La France et l'Allemagne doivent "se préparer" à ne pas avoir de gaz russe demain" (Le Maire)

Par latribune.fr  |   |  936  mots
À peine la conférence de Vladimir Poutine achevée, l'Allemagne et la France, par la voix de leurs deux ministres de l'Économie (Bruno Le Maire à dr. et Robert Habeck) qui se rencontraient aujourd'hui à Berlin, ont aussitôt rejeté ce jeudi les demandes de la Russie et répliqué en exigeant le respect des contrats signés. (Crédits : Reuters)
Face à la sidérante annonce du président Vladimir Poutine qui exige, cet après-midi dans un spectaculaire retournement de situation, que les acheteurs des pays étrangers "inamicaux" paient immédiatement (dès demain vendredi!) en rouble le gaz russe, la France et l'Allemagne ont immédiatement répliqué sans concéder un pouce de terrain. Mais la France et l'Allemagne doivent "se préparer" à ne pas avoir de gaz russe demain", avertit Le Maire.

Hier soir et encore ce matin, Moscou envoyait des signes d'apaisement sur cette exigence d'un paiement en roubles des livraisons de gaz russe, exigence qui avait crispé considérablement les États-membres de l'UE, et notamment les plus dépendants à ce combustible.

Hier, la Russie parlait d'allègement des délais (Non, ce n'est pas pour tout de suite... les clients auront du temps pour passer au paiement en rouble), ce matin, c'était plutôt sur la "banalité" ou la facilité d'un paiement en roubles ("une simple opération de change"...).

Lire aussi 6 mnCoup de théâtre : Poutine fait volte-face et exige le paiement du gaz russe en roubles dès ce 1er avril

Passage au rouble sans délai ou arrêt immédiat des livraisons de gaz

Mais voilà que ce même jeudi, en début d'après-midi, Vladimir Poutine, dans un spectaculaire retournement de situation, annonce qu'il a signé un décret qui impose aux acheteurs des pays étrangers "inamicaux" de payer en roubles les livraisons de gaz naturel russe, et cela à compter de demain vendredi - bref immédiatement.

Et, s'ils n'obtempèrent pas, les contrevenants s'exposent à la suspension des contrats en cours...

France et Allemagne répliquent aussitôt par la fermeté

À peine la conférence de Vladimir Poutine achevée, l'Allemagne et la France, par la voix de leurs deux ministres de l'Économie qui se rencontraient aujourd'hui à Berlin, ont aussitôt rejeté ce jeudi les demandes de la Russie, expliquant qu'ils considéraient cette injonction de payer immédiatement en rouble comme une rupture de contrat inacceptable, et ajoutant que la méthode équivalait à du "chantage".

S'exprimant en conférence de presse, le ministre allemand de l'Économie Robert Habeck a déclaré qu'il n'avait pas encore vu de ses yeux ce nouveau décret signé par le président Valdimir Poutine, ajoutant que l'Allemagne était préparée à tous les scénarios, y compris un arrêt des flux de gaz russe vers l'Europe.

Lire aussi 4 mnLe refus de payer en roubles menace son approvisionnement en gaz russe, l'Allemagne déclenche son plan d'urgence

Lors de cette même conférence de presse, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a quant à lui invité la Russie à honorer « totalement et intégralement » les contrats qu'elle a signés.

"Les contrats prévoient une monnaie dans laquelle ces contrats sont exécutés, les contrats doivent être exécutés dans la monnaie dans laquelle ils sont prévus. Les contrats sont les contrats. Le G7 a été très clair", a insisté Bruno Le Maire.

Lire aussi 6 mnRefus du G7 de payer le gaz russe en roubles : "la Russie ne va pas fournir de gaz gratuitement, c'est très clair" (Moscou)

La France et l'Allemagne doivent "se préparer" à ne pas avoir de gaz russe demain" (Le Maire)

Si les experts doutent de l'intérêt de Moscou de couper le robinet de gaz, alors que celui-ci constitue aujourd'hui sa principale source de revenus, Vladimir Poutine s'est montré menaçant jeudi, accusant les pays européens qui passent outre ses exigences d'être prêts à "ignorer les intérêts de leurs propres consommateurs".

"Nous devons nous préparer à toutes les hypothèses", a reconnu Bruno Le Maire. "Il peut y avoir une situation dans laquelle demain (...) il n'y aurait plus de gaz russe donc c'est à nous de préparer ces scénarios-là."

La tentative de diviser les Européens par le gaz a échoué (Habeck)

La tentative de la Russie de diviser les alliés occidentaux en exigeant des paiements de gaz en roubles a échoué, a conclu jeudi le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck.

Lire aussi 6 mnL'Allemagne se dit prête à se passer du pétrole et du charbon russe d'ici fin 2022, mi-2024 pour le gaz

-----------

SANCTIONS RUSSES CONTRE LES DIRIGEANTS EUROPÉENS

La Russie a annoncé jeudi interdire l'entrée sur son territoire aux dirigeants européens et à la majorité des eurodéputés, en réaction aux mesures punitives visant Moscou pour son intervention militaire en Ukraine.

"Les restrictions s'appliquent aux plus hauts dirigeants de l'Union européenne, y compris un certain nombre de commissaires européens et de chefs d'organes militaires européens, ainsi qu'à la vaste majorité des députés du Parlement européen, qui font la promotion de politiques antirusses", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Cette mesure s'applique aussi à des responsables politiques de pays membres de l'UE, ainsi qu'à des personnalités publiques et des journalistes qui "ont soutenu les sanctions illégales contre la Russie, incité à la russophobie ou violé les droits et les libertés des populations russophones", a ajouté le ministère.

La diplomatie russe n'a pas publié la liste des personnes ciblées, mais a déclaré avoir informé la représentation européenne à Moscou de cette mesure.

"Nous réaffirmons que toute action hostile de la part de l'UE et de ses Etats membres continuera immanquablement de donner lieu à une riposte ferme", a souligné le ministère russe. Ces sanctions interviennent en pleine crise entre les pays occidentaux et Moscou depuis le lancement, le 24 février, d'une offensive militaire russe en Ukraine.

En réaction, le camp occidental, Etats-Unis et UE en tête, a infligé de lourdes sanctions économiques à la Russie, ciblant notamment le président Vladimir Poutine, son gouvernement et des oligarques. Mi-mars, Moscou avait déjà annoncé une interdiction d'entrée sur le territoire russe visant le président Joe Biden et plusieurs hauts responsables américains.

(avec AFP)