Gaz russe : inspection surprise de l'UE chez Gazprom en Allemagne

La Commission européenne soupçonne la Russie depuis un an d'avoir restreint ses livraisons de gaz à l'Europe, provoquant ainsi un envol des prix. Elle vient de se rendre dans les locaux de Gazprom en Allemagne pour une inspection surprise. Rien n'indique néanmoins que le contexte de guerre soit lié à cette visite inopinée pour mettre une pression supplémentaire sur Moscou, l'institution faisant planer la menace de nouvelles sanctions si Vladimir Poutine continue d'exiger le paiement du gaz russe en roubles.
La Russie est soupçonnée depuis l'an dernier d'avoir restreint l'offre de gaz en Europe pour provoquer une flambée des prix.
La Russie est soupçonnée depuis l'an dernier d'avoir restreint l'offre de gaz en Europe pour provoquer une flambée des prix. (Crédits : Benoit Tessier)

En plein bras de fer entre l'Europe et la Russie concernant le gaz russe, la Commission européenne a mené des inspections surprise dans des locaux de la compagnie gazière russe Gazprom en Allemagne, d'après les révélations ce jeudi 31 mars de diverses sources européennes concordantes.

L'exécutif européen, gardien de la concurrence au sein de l'UE, n'a pas confirmé cette information, mais a reconnu, dans un communiqué, avoir procédé à des inspections, en lien avec l'autorité allemande de la concurrence, « dans les locaux de plusieurs entreprises actives dans la fourniture, le transport et le stockage du gaz naturel en Allemagne ».

Lire aussi 3 mnDéfaut de paiement probable de Gazprom et d'autres entreprises russes d'hydrocarbures, selon l'agence Fitch

Deux sources européennes ont confirmé à l'AFP que des investigations ont eu lieu mercredi 30 mars dans des locaux du géant gazier russe Gazprom et de sa filiale de distribution de gaz naturel Wingas, comme l'avait d'abord révélé l'agence Bloomberg.

« Les inspections inopinées constituent une étape préliminaire de l'enquête sur des pratiques anticoncurrentielles présumées. Le fait que la Commission procède à de telles inspections ne signifie pas que les entreprises sont coupables de comportements anticoncurrentiels et ne préjuge pas de l'issue de l'enquête elle-même », a précisé l'exécutif européen.

Lire aussi 6 mnGaz russe : pourquoi l'Europe est piégée

Si ce sujet intervient en pleine période de guerre en Ukraine, et de tensions entre les Occidentaux et la Russie, rien n'indique que cette inspection ait été menée pour accentuer la pression sur Moscou. La Commission européenne soupçonne en effet la Russie depuis l'an dernier d'avoir restreint l'offre de gaz en Europe pour provoquer une flambée des prix.

Lire aussi 6 mnLes pays occidentaux imposent de nouvelles sanctions financières à la Russie, et veulent l'empêcher d'utiliser son or

De possibles nouvelles sanctions contre la Russie

L'invasion russe de l'Ukraine a révélé l'extrême dépendance de l'UE envers le gaz importé de Russie, qui représente 40% de sa consommation. Cette dépendance limite sa capacité d'action contre Moscou. Les Vingt-Sept, qui ont adopté des sanctions sans précédent depuis le début de la guerre, se sont abstenus de toucher au secteur gazier bien qu'il soit une source de revenu essentielle pour la Russie.

La Commission européenne prépare d'ailleurs de nouvelles sanctions contre la Russie pour son offensive contre l'Ukraine, ont indiqué ce mercredi 30 mars à Reuters des sources au fait de la question, précisant que l'étendue de ces nouvelles mesures dépendraient de la position de Moscou sur le paiement du gaz russe en roubles.

Pour rappel, Vladimir Poutine a annoncé la semaine dernière que son pays allait exiger des paiements en roubles pour ses livraisons de gaz aux pays « inamicaux », dont les membres de l'UE. Le Kremlin a par la suite fait savoir que les paiements en roubles seraient demandés progressivement après la date butoir fixée par Vladimir Poutine - le 31 mars. Demande toutefois rejetée par les Occidentaux.

D'après deux des sources, le nouvel ensemble de sanctions européennes pourrait être prêt dès la semaine prochaine. La Commission européenne mènerait des consultations avec des gouvernements du bloc communautaire sur des mesures de « vérification ». Cela s'inscrirait dans la lignée de ce que les Vingt-Sept ont convenus lors d'un sommet organisé la semaine dernière : s'assurer que les sanctions déjà imposées contre la Russie ne sont pas contournées, en particulier celles ciblant les oligarques.

Lire aussi 4 mnPaiement du gaz russe en roubles : Poutine donne du temps à l'UE qui peut, pour l'heure, payer en euros

Les pays Occidentaux anticipent une éventuelle pénurie de gaz

Face à la menace de se faire couper le gaz, l'Allemagne et l'Autriche ont activé un dispositif d'alerte en trois étapes pour gérer au plus près leur approvisionnement. En Allemagne, les réserves de gaz sont remplies à 25%. En Autriche, le niveau des stocks se situe à 13% de la capacité. Berlin, qui se fournissait avant la guerre à plus de 55% auprès de la Russie, a déjà réduit cette part à 40% et multiplie les démarches pour trouver d'autres fournisseurs. Mais l'Allemagne n'envisage pas de pouvoir se passer de gaz russe avant mi-2024 et est fermement opposée à l'embargo immédiat sur les hydrocarbures demandé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs pays comme la Pologne.

La Grèce réfléchit à des « scénarios alternatifs » face au risque de pénurie de gaz. Et ce afin d'« assurer l'approvisionnement énergétique normal du pays ». Le ministre grec de l'Environnement et de l'énergie a ainsi annoncé mercredi 30 mars dans un communiqué avoir convoqué une réunion « extraordinaire » à ce sujet. Parmi les hypothèses envisagées, davantage de gaz liquéfié voire une reprise de la production de charbon, alors que le pays veut en sortir d'ici 2025. Athènes n'évoque néanmoins pas de réduire sa dépendance à l'énergie russe sur le long terme, contrairement à l'Union européenne qui veut diversifier ses approvisionnements.

Lire aussi 5 mnGaz russe : la Grèce réfléchit à des solutions pour palier une éventuelle pénurie

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 01/04/2022 à 2:28
Signaler
Angoisse et désastre en Europe. L'esclavage et misère au profit d'américains.

à écrit le 31/03/2022 à 21:17
Signaler
La propagande en roue libre.. en fait il est devenu inutile de lire les articles.. juste le titre et zou on zappe.. vous vous creuser votre propre tombe les médias...

à écrit le 31/03/2022 à 19:36
Signaler
Cette commission européenne est décidément dirigée par un groupe dincompetents notoires qui n'ont de cesse de se tirer des balles dans le pied avant de se faire hara kiri et d'entraîner les citoyens européens dans une situation difficile. Il est temp...

à écrit le 31/03/2022 à 17:48
Signaler
l'UE ne sait vraiment plus quoi inventer ! En plus de favoriser la pensée unique et univoque dans cette crise où ils jettent en permanence de l'huile sur le feu, ces fonctionnaires multiplient les bourdes. Comme on dit en italien, " si arrampicano su...

à écrit le 31/03/2022 à 14:10
Signaler
Et pourquoi ne pas récompenser d'une façon ou d'une autre mais notable, pas symbolique, les citoyens qui consomment le moins.

à écrit le 31/03/2022 à 13:35
Signaler
Heu...pas besoin d'une inspection pour savoir si moins de gaz nous est livré et si c'est la cause de l'envolée des cours. On mélange tout !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.