"L'objectif Zéro pesticide ne se réalisera pas en un coup de baguette magique" (Julien Bayou, EELV)

Par Propos recueillis par Anthony Atangana  |   |  446  mots
Julien Bayou, porte-parole d'Europe Ecologie - Les Verts. (Crédits : DC)
A la suite de la condamnation de Monsanto aux Etats-Unis, Europe-Ecologie-Les Verts va engager une offensive judiciaire pour faire interdire en France les herbicides au glyphosate. Julien Bayou, porte-parole d'EELV, appelle à cesser les tergiversations.

LA TRIBUNE - Pensez-vous réellement que l'objectif "Zéro pesticide" en France soit possible sachant que le glyphosate fait partie des substances phytosanitaires les plus vendus en France et dans le monde ?

JULIEN BAYOU - Cela ne se réalisera pas en un coup de baguette magique car, pour les professionnels, l'agriculture est bien trop dépendante du glyphosate avant qu'on puisse envisager une quelconque suspension immédiate. Cependant, cette volonté est nécessaire pour les particuliers parce qu'on ne peut pas tolérer l'emploi de produits malveillants pour la nature et pour le bien-être humain. Il n'est donc pas raisonnable de laisser des jardiniers qui pensent détenir un bien non-toxique dans les mains, arroser autour d'eux et mettre en péril l'environnement et leur propre santé.

C'est en effet l'herbicide le plus employé au monde dans l'agriculture tant par les particuliers que par les professionnels, sur les terrains industriels comme sur les voies ferrées, et ce pour prévenir les risques d'incendies.

Quelles peuvent être alors les alternatives au glyphosate ?

Pour l'instant, il n'existe aucune substance aussi efficace que le glyphosate pour éliminer les mauvaises herbes. Mais des alternatives existent pour les agriculteurs. Par exemple, décaler son semis de quinze jours à trois semaines permet de diminuer la luminosité reçue par les mauvaises herbes. Réduire de moitié la consommation d'herbicides est tout autant envisageable.
Chez EELV, nous nous battons pour la sauvegarde de la biodiversité et contre le dérèglement climatique avec des modèles plus intelligents principalement axés sur l'agriculture écologique et l'agriculture bio.

Pourquoi les études menées par les ONG, les institutions onusiennes et les industriels sont-elles aussi contradictoires sur sa dangerosité ?

Il existe clairement un problème d'évaluation. C'est vrai qu'il est difficile de savoir qui croire sur la dangerosité du glyphosate. Les différents résultats des études menées s'expliquent car leurs méthodologies varient énormément.
Certaines étudient uniquement la molécule de glyphosate, tandis que d'autres analysent juste les produits finis. Les champs des études sont aussi différents, entre ceux qui testent la molécule in vitro, ceux qui l'essaient sur les rongeurs ou ceux qui observent  la santé des agriculteurs.
Pourtant, on peut penser que Monsanto a agi avec malveillance parce que la défense du jardinier américain Dewayne Johnson a en effet révélé des dossiers internes à la société qui prouvent clairement que l'entreprise savait à partir d'un moment que les produits à base de glyphosate, et plus spécialement le Roundup, pouvaient être à l'origine de la maladie. Le problème du glyphosate, c'est aussi l'effet cocktail des produits qui ont été mis avec.