européenne, le gouvernement français se prépare d'ailleurs à livrer une partie de ses stocks à l'Allemagne, une grande première.

En outre, Berlin a d'ores et déjà débuté dans l'urgence la construction de deux terminaux méthaniers flottants capables de regazéifier du gaz naturel liquéfié (GNL) acheminé par navires des quatre coins du monde, et plaide pour la création d'un gazoduc qui le relierait à l'Espagne en passant par la France, afin de permettre à la péninsule ibérique de l'approvisionner facilement. Mais, malgré tous ces efforts, la partie semble loin d'être gagnée. Selon le groupe de recherche et de conseil Wood Mackenzie, si la Russie venait à stopper totalement ses livraisons via le gazoduc Nord Stream 1, « l'Europe manquerait de gaz l'hiver prochain » , et un rationnement serait même « inévitable » peu importe ses initiatives en matière de diversification d'approvisionnement et de remplissage des stocks.

(Avec AFP)