L'Etat prêt à recapitaliser EDF si nécessaire, dit Macron

Par latribune.fr  |   |  565  mots
Lors de sa visite à la centrale de Civaux, jeudi 17 mars, Emmanuel Macron a affirmé vouloir soutenir EDF dans ses projets d'investissement.
Pour le ministre de l'Economie, EDF doit résolument investir dans le projet de centrales EPR au Royaume-Uni. Il a assuré qu'une décision sur un éventuel soutien de l'Etat à EDF serait prise début mai.

L'Etat français souhaite qu'EDF lance le projet de centrale nucléaire de Hinkley Point C et recapitalisera l'électricien public si nécessaire, a déclaré jeudi Emmanuel Macron.

Le Pdg d'EDF avait indiqué la semaine dernière aux salariés que le groupe ne s'engagerait définitivement dans la construction de deux réacteurs de type EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre, que si l'Etat sécurisait sa situation financière.

Une décision début mai

"Ne pas faire Hinkley Point serait une erreur", a déclaré Emmanuel Macron à des journalistes lors d'une visite de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne), précisant qu'une décision sur un soutien à EDF serait prise "d'ici le début du mois de mai". Prié de dire quelle forme prendrait ce soutien, il a ajouté :

"La réponse sera équilibrée. L'Etat sera une partie de la réponse, soit par de la renonciation au dividende, comme nous l'avons fait cette année, soit par de l'augmentation de capital. Mais je ne veux dire ici aucun chiffre précis parce qu'il est trop tôt."

L'Etat - qui détient 84,9% d'EDF - s'est déjà engagé à percevoir son dividende au titre de 2015 uniquement en actions, ce qui évitera au groupe une sortie de cash de 1,8 milliard d'euros.

Emmanuel Macron a aussi indiqué qu'une ouverture du capital de RTE, filiale d'EDF en charge du réseau français de transport d'électricité, pourrait se faire à destination d'investisseurs publics et potentiellement d'autres partenaires, soulignant que cette opération permettrait de refinancer l'électricien.

Une augmentation de capital de 11,7 milliards d'euros?

EDF peine à boucler le financement du projet Hinkley Point C - estimé à 18 milliards de livres sterling (23 milliards d'euros environ) - alors qu'il doit aussi procéder à de lourds investissements dans le parc nucléaire français et au rachat de l'activité réacteurs d'Areva, le tout dans un contexte de chute des prix de l'électricité.

Le Pdg d'EDF Jean-Bernard Lévy a pour sa part réfuté des estimations de presse selon lesquelles EDF aurait besoin d'une augmentation de capital pouvant atteindre 11,7 milliards d'euros et a répété que le groupe comptait prendre bientôt sa décision d'investissement dans Hinkley Point C.

La visite de la centrale de Civaux a débuté par un accueil houleux réservé au ministre par la CGT, qui lui reproche d'imputer les difficultés d'EDF aux salariés et demande un report du projet Hinkley Point C.

Les syndicats contre le projet de Hinkley Point C

Les représentants du personnel de quatre syndicats (FNME-CGT, CFE-Energies, FCE-CFDT et FO Energie et Mines) ont par ailleurs quitté la séance d'un comité central d'entreprise d'EDF qui se tenait ce jeudi, "puisque l'Etat et l'entreprise maintiennent leur volonté inflexible de s'engager avec trop d'incertitudes dans le projet controversé Hinkley Point", selon leur communiqué. EDF s'est refusé à tout commentaire à ce sujet.

Les promesses de soutien financier de l'Etat interviennent quelques jours après la démission surprise du directeur financier d'EDF, selon lequel le projet représentait un trop grand risque pour le bilan du groupe alors que sa dette atteignait 37,4 milliards d'euros à fin 2015.

L'Etat français s'est par ailleurs engagé fin janvier à participer à une augmentation de capital de 5 milliards d'euros d'Areva en tant qu'actionnaires majoritaire de la société. L'opération devrait être effective début 2017.

(Avec Reuters)